Merci pour le... quoi ?
Et pourtant l'année 2013 avait été pleine de promesses pour ce combo "hard rock stonerisant heavyisant mais pas trop", bref gros rock 'n' roll quoi, venu de Suède.
Un très bon show sur la Mainstage 1 du Hellfest 2013, un passage à Paris fort remarqué qui avait laissé plus d'un fan sur les rotules un grand sourire aux lèvres, et donc un nouvel album que nous attendions avec grande impatience en ce début d'année 2014.
Sauf que...
Bon, on ne va pas trop spoiler l'avis final mais vous l'aurez compris : on tombe un peu de haut à l'écoute de ce Thank You for the Demon.
A la lecture de ce nom d'album, nous aurions pu croire à un déchaînement sans fin de gros son, mais disons que le soufflet retombera peu à peu au fil des titres constituant l'opus. Parce que le pire c'est qu'il commence bien, ce disque ! Deux premiers morceaux assez péchus avec des refrains qui tiennent, donc ce "Feared and Hated" (le single) au chorus original qui frôle la pop sans tomber dans mièvrerie et avec quelques grattes qui marquent. Idem pour un "Thank You for the Demon" docilement contrasté avec son intro au piano précédent un bon riffage des familles et une mélodie réhaussée d'effets symphoniques discrets mais agréables. Mais il faut ensuite tenir la route, or on passe vite de l'euphorie aux doutes avec un "From Euphoria to Dystopia" encore passable et bien heavy mais qui commence à poser quelques questions : l'inspiration est-elle au rendez-vous sur cette galette de nos amis Mustasch ?
A partir de la quatrième piste, on commence clairement à décrocher et à sombrer dans une déception plutôt ferme. Entre rythmique lourde presque doom ("The Mauler" pas foncièrement inintéressante mais qui n'atteint pas les sommets du genre) et tonalité très soft qui dégouline négativement ("All My Life" en fausse ballade qui se traine ensuite sur sept interminables minutes ou "I Hate to Dance" faussement disco/techno rock qui ne décroche aucune énergie malgré une bonne volonté de départ), on se perd peu à peu. Et que dire du final "Don't Want to Be Who I Am", certes touchant en un sens, mais difficile à digérer en ballade pseudo sudisto-blues-country (et clichée jusqu'aux corbeaux en intro) après une suite de morceaux peu revigorants.
Une tracklist assez étonnante donc où le gros du son se concentre à l'entame du CD, ce qui pose ensuite certains soucis pour des morceaux plus (trop) tendres et dont les riffs se répètent un peu entre eux ("Borderline" et la très Ozzy "Lowlife Highlands" qui auraient pu bien fonctionner... l'un sans l'autre). Sans compter un certain déficit d'accroche, un comble pour des chansons plus lentes et tranquilles. Il manque clairement quelque chose pour pleinement entrer dans l'univers de Ralf Gyllenhammar et ses amis, ce qui est dommage car le frontman (à la voix toujours aussi charismatique et variée) semble avoir pas mal de choses à raconter sur cette nouvelle sortie.
Tout ceci n'enlève en rien au talent du quatuor suédois notamment au niveau de certains arrangements intéressants, or on peut également regretter une production manquant de pêche et d'ampleur même si cela semble être voulu vu la tonalité de certains morceaux. Au final, Mustasch s'empâte et, fortement influencé par Metallica cela semble être plus que jamais une évidence, a semble-t-il voulu nous proposer ici une sorte de ReReload dépourvu de véritable mordant ; pas sûr cependant que les fans du combo soient conquis par telle offrande...
Allez, pour nous faire pardonner (ou pas) ces mots assez durs, voici une compilation des pires blagues qu'on ait pu faire entre nous sur le nom du groupe. Accrochez-vous :
- Pfff, il est barbant le nouveau Mustasch !
- Quand tu renverses ta bière, est-ce que la mousse tache ?
- Un peu rasoir le dernier Mustsch, non ?
- Ce disque de Mustasch frise l'ennui...
Bref, il fallait bien ça pour nous redonner le sourire... c'est dire ! Malgré tout, nous n'abandonnerons pas ce groupe que nous aimons bien, et espérons les revoir très vite sur scène mais aussi en meilleur forme sur CD.