Le triomphe épique
Avec son sixième album, Grand Magus fait un nouveau pas en avant dans sa carrière. Triumph and Power ne fait pas dans la dentelle et montre un groupe décidé à présenter l’album le plus épique possible, quitte à se rapprocher de Manowar au niveau du style. Si JB et sa bande ne sont plus loin de la musique des américains, ils gardent tout de même un sens de la retenue et de la classe dans leurs compos, qui font l’identité de Grand Magus.
Grand Magus, depuis l'album Iron Will, lorgne de plus en plus vers le heavy metal pour délaisser peu à peu le doom de ses débuts. Cette tendance est bel et bien confirmée avec le nouvel album des suédois, Triumph and Power. En effet, les compos sont plus concises, plus directes et le feeling général se rapproche du Manowar des débuts, pour le plus grand bonheur des fans de metal épique. Le mot est lâché et ce sentiment se retrouve à chaque seconde du disque, transportant l’auditeur dans les plaines scandinaves, au milieu des champs de bataille des vikings.
On retrouve toujours cette écriture simple et directe chez Grand Magus. Pas d’artifices de compositions, les intros sont courtes, les couplets et les refrains s’enchaînent, montent en puissance et JB peut se faire plaisir un court moment avec des solos concis et lumineux, qui sont toujours casés dans le but de servir les chansons et non pour faire une démonstration technique. Si les structures ne sont pas originales, elles permettent néanmoins de mettre en valeur l’essentiel : les riffs et les mélodies. Toujours pertinents, ils apportent puissance et intérêt à l’ensemble fort bien ficelé. Les tempos varient, le groupe captive avec des mid-tempos puissants ("Steel versus Steel", "Triumph and Power") et laisse éclater sa rage sur des titres plus rapides ("Dominator", "The Naked and the Dead"). Le metal est, bien évidemment, le sujet central du disque, mais le groupe se permet quelques digressions avec deux interludes : Arv" et "Ymer", qui renforcent l’ambiance viking de l’ensemble.
Si la charpente musicale est solide, l’aspect épique de ces compositions est notamment porté par la voix unique de JB, frontman charismatique et leader sage. Plus impliqué que jamais dans son interprétation, il varie les plaisirs en se faisant guerrier sur "Fight" ou conteur sur le break de l’épique pièce finale "The Hammer will Bite". Sans jamais en faire des caisses, il arrive à transmettre ce qu’il faut d’émotion, sans fausse note, parfois aidé de chœurs discrets, mais efficaces, comme sur l’intro d’"On Hooves of Gold" ou le refrain de "Holmgang".
Non content d’être seulement chanteur, le leader se montre aussi, comme à son habitude, bien habile à la guitare, avec des riffs fort bien trouvés et des solos toujours pertinents. A côté de lui, le lieutenant Fox donne du corps à l’ensemble avec sa basse puissante et omniprésente, à l’honneur sur les couplets de "Triumph and Power". Dans le fond, Ludwig Witt, qui signe ici sa deuxième collaboration avec le groupe, martèle ses toms avec puissance et précision, dans jamais digresser de la compo qu’il sert.
Avec Triumph and Power, Grand Magus confirme la maîtrise de son art, en servant un metal épique, à la fois guerrier et classe, sans excès ni faux pas. Ainsi, l’album est concis et solide et permet de commencer l’année 2014 sous les meilleurs auspices.