Attention à vous, les allemands d’Edguy sont de retour en cette année 2014. Toujours sous le label Nuclear Blast, ils nous reviennent en ce 18 avril 2014 avec leur dixième opus studio intitulé Space Police – Defenders of the Crown. Depuis plusieurs semaines, Tobias Sammet, l’infatigable frontman du groupe, nous assène de tweet vantant les qualités exceptionnelles de ce nouvel album : bombastic, good songs, heavy, etc… Autant dire rien de neuf puique le joyeux lutin à l’ego démesuré est passé maître dans l’art de la com (quelque soit l'album défendu - Edguy ou Avantasia) ! Ajouté à cela les premières impressions des médias qui vont dans le sens des dires du chef Sammet et vous vous retrouvez dans la même situation qu’avant la sortie de Age of the Joker ou bien encore Tinnitus Sanctus.
Avouons-le, ces deux derniers albums n’ont pas forcément gagné la sympathie des fans des teutons ! Jugé trop hard rock pour l’un, trop mou et prévisible pour l’autre, ennuyants… Les adjectifs négatifs sont nombreux. C’est vrai que l’on se demande encore ce qui a pris Tobias et compagnie de partir gambader dans la forêt en collants verts, sans doute une nouvelle tendance allemande ! Même interrogation vis à vis du dernier Avantasia, résolument mauvais mais défendu encore aujourd'hui bec et ongles par Tobi comme étant un album parfait. Les interrogations sont nombreuses sur la capacité du leader à créer de la qualité sans tomber dans la facilité.
Mais bref, tout ceci n’est plus d’actualité !
Accueillez comme il se doit ce Space Police – Defenders of the Crown, car oui le suspens est levé : cet album est bon !
On nous a annoncé un son à la Hellfire Club, et bien c’est on ne peut plus vrai, et ce sur plus d’un titre, mais de manière encore plus flagrante sur "Sabre and Torch", premier morceau de l’opus et premier single découvert il y a de cela quelques semaines ! Le riff d’entrée vous fera penser à… "Mysteria" ! La suite de cette chanson est un mélange entre cette dernière et "Invoke the Machine" (Avantasia – The Mystery of Time). Très heavy, les guitares hurlent, le solo d’avant refrain est à la limite du thrash (petit hommage à Slayer à un moment ?) et Tobias chante (très) haut et fort : une parfaite entrée en matière.
Les pistes suivantes sont toutes des petits bijoux de ce SP-DOTC. "Space Police" et son ambiance futuriste, ses effets de voix et son refrain encore une fois efficace et bien appuyé par les chœurs. La chanson "Defenders of the Crown" est une chanson épique (son intro là encore sur les guitares), speed avec un refrain court et fédérateur ("Here We Gooooo", "We're defenders of the crown") et où vous pourrez entendre le traditionnel "Yaaaah" de Tobias !
Quel plaisir de ré-entendre tout ça de la part d’Edguy, c’est une vraie bonne surprise de cette année 2014. A propos de surprise, cette reprise de Falco l’est tout autant. "Rock Me Amadeus" était déjà décalée à l’origine, elle s’en trouve ici quasi-sublimée, Edguy se l’est approprié de la bonne manière, le chant rapé est déstabilisant de la part d’un groupe de métal, mais comme le dit Tobias dans l’interview, l’ambiance de la chanson colle à l’esprit second degré du groupe.
Du second degré, l’album en est gorgé, à commencer par la pochette (le policier des Village People semble s'être égaré dans l'espace) en passant par certains titres comme "Love Tyger" ou "Do Me Like a Caveman". Second single émis sur le net, "Love Tyger" est une chanson rappelant la déjantée "Lavatory Love Machine", avec son refrain « t-t-tigresque », son côté glam assumé, un son sorti des 80’s, assurément un tube en live !
Une autre chanson à citer serait "The Realms of Baba Yaga", l’histoire de cette vieille sorcière est racontée dans cette chanson heavy-speed à souhait, le groupe nous démontre là encore sa maîtrise de ce style, et ça a un peu plus de corps que "Breathe", par exemple.
Cet album comporte aussi une piste épique, longue, dense et qui n’aurait pas dépareillé sur un opus d’Avantasia : "The Eternal Wayfarer" et son clavier très Sabatonien. Tobias nous emporte dans ce voyage musical jusqu’à l’explosion du refrain : "Bringing the age, countdown to zero, chasing the afterglow, ohohoh" ! Cette chanson comporte plusieurs passages très habilement imbriqués qui, mis bout à bout, forment un ensemble massif pour clôturer d’une jolie manière ce brulôt (et vous faire oublier les dernières compositions molles à rallonges du sieur Sammet).
Alors, évidemment que cet album n’est pas parfait, on retrouve l’inévitable ballade, portant ici le titre "Alone in Myself" et qui reste fade. Mais si l’on compare à l’odieuse "Sleepwalking" (Avantasia – The Mystery of Time) ou l’horrible "Every Night without You" (Edguy – Age of the Joker), elle pourrait sembler excellente. Deux autres chansons un cran en dessous de celles précédemment citées ("Do Me Like a Caveman" et "Shadow Eaters") complètent le tableau (bleu) de cette dixième offrande d’Edguy.
Que retenir ? Space Police - Defenders of the Crown est un subtil mélange entre Hellfire Club et Rocket Ride, deux très bons albums d'Edguy, rempli d'humour, d'autodérision et de sons heavy speed metal qui font la marque du groupe.
Si l’on compare cet opus aux dernières productions Sammet, il mériterait 15/10. Si l’on prend du recul et qu’on l’apprécie en tant que tel, à savoir comme un agréable retour aux fondamentaux, où les guys semblent heureux de jouer, où Tobias chante juste et où l’on peut dénombrer plus de bons titres que de mauvais, cela donne un très bon 8/10, décerné avec plaisir (comme quoi il faut toujours espérer). Edguy is back, qu’on se le dise ! Rendez vous aux concerts, qui promettent encore une fois d’être géniaux.