Sur La Grosse Radio, on aime bien vous parler de la scène française qui regorge, comme partout ailleurs j'en suis persuadé, d'artistes intéressants et créatifs. Et qu'en est-il de Wyld, alors? Cette jeune formation, formée en 2011, n'hésite pas à afficher ses influences, d'Alice in Chains à Down, mais aussi Black Label Society, Black Sabbath ou Clutch. Voilà de quoi mettre l'eau à la bouche, d'autant plus que le quintette délivre cette année sa première livrée, répondant au nom de Stoned, dont on imagine aisément que le patronyme attribué à cette galette est un bon indicateur du style musical pratiqué. Tout cela est bien beau, mais qu'en est-il réellement de cet EP? Révélateur d'un nouveau talent ou œuvre à l'intérêt limité?
Ce qui est certain, c'est que la musique composée par les cinq musiciens ne s'embarrasse pas de fioritures quelconques et mise avant tout sur l'efficacité grâce à son côté accrocheur. Le groupe abat ainsi cette carte plus d'une fois mais n'hésite pas, fort heureusement, à incorporer d'autres ingrédients à la mixture, offrant ainsi un résultat bien plus diversifié et personnel. S'il est vrai que Wyld n'est pas foncièrement original dans son approche, et que les inspirations du combo sont rapidement identifiables, il faut reconnaître au groupe un réel savoir-faire, leur permettant d'écrire des titres matures, aux refrains imparables. L'aspect catchy et rock est souvent contrebalancé par une certaine lourdeur et des accents stoner, et la maîtrise de cette dualité joue très clairement en faveur des cinq parisiens. Chacun peut donc, selon sa préférence, trouver son compte dans les morceaux écrits par la formation, qui devra cependant fournir encore quelques efforts pour trouver une personnalité plus affirmée. Ceci dit, il ne s'agit que d'une première réalisation, cette identité a donc largement le temps de se forger au fur et à mesure des années et expériences.
Born to be Wyld
Un avantage de ce format quatre titres est de ne proposer aucun temps mort, et d'éviter toutes longueurs gênantes. Les morceaux défilent donc sans accroc et l'ennui se retrouve ainsi exclu de la fête. D'autant plus que l'énergique « Venomous Poison », placée en ouverture, est idéale pour se faire une idée du répertoire proposé par Wyld. Ce titre est également un bon moyen de découvrir le chant de Raphael Maarek, solide et maîtrisé. En effet, celui-ci n'hésite pas à varier son interprétation au gré de lignes de chant fluides. Et bien que certains aigus restent perfectibles, il est plaisant de constater tant de professionnalisme de la part du frontman, ainsi que du reste des musiciens. Même la production, point qui fait souvent défaut aux jeunes formations, est tout à fait convaincante. Quant aux pistes, si aucune ne se démarque particulièrement des autres, celles-ci parviennent à se faire apprécier pour leurs qualités distinctes, et leur bonne tenue de route. L'atmosphère stoner plus poussée de « Just Another Lie » est un contrepoids intéressant à la directe « Venomous Poison », et permet de constater la maîtrise du groupe dans ce domaine. Quant à « Stoned », la dimension heavy rock reprend le dessus, où le travail des guitares est plus qu'appréciable. Léger bémol sur le refrain, où les intonations de Raphael, un peu trop poussives, peuvent se révéler exaspérantes sur la longueur.
Avec Stoned, Wyld offre une carte de visite qui donne envie de poser une oreille sur leur travail dans un format longue durée. Le groupe ne devrait avoir aucun mal à trouver un public grâce à cet opus travaillé, aux titres bien ficelés et entraînants. Bien sûr, certains éléments restent à améliorer, les points positifs méritent eux aussi d'être encore plus creusés, mais il est clair que les nombreuses qualités dont le combo fait preuve nous permettent d'affirmer sans craintes qu'on tient ici un groupe très prometteur. Affaire à suivre, donc!