Rhapsody of pétard mouillé
Après la sortie d’Ascending to Infinity en 2012, 1er album de Rhapsody avec Luca Turilli seul aux commandes, c’est au tour de Rhapsody of Fire, mené par Alex Staropoli, de sortir son premier album depuis la séparation des deux leaders. Force est de constater que les idées et l’inspiration ne sont pas de la partie avec ce Dark Wings of Steel tiède, de la part d’un groupe qui semble avoir perdu sa fureur épique.
En 2013, Rhapsody of Fire revient de loin. Après la séparation du groupe en deux entités indépendantes, permettant ainsi à Luca Turilli de prendre son envol et de s’affirmer avec un Ascending to Infinity de toute beauté, c’est au tour d’Alex Staropoli de sortir un nouveau disque, Dark Wings of Steel, qui est malheureusement bien en dessous de ce qu’on est en droit d’attendre de la part du groupe.
En effet, les onze chansons qui forment cet album manquent cruellement d’imagination et de variété. Les structures sont répétitives et les titres peu imaginatifs, au regard des compositions épiques qu’a pu fournir le groupe par le passé. Ici, si la thématique fantasy persiste, les envolées épiques à dos de "mighty dragon" en quête d’une épée magique sont bien loin, en témoignent les refrains plats de "Rising From Tragic Flames", "Tears of Pain" ou "My Sacrifice", entre autres.
On remarque également un abandon quasi-total de la vitesse. Hormis la banale "Silver Lake of Tears" et la moyenne "Dark Wings of Steel", on se retrouve avec du mid-tempo par cartons entiers, ce qui n’est pas sans rappeler Triumph or Agony (2006), qui n’est pas resté dans les annales. La lenteur générale de l’album couplée au manque d’inspiration provoque inexorablement une sensation d’ennui, qui atteint son paroxysme lors de la ballade insipide "Custode di Pace".
Suite aux changements de personnel, les regards sont évidemment portés vers Roberto de Micheli, qui vient se greffer à la place de Luca Turilli, dont le son et le jeu avaient contribué à l’identité de Rhapsody of Fire. Son feeling est plus rock que son prédécesseur, avec un brin d’influences néo-classiques, notamment sur les solos de "My Sacrifice" et "Dark Wings of Steel". Malheureusement, si certains solos sont appréciables ("A Tale of Magic", "Sad Mystic Moon"), ils sont souvent peu inspirés, soit en étant banals, soit en reprenant les lignes de chant du refrain ("Tears of Pain").
Désormais aux commandes, Alex Staropoli en profite pour remettre ses claviers en avant, en se livrant à des duels avec Roberto de Micheli ou en assurant le lead sur certaines chansons ("Angel of Light"), avec plus ou moins de réussite. Aussi à la production, Alex a plus mis l’accent sur les membres du groupe et a un peu occulté l’aspect cinématique, qui semble avoir été amené par Luca Turilli. On remarque que la gestion des chœurs a été complètement repensée, si bien qu’ils priment sur la voix de l’indécrotable chanteur Fabio Lione, notamment sur les refrains d’"Angel of Light" ou "Sad Mystic Moon".
Si Dark Wings of Steel présente quelques coups d’éclat, comme l’intéressante "A Tale of Magic" ou la solennelle "Sad Mystic Moon", on remarque une baisse de régime malvenue chez Rhapsody of Fire, qui est en train de se reconstruire. Entre la gloire passée et l’avenir incertain, il est difficile de prédire si les Italiens sauront rebondir après ce faux pas malvenu.