A ma grande surprise, il m'a été donné de chroniquer l'album d'Ex Libris que j'eus la joie de découvrir pour leur première date en France lors de la dernière session du H'Elles On Stage qui s'était tenu à Lyon le 5 et 6 Octobre 2012. C'était il y a si longtemps... A cette époque, nous fûmes jeunes et innocents !
De ce fait, j'eus un réel coup de cœur pour ce groupe qui surprenait tant par la qualité de la composition, même s'il n'est toujours pas évident de s'en rendre compte en live, que par leur très talentueuse soprano, Dianne van Giersbergen (aucun lien), officiant également dans Xandria depuis quelques mois, succédant ainsi à Manuela Kraller. Ça en fait des noms à retenir tout ça. Trouvant étonnant que ce groupe ne soit pas plus connu que ça, je vais m'empresser de vous faire découvrir cela au plus vite avec cet attendu Medea paru fin Janvier, succédant à Amygdala, leur première galette.
Ex Libris officiant dans un Metal Progressif très énergique, ne vous attendez pas à avoir des compositions plates comme une émission présentée par Patrick Poivre d'Arvor ! Puissance et déstructuration sont les maîtres mots de cette galette ! Notons ces longues compositions, ces sorties de gammes et autres changements d'ambiance, de rythme et de tempi, sans pour autant se retrouver dans un joyeux bazar. Nous avons plutôt à faire à une belle explosion de saveurs, d'influences diverses d'une pièce à l'autre, voir même dans un seul titre. C'est ce qui fait la force du combo : garder une cohérence du début à la fin dans une musique aussi technique n'est pas donné à tout le monde, et la dextérité de ces néerlandais leur permet de ne jamais franchir la ligne rouge et de nous perdre en route.
Bien qu'il soit difficile de sélectionner quelques morceaux qui ressortiraient plus, on sera particulièrement enthousiasmés par « On the Ocean's Command » qui, du haut de ses huit minutes, montrera une certaine énergie, mêlée à cette musique aux riffs plutôt lourds et démontrant toute la diversité vocale de Dianne, donnant un côté plus aérien. Le refrain, quant à lui, se veut très entêtant, de quoi retenir grandement ce titre. Ce n’est cependant pas sur ce morceau qu’on notera la plus grosse déstructuration, sans pour autant que celui-ci devienne répétitif. On retrouvera cette impression sur le titre « Murderess In Me » qui se démarquera également par la vélocité des riffs, la légereté de la voix, bien qu'un peu plus violente par moment et les dissonances donnent à cette piste un esprit plus opressant, notamment sur le refrain.
« Daughter Of Corinth » en est un très bon exemple. On retrouvera avec facilité ces riffs lourds, cette voix polyvalente et un côté un peu plus déjanté, déstructuré, donnant une bonne dose d'originalité.
Le quintette nous livre également « From Birth To Bloodshed » en clôture. A noter que ce titre en plus de venir fermer cet album, est le plus long (dix minutes). Une chanson qui reflète bien la personnalité d’Ex Libris. On ne va pas revenir sur les maitres-mots de cette mouture, mais on ajoutera que ce titre nous fera voyager, et on appréciera réellement les performances de chaque musicien. Le morceau se concluera divinement bien sur une note très énergique puis plus calme avec de belles arpèges à l'acoustique.
On va continuer par ce que j'aime appeler "La Parenthèse Emm... Enquiquinante". Oh non, cela ne veut pas dire que Medea soit une plaie à écouter, mais les points négatifs de l’album sont si peu nombreux qu'il est plus facile de les exposer afin d'en être débarrassés.
Quels sont-ils ? Déjà, la production fait défaut à l'oreille de l'auditeur. Une batterie un peu en retrait, tout comme les guitares, trop masquées par le chant. Ce qui est réellement dommage puisque tous les membres du groupe ont vraiment un talent fou. Ensuite, on reprochera à mi-mot la musique qui pourrait être assez complexe à appréhender à cause de la longueur des morceaux tout aussi décousues les uns des autres, disons que c'est l'inconvénient de l'avantage. On pensera au morceau d’ouverture « Medea » qui reste le moins bon de l’album car un peu trop pompeux, trop long a démarrer et un petit peu plat. Disons que comparé à ses congénères, ce titre reste en dessous. Heureusement que, pour le reste de la galette, les compositions ont été écrites très méticuleusement, évitant ainsi qu’on se perde trop dans la musique, et qu’on puisse la savourer pleinement.
Notons la performance vocale de cette impressionnante Dianne, que je vous invite à découvrir au plus vite. En voilà une chanteuse talentueuse qui nous fera naviguer entre sa voix de soprane qui n'a rien à envier à certaines de ses consœurs et sa voix de poitrine plus puissante que jamais. Elle aimera nuancer dans plusieurs registres, donnant ce petit côté déluré qui lui va si bien et ainsi, être en symbiose parfaite avec les atmosphères des morceaux. Ex Libris tient une véritable perle au chant, les compositions n'allant pas sans elle et vice-versa. Et bien entendu, elle détient un organe presque unique qu'il serait difficile de comparer avec d'autres voix du milieu. On comprend aisément que Xandria se soit tourné vers elle suite au départ de leur ancienne vocaliste.
Ex Libris reste un excellent groupe qui mérite de percer et Medea nous le démontre. Même si on aura quelques difficultés initiales à rentrer dans certains titres, car très complexes, les amateurs de Prog' qui ne sont pas contre les chanteuses, et même les autres, devraient apprécier cette petite perle. Chaque musicien est très talentueux, les compositions sont très bien maitrisées tant au niveau de l’écriture qu’au niveau du jeu. A écouter encore et encore. N'hésitez surtout pas à y jeter une oreille attentive !
Tracklist
1. Medea
2. Murderess in Me
3. On the Ocean's Command
4. My Dream I Dream
5. Song of Discord
6. A Mother's Lament
7. Daughter of Corinth
8. A Tale Told...
9. From Rebirth to Bloodshed