Kernunna – The Seim Anew

Il y a 9 ans, Tuatha de Danann donnait sans qu'on le sache vraiment à cette époque son dernier souffle studio, avec un Trova di Danú quasi parfait dans le style celtic/folk metal après moins de 10 annnées d'existence et trois sorties CD. Puis en 2009 ce dernier live acoustique qui restera dans les mémoires, avant que Bruno Maia son leader ne décide de changer de cap avec un projet plus orienté rock folk progressif du nom de Braia.

Or il était écrit qu'un jour le multi-instrumentiste/chanteur reviendrait à ses premières amours, non sans abandonner ce côté prog assumé depuis. Ainsi naquit en 2012 Kernunna, reprenant une formation très proche de la dernière performance acoustique de Tuatha, et proposant ce fameux celtic rock metal qui manquait tant à ses fans... En résulte ainsi un premier opus, The Seim Anew, sorti en autoprod et uniquement outre-Atlantique en physique, disponible cependant en écoute sur le site officiel ainsi qu'en achat digital.

Rapprocher Kernunna des travaux de Tuatha de Danann sera aisé et quelque peu inévitable, même si nous le verrons ensemble quelques passages vont bien plus loin. Le côté taré fou folk propre au défunt combo brésilien se ressent fortement sur les morceaux les plus simples/tubesques de ce nouvel opus, que ce soit l'ouverture au nom même du groupe qui porte ce côté "Lover of the Queen" un poil proggisant sur le fameux Trova di Danú ainsi qu'une introduction un peu à la "The Last Words" sur The Delirium Has Just Began... (le fameux album avec la grosse faute d'anglais en son titre), morceau influent que nous retrouverons un peu sur la basse de "The Last of the Seven Ears" par ailleurs. On peut également citer le côté "folk rock" cool et direct d'un "The Keys to. Given!" façon "The Land of Youth" (toujours sur Trova), ou plus largement le côté celtic "in your face" de "Póg mo thóin" qui va fatelement titiller les origines très Skyclad du genre, à l'image également du proggisant "Curupira's Maze" qui vient frôler le Blind Guardian (quelque chose de "Fly" du A Twist in the Myth peut-être ?), faisant sourtout ressortir une grosse base de Jethro Tull, légende et point d'ancrage du style.

Car oui, le mot prog peut être lâché, et ce n'est pas sur le dernier morceau nommé que cela sera le plus évident. Comment ne pas s'empêcher de penser à Rush sur l'introduction de "Snark" ou bien même Kansas sur l'excellentissime "Dreamer" ? Arrêtons-nous d'ailleurs un instant cette majestueuse chanson qui propose des mélodies et harmonies vocales à vous faire décoller sans artifice. "I'm flying high again" qu'il est dit dans les paroles, et on ne peut pas s'en étonner. Ce morceau possède d'ailleurs tous les ingrédients qui faire rêver, pour un combo presque plus inspiré rock que metal au fond, malgré ce solo violon/tin whistle digne des meilleurs Mägo de Oz. On voyage constamment le long de ses cinq minutes... jusqu'à même y retrouver quelques musicalités très The Beach Boys, il est clair que le travail des choeurs n'y est pas pour rien et peut parfois aussi se rapprocher du travail de Freddie Mercury dans Queen.

Kenunna 2013

Kernunna se nourrit d'époques musicales très diverses ayant marqué le siècle dernier, la dernière "base" notable étant fatalement ce côté très Beatles voire Wings ou Paul McCartney en solo (le très éthéré morceau éponyme sonne comme une évidence à ce niveau), que ce soit dans le chant de Bruno Maia ou certains passages totalement venus de nulle part. On repèrera ainsi la conclusion "Ricorso", profondément torturée sur ses presque dix minutes, difficile d'accès mais qui se pose parfaitement en tant que suite de "The Wheel" qui concluait le dernier Tuatha. On y passe tellement par tous les états qu'on ne sait plus où donner de la tête (avec même un mini passage Ghost, groupe le plus hype du moment !), et c'est limite encore pire sur "The Last of the Seven Ears" qui pourtant commence presque calmement en une intro qu'Arjen Lucassen ne renierait pas sur Ayreon. Mais après, ça devient fou, en mode "Believe: It's True!" bien plus axé progressif et où tout le génie psychédélique d'un Bruno Maia facétieux viendra vous sauter aux oreilles... jusqu'à ce cri heavy black d'outre tombe en mode "nazgul" et ce break improbable aux choeurs quasi a cappella que les Platters (et les Beach Boys, oui encore) pourraient envier !

Ouf, vous l'aurez compris, ce The Seim Anew est un joyeux bordel. Peut-être à ne pas mettre entre toutes les oreilles tellement différents styles s'entrecroisent, mais c'est quelque peu à l'image de ce que nous avait habitué Tuatha de Danann sur la fin de sa carrière. Sauf que là on va plus loin, l'accroche est moins évidente sur une bonne moitié des morceaux, et les écoutes répétées parfaitement indispensables pour s'octroyer un ensemble pas forcément loin d'être un chef d'oeuvre du genre. Reste plus pour Kernunna qu'à confirmer sur la durée et voir si l'épreuve du live satisfaira les derniers sceptiques. En attendant, prenez le temps d'apprécier et laissez vous aller en une danse folklo-folle dans les forêts brésiliennes...

Note : 8.5/10

PS : A noter que cet album est fortement inspiré du roman Finnegans Wake de l'auteur et poète irlandais James Joyce, dont on entend ici la voix enregistrée en sample à deux endroits. Connaissant l'esprit décalé et sarcastique un peu cinglé du bonhomme, cela ne peut que conforter Kernunna et Bruno Maia dans leur direction musicale.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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