Xandria – Sacrificium

Xandria en aura marqué plus d'un avec la sortie de Neverworld's End. Considérée désormais comme la pierre angulaire de leur discographie, cette galette aura surtout été le moment de révélation d'une formation plus inspirée que jamais, mais aussi du talent certain de la frontwoman Manuela Kraller … qui, aujourd'hui, n'est plus dans l'équipage du navire allemand. Quelle ne fut pas la surprise lorsqu'en Novembre 2013, la chanteuse décide de prendre le large vers de nouveaux horizons musicaux. Premier défi pour le groupe, trouver une remplaçante à la hauteur. Venue au pied levé pour prendre la relève, Dianne Van Giersbergen a déjà prouvé toute l'étendue de son talent dans son autre formation Ex Libris. Seconde mission : offrir à l'auditoire un digne successeur à la cuvée 2012 devenue leur symbole. Les couleurs froides laissent cette fois-ci place à des teintes plus chaudes, bienvenue dans l'univers de Sacrificium où un phénix, symbole de mort et de résurrection, est placé au centre de la couverture.

Globalement, la recette n'est pas si différente de celle employée sur la précédente réalisation. Le metal symphonique est toujours de rigueur, tranchant radicalement avec les quatre premiers efforts de la formation pour marcher à présent sur les traces d'un Nightwish. Ainsi, point de déstabilisation à prévoir. Le terrain est connu, et, pour ainsi dire, prévisible. En effet, les diverses compositions présentées ici ne nous surprennent jamais réellement, restant trop ancrées dans des schémas vus et revus. On le sait, il n'est possible de se démarquer dans une telle marée que par une qualité bien supérieure à la concurrence ou à une prise de risque qui donne envie de s'intéresser à la formation osant prendre une voie bien moins sécurisante. Avec la bouteille et les années de carrière de Xandria, on se doute bien que les titres n'auront rien d'amateur. C'est vrai, le professionnalisme est de mise du début à la fin de cette offrande. En revanche, le pilotage automatique, lui, n'a pas été oublié non plus.

Concrètement, les ficelles du disque passé fonctionnaient grâce à l'ambiance épique dégagée par les pistes. Et quand le quintette germanique tente de reproduire cette formule dans Sacrificium, la réussite n'est que partielle. Il est ainsi possible d'accoucher de morceaux réussis, ou à l'inverse, de vieux plats au goût de réchauffé. Ce second cas de figure se retrouve notamment sur « Dreamkeeper », sonnant un peu comme « Forevermore » de Neverworld's End, mais en beaucoup moins bien. Et déjà que l'originale n'était pas excellente, son clone n'en devient que plus insipide. Si les pistes ne suivent pas les traces du disque précédent ou des bien connus finlandais, c'est vers Epica que l'on se tournera : que ce soit les chœurs des premiers morceaux « Sacrificium » et « Nightfall », certaines intonations de la voix de Dianne rappelant Simone (flagrant sur « Our Neverworld »), cette nouvelle influence collant à la peau des allemands n'est pas là pour jouer en la faveur du combo qui se démène tant bien que mal pour offrir de bons titres sur un plateau en argent factice.

Xandria

Xandria of Fire

L'ensemble est un parcours en dent de scie alternant entre des moments prenants et de l'ennui, empêchant Sacrificium de devenir un opus essentiel pour le genre. Les qualités sont pourtant bien là pour briller : déjà, la nouvelle chanteuse Dianne Van Giersbergen est tout aussi compétente que Manuela Kraller et chante avec beaucoup de grâce, donnant davantage de cachet aux chansons, mêmes les moins inspirées. Dommage que certaines des lignes de chant manquent de folie, et ne laissent pas la jeune néerlandaise s'exprimer comme il se doit. Car lorsqu'elle montre toute l'étendue de ses capacités, comme les superbes envolées lyriques de « Stardust » ou « Until the End », la frontwoman convainc qu'elle est le choix idéal pour prendre la relève. Et quand Xandria s'essaye aux longues pistes, cela donne des pièces de l'envergure d'un opener puissant et entraînant tel « Sacrificium », ou une ballade sachant utiliser sa durée pour gagner en puissance et se sublimer, du nom de « The Undiscovered Land ». La galette est très loin d'être à jeter et ne manque pas de bons moments, mais ceux-ci sont entachés en côtoyant des « Dreamkeeper », « Come With Me » ou « Our Neverworld » ennuyeux au possible. Mention spéciale à « Betrayer », tentant de singer « Soulcrusher » sans l'inspiration de celle-ci, et ce malgré l'excellente interprétation de Dianne.

Sacrificium représente donc une facette moins plaisante de Xandria. Celle d'une formation en roue libre et peinant à se renouveler, à trouver de nouvelles idées intéressantes et à retrouver le brio de l'album qui a porté le groupe au sommet. Et pourtant, il subsiste des instants jouissifs, et le recrutement de cette nouvelle chanteuse est un choix plus que judicieux tant elle assure le rôle comme il se doit. Mais cette nouvelle mouture peine à rallumer la flamme qui jadis faisait briller le combo de milles feux. Ce qui est assez ironique avec l'imagerie portée sur cet élément. Il va falloir retravailler tout cela afin de revenir plus en forme que jamais. Et vu le talent dont le quintette est capable de faire preuve, il est possible d'y croire.

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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