Kerry King, guitariste de Slayer

" Pourquoi avoir un disque d'une heure dont la moitié est nulle à chier ?"
 

A l'occasion de la sortie de Repentless, Kerry King, guitariste et membre fondateur de Slayer, a accordé une interview à La Grosse Radio. Il y évoque le processus créatif de l'album, qui est le premier à sortir depuis le décès de Jeff Hanneman. Remonté à bloc, le thrasher ne mache pas ses mots pour défendre son nouveau bébé.

Bonjour Kerry et merci de nous accorder cette interview. Vous avez travaillé pendant 4 ans sur Repentless. Comment fait-on pour gérer cela ?

Le processus de création de cet album a été étrange dans le sens où les deux-trois dernières années n'ont pas été tumultueuses, mais sûrement pas normales. Donc nous avons dû aller au-delà de ça, nous mettre sur Nuclear Blast, trouver un nouveau producteur pour ce remettre sur pied.

Comment cela s'est-il passé avec Terry Date ?

Je l'adore. Je ne le connaissais pas avant, mais je le connaissais de réputation, notamment grâce à Pantera, Deftones, Soudgarden… Tout s'est bien passé avec lui. Il me faut quelqu'un que je respecte, comme ça, s'il me demande de reprendre un riff pour la 29e fois, je ne lui en colle pas une ! Et il s'en est bien sorti. J'aimerais bien le prendre pour nos prochains albums, je pense que ça lui plairait aussi, donc s'il est libre quand on se mettra à faire un autre album, pourquoi pas ? Nous avons déjà 6 chansons des sessions de Repentless qui sont prêtes, il ne manque plus que les paroles, donc elles pourraient se retrouver sur le prochain album.

Repentless est le premier album sans Jeff Hanneman, qui nous a quitté en 2013. Qu'est-ce que ça fait ?

J'ai remarqué, sans vouloir le rabaisser, que j'enregistrait déjà les parties rythmiques tout seul depuis les années 90 et que ça faisait un moment qu'une bonne partie des idées venaient de moi dans ces albums. J'avais déjà pas mal bossé, mais je n'ai jamais eu à faire un album entier tout seul. Donc ça me hantait, mais avec le bon temps imparti, sans être pressé, ça s'est plutôt bien déroulé. Il n'y a que "Piano Wire" qui a été écrite par Jeff. On l'avait enregistrée pour World Painted Blood (2009) et on l'a réenregistrée avec Paul [Bostaph, batteur] et Tom a refait le chant. "Atrocity Vendor" a aussi été enregistrée à cette époque.

Slayer Kerry King

Penses-tu utiliser Gary Holt à l'écriture à l'avenir ?

Oui, la porte est ouverte. J'y ai longtemps pensé dans ce disque. Je pense que la meilleure chose à faire pour Repentless était de le faire jouer ses parties leads sans qu'il ait à écrire, pour garder l'identité de Slayer dans un premier temps. Je pense que ça l'a aidé à contribué à l'album d'une certaine manière, même s'il n'a rien écrit. J'ai quand même fait en sorte qu'il fasse le plus possible partie du processus d'enregistrement.

Comment s'est passé l'enregistrement avec lui ?

Nickel ! Il est arrivé, a travaillé sur 6 ou 7 chansons, moi, j'étais resté dans ma chambre d'hôtel pour fignoler quelques trucs, comme des paroles, et quand je suis revenu à la fin de la journée, c'était bon ! J'avais cru que ça lui prendrait plusieurs jours !

Repentless entretient la tradition des albums courts chez Slayer. Dis-nous en plus.

Au milieu des années 90, les groupes ont commencé à remplir les CD pour dire aux gens qu'ils en avaient pour leur argent. Nous l'avons un peu fait, mais je me suis dit : "A quoi ça sert d'avoir une heure de musique quand la moitié est nulle à chier ?" C'est comme ça que je suis revenu aux albums avec lesquels j'avais grandit, qui n'avaient pas plus de dix chansons.

Nous avons trois chansons réenregistrées dans cet album, qui était déjà sorties : "Atrocity Vendor", "Implode" et "When the Stillness Comes". Pourquoi ?

Je voulais qu'elle fassent partie de l'album, même si les gens les connaissaient déjà. Du coup, comme on a tout enregistré en même temps, on les a mises dans le lot. Ça me rappelle l'époque du tape-trading, où les gens avaient les démos avant que l'album sorte. Du coup, ils ont les chansons qu'ils connaissent dans une version différente. Pour "When the Stillness Comes", on a une nouvelle intro clean et une nouvelle ligne de chant de Tom et pour "Atrocity Vendor", les paroles ont changé, comme l'intro et certains leads. Je ne les vends pas comme les nouveautés, les gens ne sont pas trompés sur la marchandise.

"When the Stillness Comes" n'est pas le type de chanson que tu as l'habitude d'écrire. Dis-nous en plus.

En fait, Jeff écrivait les chansons plus ambiantes et moi les plus bourrines. On marchait comme ça. Tu vois le riff d'intro de "When the Stillness Comes" ? Il a 20 ans et je n'en ai rien fait jusqu'à présent, parce que ce n'était pas nécessaire à l'époque. Il a fallu que je m'y mette, déjà parce que Jeff n'écrira plus jamais, et aussi parce qu'il fallait une chanson dans cette ambiance. "Pride in Prejudice "est aussi dans la même veine, elle a été finie au dernier moment, je pensais qu'elle irait dans les chutes, mais Tom a insisté pour qu'on la garde, du coup il a écrit les paroles lui-même.

Qu'est-ce qui t'a inspiré dans les paroles de cet album ?

Pour "Repentless", j'avais déjà le refrain en tête, mais je n'avais pas de direction donnée. Des idées me sont venues ça et là. L'idée du titre de l'album est de rendre hommage à Jeff. Il n'a jamais été un repenti, jusqu'au jour de sa mort. C'est comme un hommage. J'ai essayé de montrer aux gens la manière dont je le voyais, sans rentrer dans le côté personnel. Je pense que les fans vont aimer, ça donnera un autre point de vue. Il y a quelques chansons, notamment "Take Control", qui établissent aussi le fait qu'on est toujours Slayer, aucune ambiguité là-dessus, les refrains le montrent bien. C'est aussi un lien entre Slayer et ses fans. Dans "Vices", on a "Violence is the ultimate drug, let's get high". C'est un moyen de montrer qu'on est uni en tant que groupe, et aussi avec les fans.

Slayer

Parlant de relation avec les fans, comment te sens-tu à propos de la prochaine tournée avec Anthrax et Kvelertak ?

Cela fait des années qu'on a pas fait de tournée en tête d'affiche en Europe, avec tous les festivals, seulement quelques dates, comme Paris l'été 2014. On jouera quatre ou cinq chansons de Repentless, donc on pourra présenter tout ça aux fans. J'ai déjà aussi pris quelques chansons qu'on n'a pas joué depuis des années.

Cela me fait penser que vous n'avez pas sorti d'album live depuis Decade of Aggression. Comptez-vous en faire un autre ?

Je comprends que cela fasse plaisir aux fans, mais à notre époque, j'ai du mal à trouver ça pertinent avec Youtube. On trouve plein de concerts filmés de manière professionnelle, je ne parle pas des vidéos filmées avec un téléphone, mais des concerts comme le Wacken, de bonne qualité. Du coup, à quoi ça sert de faire un DVD ou un album live ?

 

Devinez qui sera bientôt en interview vidéo sur La Grosse Radio Metal... #thrashdanstonfroc

Posted by La Grosse Radio Métal on lundi 1 juin 2015

Photos : © 2015/2014 Nidhal Marzouk
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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