Entretien avec le groupe Hypno5e au Longlive Rockfest 2016

La Grosse Radio était en présence d'Hypno5e, au complet, dans le cadre du Longlive Rockfest à Lyon le samedi 13 mai. Une bonne opportunité d'en apprendre un peu plus sur la façon dont a été écrit Shores Of The Abstract Line, sorti en février. Nous étions donc en compagnie de Manu (guitare et chant), Gredin (basse), Théo (batterie) et Jonhatan (guitare), que l'on retrouve très décontractés et amusés après un des meilleurs concerts du festival. 

Alors déjà salut les gars ! Est-ce que vous allez bien ?

Tout le groupe : Super ! 

 

On va revenir brièvement sur votre prestation sur le clubstage du Longlive Rockfest pour commencer. Par rapport aux dernières fois où on vous a vus, votre set est beaucoup plus carré et maîtrisé. Comment expliquez-vous cette cette amélioration ?

Gredin : On a beaucoup tourné depuis la sortie du précédent album et c'est clair que ça aide à être plus à l'aise sur les morceaux. C'est comme avec Shores of the Abstract Line on a pas mal tourné depuis sa sortie en février donc on les maîtrise beaucoup mieux en live.

Manu : Ouais, et puis les nouveaux morceaux demandent aussi peut-être plus de rigueur donc ça permet de développer un jeu un peu différent que ce qu'on avait avec les précédents albums. Un peu moins rock 'n' roll en fait. Puis, on a vraiment fait beaucoup de date sur Acid Mist Tomorrow alors on a pris mal d'expérience.

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Pour parler un peu de l'album qui vient de sortir, il a reçu pas mal de bonnes critiques, même un beau 9/10 sur La Grosse Radio. Qu'est-ce que cela vous apporte en tant que groupe, et personnellement ?

Gredin : Ouais ! Ca met plus en confiance pour entrer sur scène et aller sur les stands pour parler aux gens etc.

Manu : Et puis surtout que l'album a été un peu périlleux à produire et long à sortir donc ça apporte une grande satisfaction, parce que même si l'album a été très rapide à composer et à écrire on a eu beaucoup de problèmes.

Théo : Et puis à chaque fois on était pas sûrs du résultat donc au final on en retire du positif c'est bien.

Manu : Ouais enfin y'a eu plein de problèmes humainement avec des gens et on arrivait pas à ce qu'on voulait du tout. Et du coup on s'est retrouvés à sortir un album là en février alors qu'il était écrit un an et demi avant. Alors de recommencer à chaque fois ça remet tout le travail en perspective et du coup voir et entendre les gens en parler ça redonne du sens à ce qu'on a fait aussi. Moi je lis beaucoup les critiques, pas mal de gens les lisent pas mais nous on les regarde bien donc si elles sont bonnes tant mieux ! [rire général]

Et donc en ce qui concerne ce nouvel album, vous avez fait comme les précédents en tirant des références de films, de livres etc. ?

Manu : Alors ouais. Déjà tous les textes en français sont extraits d'un film que je fais qui va sortir en 2017. Il a vraiment beaucoup influencé l'écriture de l'album donc on a extrait certains passages de dialogues de ce film là. Et après il y a d'autres choses, parce que chaque album se nourrit un peu des lectures qu'on a pu croiser, des choses que l'on entend, que l'on voit. Donc là il y a plus d'influences littéraires qu'avant et moins cinématographiques.

C'est un peu une manière d'intellectualiser votre musique alors ?

Manu : Plutôt la scénariser et créer une dramaturgie en faisant communiquer les samples ensemble. Ca a toujours été un peu fait en sorte de faire communiquer des éléments qui sont pas forcément faits pour avoir de liens entre eux à la base. Ca crée une sorte de conflit qui scénarise l'album ouais, donc on construit les albums comme on construit des films de A à Z.

Théo : Et on les intellectualise alors ou pas ?

Manu : Bah, c'est plus la musicalité, les mots, la sonorité des samples et le rythme qui sont influencés, plutôt qu'un outil de discours quoi. Après bien sûr le sens est important mais ce qui prime c'est plus... Ouais la mélodie plutôt que le narrateur.

Jonathan : Donc si un discours de Marine Le Pen sonne bien tu pourras le mettre dans un morceau.

Gredin : Ca va pas non ! [rires]

Jonathan : Ouais mais si elle est musicale ?

Gredin : Marine Le Pen musicale ? Jamais [rires]

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Et du coup comment se passent vos séances de composition de la musique ?

Gredin : Bah en fait c'est un puzzle de plusieurs riffs qu'on a collés ensemble pour créer une espèce d'unité à la fin.

Théo : Ouais des fois ça part d'un tout petit truc. Ca peut être une idée de base qui dure à peine deux mesures.

Manu : On arrive en studio avec toute une bibliothèque de structures, de riffs, d'atmosphères, d'ambiances, de clairs, de saturés etc. Des fois ça peut être structuré avant mais c'est rare.

Théo : Ca se fait sur le tas, c'est Manu qui compose tout depuis une base à la guitare et la suite arrive au fur et à mesure.

Manu : C'est pour ça qu'on aime arriver nous-mêmes dans le studio et pas avoir l'impression d'être dans un studio qui n'est pas le notre et comme ça on peut carrément tous prendre le temps de composer. Mais oui, le socle c'est les riffs.

Gredin (à Manu) : Et justement je voulais te poser une question. [rire général]. Sur « The Man At The Piano » la musique tu l'avais déjà composée ?

Manu : Je l'avais déjà composée ouais !

(Ndlr : les rires s'estompent et Théo reprend la discussion plus sérieusement.)

Théo : Non mais par rapport à cet album en l'occurrence, ouais on s'est tous enfermés à la Coloc à Avignon pendant deux semaines et voilà. Manu faisait la gratte et j'ajoutais la batterie dessus et ensuite tous les arrangements suivent.

Manu : Même au mix on est encore en train de changer des détails. Ca bouge tout le temps c'est pour ça que d'aller en studio pour le mixage ça a été une grave erreur parce qu'on avait jamais fait ça avant et on aime avoir la main mise sur tout ce qu'on fait. Tout peut bouger jusqu'à la fin donc c'est mieux de tout faire nous mêmes. 

Et en terme purement musical, vous mélangez djent, rock progressif, ambiant... d'où vous viennent ces influences ?

Gredin : Je pense qu'elles sont involontaires les influences du coup c'est difficile de dire. Manu quand il compose il essaie de justement rien écouter pour vraiment se crée sa propre bulle et faire quelque chose de nouveau.

Manu : C'est vrai que oui, de base moi j'écoute pas beaucoup de metal et mon répertoire musical est pas si étendu que ça. Alors même si il y a des influences inconscientes j'essaie vraiment d'être influencé par rien quand je compose. Même mes influences seront peut-être plutôt hors musicales dons des images, des choses qu'on a pu voir ou entendre dans nos voyages et c'est ça qui m'inspire le plus. Et puis même entre nous on est jamais d'accord sur la musique. C'est pour ça à part Pink Floyd et la musique un peu plus des années 70 qu'on a gardé sur le premier album et sinon la musique latine sur le second, dire clairement un groupe qui influence nos compos je pourrais pas.

Théo : Moi par exemple je suis intéressé par plein de groupes différents, de styles différents et ce qui m'intéresse c'est le truc qu'ils ont en commun dans l'intention, dans l'interprétation. C'est plutôt une façon de jouer qui va me plaire que ce qu'ils jouaient en soit donc à partir de là tout plein de styles s'ouvrent à toi parce que t'ouvres bien les oreilles quoi.

Vous écoutez peu de metal apparemment, donc vous écoutez quels styles d'habitude ?

Théo : Bah ce matin dans le camion on écoutait de la musique Réunionnaise, des fois on écoute de la musique Africaine ou bien orientale.

Gredin : Ce matin on écoutait Jamiroquai aussi !

Théo : Ouais toute la musique du monde en fait, même l'électro.

Gredin : Sauf le reggae ! Le reggae c'est interdit dans le camion.

C'est marrant d'en arriver à la musique que vous jouez sans écouter de metal ni même avoir d'influences de ce côté là.

Théo : C'est l'intensité de la musique en fait.

Manu : Quand on a monté le groupe on s'est pas dit qu'on allait faire du metal. On voulait faire une musique extrême dans le sens où on peut se permettre d'aller a un point à un autre sans se poser de questions quoi. Du coup on en est arrivé au metal parce que c'est un point extrême pour la violence et c'est une musique qui permet d'avoir un éventail large de styles où on peut explorer vraiment énormément de choses en restant cohérent.

Vous avez pas mal tourné aux USA et dans d'autres pays. L'accueil est différent selon le pays ?

Gredin : C'est plutôt une question de ville que de pays je pense.

Jonathan : Ca dépend, en France il y a un travail qui est déjà fait alors que quand on arrive à l'étranger, tout est à refaire à partir de zéro. C'est un peu pareil partout selon la population et tout ça. Mais moi je ressens que c'est pareil, si on avait tourné pendant dix ans aux USA  ça serait peut-être le même résultat qu'en France actuellement. Après y'a le développement par rapport à Internet et tout ça, on a quand même une base de fans un peu partout.

Théo : Mais y'a toujours ce truc où les gens découvrent, et faut voir ça comme un jeu de conquêtes un peu dans lequel on a pas encore posé nos petits pions de partout alors quand on arrive on fait au mieux pour que ce pion soit posé. Par exemple quand on est allés en Australie on a fait une date super cool dans un festival ou il y avait plein de monde et la date juste après c'était à Canberra et on a joué devant quoi, treize personnes. Donc ouais, c'est vraiment une histoire de ville.

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Quand vous êtes allés aux USA justement vous avez tourné avec des groupes d'horizons différents comme Revocation par exemple. Le public est super varié du coup non ?

Théo : Bah ce qui est cool c'est que nous on colle à plein de plateaux différents. Enfin pour le meilleur et pour le pire un peu parce que des fois on joue devant des gens et ça leur plaît pas du tout. Ca nous déconcentre un peu même des fois parce qu'ils sont pas réactifs et on les entend parler pendant les moments plus calmes. Voilà ça, ça fait bizarre des fois .

Manu : Depuis la sortie de Shores of the Abstract Line en février et qu'on a commencé à tourner en France là, on se régale par contre. Le public connaît les morceaux, il chante, il bouge c'est génial.

Des endroits où vous adoreriez jouer, ou bien que vous avez adoré sur les concerts passés ?

Manu : Une des dates que j'ai préféré pour le moment je dirais que c'était à Paris.

Jonathan : Au niveau du public c'est vrai que ça reste le top en France. Après si c'est niveau décors et paysages ou bien ce qu'il y a autour des dates de concerts, ça sera plutôt aux USA ou en Australie.

Gredin : En van c'est super beau ouais. On a eu du mal avec Poitiers sinon au début, puis c'est venu au fur et à mesure et maintenant ça marche bien [rires]. Mais au départ c'était très dur là-bas.

Manu : [Rires] Ouais on s'est même dit que c'était maudit là-bas pour nous.

Une des dernières fois où vous êtes venus à Lyon c'était à la MJC O Totem de Rilleux, en première partie de Trepalium. Le concert s'était terminé en casse d'instruments, Théo debout sur la batterie en train de jeter le matos dans le public. Vous vous êtes un peu calmés depuis non ?

Théo : [Rires] Non tout dépend de notre humeur pour les concerts en fait. Cette fois là on avait eu un souci avec un mec de l'orga qui nous l'a un peu fait à l'envers alors ca s'est ressenti sur notre set je pense, on était plus nerveux et on avait besoin de se défouler donc ça a terminé de cette manière. Mais c'est pas toujours comme ça que ça se passe.

Pour terminer, vous avez quelques projets futurs ?

Manu : Et bah déjà on va voir comment se passe la tournée quand on va partir hors Europe, puis on va essayer de se donner à fond. La dernière fois on était allé aux Etats-Unis pour aller aux Etats-Unis, on s'est pas préoccupé des plateaux et des gens avec qui on allait jouer. Là je pense qu'on va faire un peu plus attention à ça par exemple. 

Et bien c'est terminé de notre côté, merci pour votre temps les gars et à bientôt ! 

Salut, merci pour l'interview et à bientôt on espère oui ! 

Photos : Justine Cadet
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