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" Le vrai défi est de remplir cette poignée de minutes avec quelque chose d'engageant et de bon en soi."
Nous avons pu nous entretenir avec Ihsahn pour évoquer plus longuement son sixième album studio Arktis, qui est l'opposé presque direct de son prédécesseur Das Seelenbrechen, qui lui même était très différent de Eremita. Ce troisième entretien en quelques mois devrait permettre au lecteur d'avoir une compréhension plus globale de la démarche de ce norvégien à la créativité débordante.
Bonjour Ihsahn, c’est un vrai honneur de t’interviewer encore une fois. Ironiquement, les circonstances de la dernière fois où nous nous sommes croisés étaient plutôt chaotiques, puisque c’était pour ton concert à Londres le 14 novembre 2015… C’était un très bon concert, ceci dit.
Ihsahn : Tu sais, j’ai vraiment apprécié ce concert moi aussi, même si… Il y avait une atmosphère très étrange. Et je suppose que toute personne allant à un concert ou jouant ce jour-là a ressenti la même chose.
C’est certain… Bon, passons à un sujet moins morbide ! Comme tu l’as déclaré dans la presse, disons qu’Arktis est très différent de Das Seelenbrechen. Il semblerait que, depuis que tu as commencé à enregistrer de la musique, chacun de tes albums est vraiment différent, et cela vaut aussi pour Emperor. Est-ce que tu te lasses de ta musique après l’avoir enregistrée ?
Eh bien, oui, ça m’arrive parfois ! Je suppose que j’ai toujours eu une forme de curiosité, cette volonté d’explorer de nouveaux territoires en musique est dans ma nature. C’est d’ailleurs probablement ce qui m’a mené au black metal dès le départ. Vois-tu, quand nous avons commencé Emperor, le black metal tel qu’il est connu aujourd’hui n’avait pas de contours définis. Il s’agissait avant tout de repousser les extrêmes de la musique, au-delà des limites que nous connaissions déjà. Mais ne crois pas que je dis ça pour me lancer des fleurs ! [rires] Je veux dire, ce n’est pas parce que je suis comme ça que je ne respecte pas les musiciens qui restent sur le même format musical, et qui en font le cœur de leur travail. Comme Lemmy par exemple. Il est devenu une icône justement parce qu’il n’a jamais changé pendant toute sa carrière ! [NDLR : Il semblerait qu’Ihsahn ait oublié Hawkwind.] Il a gardé son assise ainsi. Mais d’un autre côté, si tu prends David Bowie, c’est une icône tout aussi importante, mais pour la raison exactement inverse. Il a gardé son intégrité en tant qu’artiste tout en ayant été un véritable caméléon pendant toute sa carrière.
Est-ce que Bowie est un modèle pour toi ?
Absolument ! Je veux dire, j’aime Motörhead, AC/DC et tous ces groupes qui, d’une certaine manière, restent dans le même registre. Mais concernant ma propre vie artistique, j’aimerais plutôt avoir une carrière dans la veine de Prince ou David Bowie. Bowie changeait en permanence, et appréciait l’excitation procurée par de nouveaux sons, de nouvelles formes d’expressions. Et c’est plus ou moins ça qui m’a poussé à faire de la musique, en fait. De nos jours, j’ai la chance de pouvoir me permettre ce luxe, et particulièrement depuis que je suis en solo : je peux vraiment faire tout ce qui me passe par la tête ! Changer ma routine, changer d’approche et de formule à chaque album me permet de maintenir une forme d’excitation par rapport à l’ensemble du processus. Et je crois qu’être excité et vraiment enthousiaste par ce que je fais est le seul moyen qui me permette de tenter de faire un album qui vaut la peine d’être écouté. Si je sortais un album sonnant plus ou moins comme des choses que j’ai déjà faites, que je sais appréciées du public, avec un cadre prédéfini, je ne pense pas que ça marcherait. Et particulièrement dans ce type de musique, je suis convaincu que les fans le sentiraient. Ils n’en seraient conscients, mais ils sentiraient que ce n’est pas authentique. Et je crois que les gens sont attirés par ce type de musique justement parce qu’ils veulent quelque chose d’authentique.
Tu as aussi déclaré qu’il y avait une approche très old school sur Arktis. Et de ce fait, on pourrait
plutôt le rapprocher de Motörhead et Judas Priest. Quels artistes ont inspiré cet album selon toi ?
Ce serait difficile de pointer précisément tel ou tel artiste. Das Seelenbrechen était un album bizarre, et en réaction à ça, j’ai voulu me rapprocher de la formule traditionnelle d’écriture pop/rock. Parce que c’est avec ça que j’ai grandi : Iron Maiden, Judas Priest et tous ces groupes des années 80 qui ont créé la majorité de leur répertoire avec cette formule très simple. Mais tu sais, un album expérimental avec un format musical libre n’est pas une chose facile à juger pour les gens, car il n’y a pas de schéma directeur décrivant l’intention de l’artiste. C’est pour ça que c’est un vrai défi d’écrire des chansons dans le format traditionnel, parce que le public a des références, ils savent vers quoi tu te diriges au départ, et c’est plus facile de déterminer si l’artiste a réussi ou non. C’est une formule simple, mais toute la difficulté est de remplir ces quelques minutes avec quelque chose d’engageant et de bon en soi. Pour moi, chaque album consiste à relever un défi, et faire de mon mieux.
D’un autre côté, l’album a aussi quelques moments très modernes, particulièrement la chanson « South Winds ». Je sais que tu apprécies les artistes rebelles comme Kanye West, donc je me suis demandé si tu essayais toujours de provoquer avec ta musique ?
Très honnêtement, pas du tout ! [rires] Je crois que pour moi, la provocation était un objectif avant même qu’Emperor ne soit formé ! Tu vois ce que je veux dire : faire de la musique, et se délecter que les gens soient choqués par ça. Depuis, ça n’a jamais été mon intention, même quand je me suis tourné vers la musique expérimentale. Je suis tout à fait conscient que certains puissent être choqués par Das Seelenbrechen, mais ça n’a jamais été pris en compte quand j'ai composé cet album. « South Winds » a eu exactement le même point de départ que les autres chansons de Arktis : je bidouillais un synthétiseur et j’ai trouvé cette ligne de basse assez simple. J’ai aimé ça, et j’ai voulu construire l’ensemble de la chanson sur cette idée. Et j’ai travaillé de cette manière sur toutes les autres chansons. Si tu prends par exemple « Until I Too Dissolve » très inspirée par les années 80, elle est elle aussi construite sur ce riff de guitare. C’est comme ça que je voulais faire cet album, et si « South Winds » est ainsi, c’est juste parce que l’idée de départ est née avec une ligne de synthé.
La dernière chanson de l’album comporte des éléments de spoken-word par un poète norvégien. Si je ne me trompe pas, c’est la première fois que tu incorpores ce genre de choses dans ta musique. C'est une bonne chanson, pourquoi l’avoir mis en bonus ?
Voilà toute l’histoire : un auteur local qui s’appelle Hans Herbjørnsru a pris contact avec moi pour que j'écrive de la musique pour un festival de littérature qui porte son nom. L’année dernière, le thème du festival était centré sur la poésie de Tor Ulven. J’ai moi-même lu du Ulven, et ça m’avait beaucoup inspiré par le passé. Du coup, Hans et moi avions un terrain sur lequel nous pouvions nous retrouver. D’ailleurs, Hans a connu Tor Ulven personnellement, puisqu’il doit avoir dans les 70 ans aujourd’hui. Et tout cela a résulté en cette performance au festival, où Hans lisait du Tor Ulven, et j’ai joué cette musique pendant sa lecture. Et j’ai donc aussi fait une version studio, avec une prise vocale enregistrée pendant une répétition. Je suis plutôt content du résultat, notamment parce qu’il a une manière très particulière de clamer sa poésie et de lire à voix haute. Je me suis dit que c’était une bonne chanson bonus, parce qu’elle est très différente du reste de l’album. De fait, cette chanson nous ramène presque vers Das Seelenbrechen.
Est-ce que tu pourrais brièvement résumer ce qu’il dit ? C’est évident quand on parle norvégien, mais pas pour le reste du monde !
Je crois qu’il y a quatre ou cinq différents poèmes là-dedans, certains sont vraiment courts. C’est très abstrait, donc c’est des choses comme : « les cendres dans le cendrier, comme un volcan »… Ce genre de choses ! [rires]
Il est connu que tu aimes lire de la philosophie, et particulièrement Nietzsche. Est-ce que tu vois un parallèle entre la philosophie et ta musique ?
[soupir] Non ! C’est plutôt mon intérêt pour la musique qui m’a amené à lire ce genre de choses. Tu sais, je ne suis pas un érudit sur ces sujets. Du tout. J’ai beaucoup de plaisir à lire Nietzsche et d’autres philosophes dans lesquels je reconnais ma propre vision des choses. Ces gens sont bien plus intelligents et réfléchis que moi ! [rires] Ils ont réussi à mettre de belles expressions et des perspectives sur des choses sur lesquelles j’ai moi-même réfléchi et médité. C’est inspirant, tout comme les photos de Fridtjof Nansen que j’ai utilisée pour la pochette de Arktis. Je veux dire, sa décision d’explorer le Pôle Nord est une attitude on ne peut plus black metal quand on y réfléchit. Il y a quelque chose de très symbolique dans tout cela, tu vois : s’aventurer dans cet environnement froid et hostile, vers un but inconnu et VRAIMENT sans prendre le chemin le plus facile, en renonçant au confort et toute cette sorte de choses. Il ne reste que l’enthousiasme, et l’état d’esprit de l’explorateur. Il faut aussi énormément de courage pour faire une telle chose. C’est inspirant, et en même temps une belle leçon d’humilité.
Je dirais que, la plupart du temps, tes paroles sont chargées d’émotions, mais aussi autobiographiques. Est-ce que tu penses qu’écrire des paroles est une catharsis pour toi ?
Oh oui, je pense bien. Pour moi, écrire des paroles est toujours une lutte. La musique me vient plutôt naturellement, mais je n’écris des paroles que par pure nécessité ! [rires] Je ne suis pas le genre de personne qui pourrait poser des mots comme ça, regarder un film et écrire quelque chose dessus juste après, tout comme je suis incapable d’écrire quelque chose d’impersonnel. Je dirais même que c’est très difficile pour moi de faire des paroles qui ne soient pas personnelles. Mais en même temps, je n’aime pas faire des paroles qui soient trop égocentriques. Donc j’essaye d’écrire avec des images et des scénarios qui, j’espère, tendent vers une perspective plus étendue, pour éviter de faire des paroles « trop proches », si tu veux. Après, il y a des thèmes qui reviennent, comme le doute envers soi-même, la colère, s’opposer à ce que tu considères comme injuste… Ce sont des émotions simples vers lesquelles on revient souvent.
Tu as explore beaucoup de territoires avec ta musique, et tu continues de le faire avec Arktis. Mais est-ce qu’il y a un genre vers lequel tu n’as VRAIMENT pas envie d’aller ?
Eh bien, je n’ai jamais pu supporter le reggae ! [rires] Je crois que j’arrive à comprendre pourquoi on peut aimer le reggae mais l’atmosphère de cette musique ne me touche pas. Ca ne me fait absolument rien.
Donc tu te sens plus proche du hip hop que du reggae, par exemple ?
Oui, totalement. Tu as mentionné Kanye West, par exemple. Même si c’est un être humain extrêmement difficile à apprécier en tant que personne, sa musique… Je veux dire, beaucoup de groupes de black metal d’aujourd’hui auraient du mal à être moitié aussi courageux et rebelle que lui. Il pourrait y avoir quelque chose à creuser là-dedans. La plupart des mecs du milieu hip hop n’ont rien à foutre du politiquement correct, il y a bien plus de bras d’honneur que dans le metal. En quelque sorte, je trouve que la scène metal actuelle manque un peu de cette attitude.
Tes trois premiers albums forment une trilogie autour de la lettre A. Est-ce que tu considères que Eremita, Das Seelenbrechen et Arktis sont aussi une trilogie ?
Pas du tout, ce sont des sorties bien séparées. Mais je suppose que ces albums sont des conséquences directes de cette première trilogie. Je crois que j’ai commencé avec les racines sur mon premier album solo, pour atteindre une sorte de pallier musical à la fin de After. Et je dirais que même s’ils sont différents, Eremita a continué ce qui a été commencé sur After. Mais après ça, j’ai senti que j’avais beaucoup élaboré autour de la guitare 8 cordes et le saxophone. C’est pourquoi j’ai voulu remettre les paramètres à zero et faire un album délibérément très différent le coup suivant. Et encore une fois, j’ai fait quelque chose d’autre sur Arktis.
Je suis désolé, j’ai une question sur Emperor. Anthems to The Welkin at Dusk va avoir vingt ans l’année prochaine. Je ne vais pas te demander s’il y aura une reformation parce que tu as été clair sur le sujet. Mais…
[il me coupe] Pas nécessairement ! [rires] Je suppose que ma réponse générale après la dernière tournée reste « il ne faut jamais dire jamais ». Il y a toujours des offres pour qu’Emperor fasse quelque chose. Et maintenant que je suis allé aussi loin dans ma carrière solo, avec six albums, en dix ans, ce qui est d’ailleurs aussi long que le temps passé avec Emperor quant tu regardes… Nous avons fait une reformation en 2006, puis j’ai entamé ma carrière solo, des concerts solo… Puis une nouvelle reformation d’Emperor, et d’autres concerts solo après ça. Je veux dire, je me sens très privilégié de pouvoir faire les deux. Et nous avons vraiment passé d’excellents moments lors de ces reformations, tous ces gars sont des amis… Aujourd’hui, je suis au-delà du point d’avoir besoin de séparer les deux. J’arrive à un niveau de recul où il est plus facile de voir ma carrière dans le metal comme un tout, plutôt que des entités séparées… Soyons lucides, c’est fou à imaginer pour quelqu’un qui vient de Norvège, jouant une des musiques les plus extrêmes, d’avoir commencé sa carrière comme ça et d’avoir la possibilité de se consacrer à cette passion pendant si longtemps… Je veux juste prendre mon pied, et en profiter tant que je peux le faire ! En fait, le point le plus important à considérer pour moi pour une reformation d’Emperor, si ça se présente, est mon état d’esprit sur scène. Je veux dire, quand je suis sur scène, je suis dans un état d’esprit très spécial, et la musique que je joue est indifférente : que ce soit Emperor ou mon projet solo, je ressens presque la même chose.
J’avais aussi une question technique à propos d’Anthems. Je crois que In The Nightside Eclipse a été enregistré live, sans click. Est-ce que ça été le cas sur Anthems ?
Oui, exactement de la même manière : live, directement sur bandes.
Quels sont tes souvenirs les plus vivaces de cette période de ta vie ?
C’est assez difficile à dire… Déjà, c’était une époque assez turbulente, vu que les autres membres n’ont pas été toujours présents ! [rires] Je ne sais pas, c’était il y a si longtemps… Je suppose que mes souvenirs de l’époque de Eclipse sont plus vivaces, parce que c’était vraiment une ambiance d’une période où ta vie est en train de changer : aller en studio pour enregistrer ton premier album. Mais nous sommes retournés dans les mêmes studios pour Anthems, and j’ai des souvenirs disparates d’un peu tout. Je me souviens de moi orchestrant tout, utilisant des séquenceurs, faisant les pré-productions dans mon propre studio, explorant une palette plus large de son, ce qui nécessitait un travail d’adaptation.
Pour finir, qu’écoutes-tu en ce moment ?
Qu’est-ce que j’écoute ? Eh bien, j’ai eu une sorte de phase retro ces derniers temps, avec Abba par exemple. J’ai pas mal écouté le dernier album de Ghost aussi, j’ai beaucoup aimé. Après, j’ai pas mal écouté les albums auxquels j’ai participé : The Congregation de Leprous, le dernier album de Trivium… Je vais aussi devoir beaucoup écouter les Beatles, parce que j’ai un autre projet prévu dans l’institution musicale dans laquelle je travaille. Ca ne sera pas enregistré ceci dit.
Entretien par Tfaaon (Facebook)
Remerciements aux personnes ayant proposé leurs questions
ENGLISH VERSION
Interview with Ihsahn, the black wizard of metal
" The big challenge is filling those few minutes with something engaging and good in itself. "
Hello Ihsahn, it is a true honour to interview you again. The irony is last time I saw you was in quite chaotic circumstances, since it was at your gig in London on the 14th of November 2015, the day after the attacks in Paris… It was a great gig though.
Ihsahn : You know, I really liked that gig as well, even though… It was a very strange atmosphere… And I guess everyone being at a gig or playing a gig that day felt that vibe.
Yeah… Well, let’s jump to something a little less morbid, shall we ? As you stated in the press, let’s say Arktis is quite different from Das Seelenbrechen. It seems ever since you started recording music, each of your albums is quite different, and that includes the Emperor days. Are you often bored of work after it done ?
Well, sometimes, yeah ! I guess I always had a curiosity, the will to explore new areas of music is in my nature. It was probably that which led me to black metal in the first place, because, when we started Emperor, black metal as it is known today was not a defined thing. It was more a matter of pushing the extremes of music beyond what we knew already. And this is not me trying to blow my own trumpet as they say ! [laughs] I mean, it’s not that I don’t respect the musicians sticking with a format, and making it their body of work. Like Lemmy for instance. He became an icon because he did not change throughout his entire career. (EN : Looks like Ihsahn forgot Hawkwind.) He was solid like that. But as the same time, if you look at David Bowie, he is just as big as an icon, but for the exact opposite reason. He maintained his integrity as an artist in spite of being a total chameleon throughout his whole career.
Is Bowie a model for you ?
Absolutely ! I mean, I appreciate Motörhead, AC/DC and all these bands who kind of stick to their guns. But for my own artistic life, I would rather aspire to a career in the vein of someone like Prince or David Bowie. Bowie was in a constant change, and enjoyed the excitement of new sounds, new expressions. That is kind of what turned me on to music in the first place, and now I’m in this very fortunate position which allows me to maintain that luxury. And especially now that I’m a solo artist, I can do whatever the hell I want ! Changing my routine, changing the approach and the formula for every album is what keeps me excited about the whole process. And I think being excited and truly enthusiastic about it is the only way I could attempt to make an album that is worthwhile listening to. If I threw together an album, sounding more or less like the stuff I know people liked from me before, even if doing it perfectly, with a special set of rules, I don’t think it would work. Especially in this type of music, I think fans would know. They wouldn’t be aware of it, they would sense it’s not for real. And I think people are attracted to this type of music because they want something that is for real.
You also said there is a strong old school feel on Artkis. And it may bring the album closer to Motörhead and Judas Priest than David Bowie in that sense. Which artists inspired that album according to you ?
I think it would be very difficult to pin-point one or several artists. Das Seelenbrechen was a weird album, and as a counterpart to that, I just wanted to embrace the traditional pop/rock formula of songwriting. Because that’s what I grew up with : Iron Maiden, Judas Priest and all these 80’s bands who created the majority of their material within this very simple formula. But you know, a free-form experimental album is not an easy thing to judge for people, as there is not blueprint of what the artist's intention was. There is a certain challenge in making songs put in the tradiotionnal format, because people have a reference, they know what you are going for to start with, and it’s easier to make a assessment wether you succeeded or not. It’s a simple formula, but the big challenge is filling those few minutes with something engaging and good in itself. For me, every album is about giving myself a challenge, and just doing my best.
On the other hand, the album has some very modern cuts, especially on « South Winds ». I know you like rebellious artists like Kanye West, so I was wondering if you’re still trying to provoke with your music.
Well, not at all, honestly ! [laughs] I think the whole provocation thing was a focus even prior to Emperor. You know : making music and loving that people are shocked by it. Now, this has never been my intention, even when I was doing experimental music. I know very well that people may be shocked by Das Seelenbrechen, but that is never part of the process of me making something like this. « South Winds » had basically the same starting point as the others songs : I was playing around with a synthethiser and I came up with that basic bass line. I liked it, so I wanted to build the entire song on that idea. And I did it on all the songs. If you take the very 80’s inspired « Until I Too Dissolve" : it’s also built around that one guitar riff. That’s how I wanted to make this album. If « South Winds » is like this, it’s just because the main idea was started on a synthethizer riff !
The last song on the album features a spoken-word performance of a poet. To my knowledge, you never incorporated such elements in music before. I think it's a good song, why did you put it as a bonus track ?
Well here is the whole story : a local author called Hans Herbjørnsru approched me to do some music for a litterature festival that is arranged in his name. Last year, the theme of the festival was the poetry of Tor Ulven. I had read some of Ulven’s work and found it very inspiring in the past, so me and Hans had some common ground. Hans also knew Tor Ulven personally, since he is in his seventies now. And we ended up performing this as he read some Tor Ulven, and I had made some music for that. I also made a studio version with his vocals recorded from rehearsals. I think it came out pretty good. He has a very particular way of recitating poetry and reading out loud. I thought this was a good bonus track, since it’s so different from the rest of the album. Actually, that track almost gets us back to Das Seelenbrechen.
Could you sum up what he’s saying ? It’s obvious for Norwegians, but not for the rest of the world !
I think there are four or five different poems in there. Some of them are really short. It’s also very very abstract, so it’s stuff like : « the ashes in the ashtray, like a volcano »… It’s that type of thing ! [laughs]
It’s known that you are keen to read philosophy, and especially Nietzsche. Do you see a parallel between philosophy and your music ?
[sighs] NA ! It’s rather my interest in music that led me to that kind of reading. You know, I’m not a scholar on these things. At all. I find great pleasure in reading Nietzsche and some other philosophers or thinkers where I kind of recognize my own views on things. These are much smarter and toughtful people than me ! [laughs] They managed to put really nice words and perspectives to similar things I’ve been pondering. It’s inspirational, just like the Fridtjof Nansen pictures I used for the artwork of Arktis. I mean, his doing in exploring the North Pole is quite a black metal attitude. There’s something very symbolic about it, you know : venturing to this cold, harsh environment, towards an undefined goal and REALLY not taking the easy way out and not settling for comfort or anything. There’s only enthusiasm and the explorer’s state of mind. And the bravery to just do such a thing. It’s inspirational, and very humbling as well.
Most of the time, I would say your lyrics are quite emotional, and also autobiographic. Do you think writing lyrics works as a catharsis for you ?
Oh yes, I think so. For me, lyrics are always a struggle. Music comes rather naturally to me. But lyrics are really something I do out of pure necessity. [laughs] I’m not the kind of person who could put down some words just like this, like watching a movie and writing a lyric based on that, or something impersonal. It’s very hard for me to not make them personal. But at the same time I don’t want to make them very self obsessed. So I intend to write in images and scenarios that, hopefully, are more applicable to a broader perspective, to avoid making them « too close », if you will. There are recurring themes in the lyrics, like self doubt, anger, standing up for what you feel is injustice… These are the basic emotions you come back to.
You’ve explored a lot of territories in your music, and Artkis is still breaking new ground on that matter. But still, do you think there is a musical genre in which you REALLY would not want to go ?
Oh, I never could stand reggae. [laughs] I kind of understand why some people can like reggae, but the atmosphere of this music just does not resonate with me. It does absolutely nothing for me.
So you would feel closer to hip hop than reggae ?
Oh yes, very much so. Just as you mentionned : Kanye West. Even if he is an incredibly hard human being to like as a person, but his music… I mean, I think most black metal acts today would find it hard to be as half as courageous and « fuck it all » as he is. There may be something worthy in here, you know ? I mean, a lot of these hip hop guys don’t give a shit about political correctness, they’re with so many more many more middle fingers than metal bands. I find the current metal scene kind of lacking in that attitude.
Your first three albums form a trilogy based on the letter A. Do you consider Eremita, Das Seelenbrechen and Arktis as a trilogy as well ?
Not at all, they are very seperate releases. But I guess they are direct consequences of the first trilogy. I think I started out with the roots on the first solo album, with reaching some sort of musical platform by the end of the third album. And I would say that, even though they’re different, Eremita kind of continued what was started on After. But after that I felt that I elaborated quite a lot around the eight string guitar and saxophone type of expression. That’s why I wanted to reset the parameters and very deliberately doing a totally different album on the next step. And again, I went for something different for Arktis.
I’m sorry, I’ve got one Emperor question. Anthems will be 20 years old next year. I’m not going to ask about a reunion because I think we all know the answer. But...
[he cuts my phrase] Well, not necessarily ! [laughs] I guess my general answer after the last tour remains « never say never ». There are always offers for Emperor to do something. And now that I’ve been this far into my solo career, with six albums for a ten year period, which was the time spent on Emperor if you look at it... We did a reunion in 2006, then I did my solo career, some solo shows. Then again some Emperor shows and solo shows after that. I mean, I feel very priviledged that I get to do both. And we had such a good time doing those Emperor shows, all the guys are friends… Right now, I’m beyond the point of feeling the need to separate the two. I’ve come to a comfort level where it’s easier to see my career in metal as a whole, rather than separate entities. Let’s face it, it’s crazy to imagine for someone from Norway, playing some of the most extreme music, who started out like that and being able to devote to this passion for such a long time. I just want to enjoy it, and make the most of it ! I think the most important aspect for me to consider about reuniting Emperor, if it comes up again, is the state of mind I’m in when onstage. When I’m up there, I’m in a very special state of mind and the material I’m playing doesn’t really matter, as it feels very very similar when I play Emperor or my solo stuff.
I also had a technical question about Anthems. I think Nightside was recorded live without any click. How was it done in the same way for Anthems ?
Yes exactly : live, directly on tape.
What are your most vivid memories from this period of your life ?
It’s hard to say really. First, it was very turbulent time, since all members were not present at all times ! [laughs] I don’t know, it was such a long time ago. I guess my memories from the Eclipse time are more vivid, because that was such a life changing type of atmosphere : going to the studio to record your debut album. But we used the same studio for Anthems, and I remember bits and pieces of everything. I remember orchestrating everything, using the sequencers, doing pre-production in my own studio, exploring a wider palette of sounds, and having to adapt all this...
To conclude this interview, what are you listening to currently ?
What am I listening to ? Well I had kind of a retro phase, with Abba for instance. I also liked a lot the last Ghost album. Then you have all the albums I got involved in : The Congregation by Leprous, the last Trivium album. I will also have to listen to the Beatles a lot, since I have another project coming in a musical institution I work at. It won’t be recorded though.
Interview by Tfaaon (Facebook)
Special thanks to the people who submitted their questions.