Avec son premier album plutôt efficace et prometteur, cette jeune formation peut espérer tenir un rôle important dans l'émergence d'une nouvelle scène française Metal atmosphérique, il reste à transformer l'essai.
On a parfois tendance à résumer les groupes de la scène Metal Gothique/Atmosphérique aux clichés suivants : Tristes sires aux cheveux longs et sombres, habillés de noir, portant chaussures New Rock , chemises à jabot et possédant dans leurs rangs une damoiselle (en écrivant cela j'ai le visage de Liv Kristine qui apparaît) blonde immaculée tenant une rose (noire ou rouge) entre ses délicates lèvres.
Pourtant ce style se base plutôt sur l'expression de sentiments sombres, maussades, voire dépressifs... Parfois, le look est plutôt secondaire comme c'est le cas des membres de Cold Lands dont les clichés promotionnels montrent plutôt des jeunes gens comme vous, moi ou le voisin que vous croisez tous les jours en allant chercher votre pain, un look loin du vampire apathique que l'on peut imaginer comme chanteur de ce genre de formations.
Cold Lands est un quatuor grenoblois formé en 2010 et qui avec Inside sort son premier album (après avoir autoproduit un EP 4 titres simplement intitulé Cold Lands en 2012) disponible sur Believe Digital dans différents formats depuis le 10 octobre.
Le groupe pratique donc un Metal atmosphérique et mélancolique au parfum rock par moments et disons-le, leur album est une bonne surprise.
Nous pourrions résumer la musique de Cold Lands à trois groupes auxquels l'on pense parfois en écoutant Inside : Anathema, Katatonia et Paradise Lost, mais les musiciens plutôt que de faire du copié-collé de leurs (supposées) influences ont réussi à s'en imprégner pour créer leur propre style.
Les compositions sont soignées et plutôt accrocheuses, ce premier effort contient même un hit (si si, j'avoue écouter souvent ce morceau depuis que j'ai penché mes deux oreilles sur Inside) « When I Die » qui malgré ses faux airs de... « As I Die » ( tube de Paradise Lost mais il ne s'agit pas de plagiat cependant) est un morceau très efficace avec son refrain qui reste en tête et sa mélodie lancinante.
Des titres forts Cold Lands sait en proposer que ce soit l'inaugural « The King on the Broken Chair » et son riff assez Neo, « Inner World » qui rappelle le meilleur de Katatonia, « One Day » qui lui évoque Paradise Lost, citons aussi le assez rapide « Avenged on A New World ».
La formation sait proposer des morceaux aux refrains élégants et c'est cela qui fait sa force, en plus des déjà cités « When I Die », « Avenged on A New World » et « Inner World », nous pouvons retenir « Inner World », « One Day » « The thing » « Grave » et « Jail », titres qui finissent par rester en tête au fil des écoutes.
Les musiciens sont talentueux et appliqués à commencer par le guitariste-vocalise Alexandre Martorano qui possède une voix plutôt suave (« The King on the Broken Chair ») sachant exprimer toute la tristesse du monde en évitant l'excès de pleurnicherie cependant (« WhenI Die », « Grave » et « Jail » sont de bonnes illustrations de ce talent), on pense aussi parfois à Vincent Cavanagh comme sur le morceau qui clôt l'album « The Way » qui malgré un riff à la Paradise Lost rappelle Anathema. Citons aussi le travail effectué par le guitariste lead Guillaume Mathonnet qui signe parfois de très bons soli, notamment sur « Inner World » « One Day », « Avenged on A New World », « The Thing » ou « Jail ».
Signalons la présence de quelques guests venus enrichir la musique du groupe par leur participation, une chanteuse et un violoniste interviennent parfois et Inside voit aussi la présence de Jean Stripolli, ex-guitariste du groupe Nightmare venu prêter main forte à ses jeunes voisins grenoblois.
Mais comme tout premier effort discographique, Inside possède quelques minimes défauts que je me dois de souligner, à commencer par une certaine linéarité rythmique, un peu de « folie » à ce niveau serait appréciable à l'avenir, je me permettrais de faire la même remarque pour ce qui concerne le chant qui pourrait être plus riche en étant plus modulé.
De plus, les morceaux sont souvent construits sur le même schéma : Arpèges/Riff/Refrain et cela peut lasser à la longue. Enfin l'album comporte au moins un titre en trop, par exemple « Grave »est une power ballad assez efficace mais pas transcendante non plus, elle est surtout située entre « The Thing » et « Jail » qui se rapprochent du premier morceau cité par leur agencement et le tempo adopté, d'où encore cette impression de linéarité même si ça ne ruine pas forcément le plaisir d'écoute, au niveau ballades en revanche j'apprécie beaucoup « Cold Lands » qui retranscrit très bien l'atmosphère hivernale et mélancolique voulue sûrement par le groupe. Je trouve que « Signs » est aussi en trop, non pas que le morceau soit mauvais mais il fait un peu étirer le disque en longueurs et aurait eu une meilleure place comme face B d'un futur single par exemple.
Avec ce premier album Cold Lands prouve néanmoins qu'il a tous les acquis et qualités pour devenir le fer de lance de la scène Metal atmosphérique française (alors que nous venons d'apprendre que The Old Dead Tree ne sortira pas de nouveau disque par exemple), il lui faut juste transformer ce galop d'essai en grande chevauchée, dans des terres froides bien évidement.
Liste des titres :
1 « The King on the Broken Chair »
2 « Inner World »
3 « One Day »
4 »When I Die »
5 « Avenged on the New World »
6 « The Thing »
7 « Grave »
8 « Jail »
9 « Signs »
10 « Cold Lands »
11 « The Way »