Niko (Tagada Jones) au Motocultor 2018

"Cela fait 20 vingts que le fond reste le même. La forme change, mais on a toujours eu à coeur de parler sur l’environnement, même il y 24 ans, avec des morceaux écolos dans un contexte qui ne l’était pas du tout"

A quelques heures de leur set sur la Dave Mustage du Motocultor, Niko Jones, guitariste et chanteur du combo Tagada Jones a accepté de répondre à nos questions. Nous avons abordé avec lui des questions sur l'actualité et l'avenir du groupe, les projets avec Le Bal des Enragés et ... des sujets politiques.


Parlons un peu de cette dernière sortie. On sent qu’il y a eu un effort, notamment pour intégrer le public, car le son du live disponible sur Arte n’était pas fameux…

On avait pas du tout prévu de sortir un live. Quand tu es musicien et que tu dois enregistrer un live, tu fais toujours un petit peu plus attention aux détails, alors que là, on était présent pour faire le show au Hellfest, point. On a donc eu l’occasion plus tard de regarder cette retransmission sur Arte, et finalement, on était hyper déçu car le son était tout simplement la sortie de console (ce qui est compréhensible, il n’y avait pas de remix, c’est du live !). Quand tu fais un concert, c’est pour partager ta musique avec les gens et à notre sortie de ce live on était hyper heureux. Il y a eu un pétage de plombs collectif combiné à la masse de monde entassée dans la Warzone, le soleil qui tapait et quelques bières par dessus...tout le monde à vrillé, et cela a donné un super concert ! On était donc déçu de ne pas retrouver l’ambiance.

Les six mois qui ont suivi, on entendait plus de gens nous dire qu’ils n’avaient pas pu y assister que de gens nous dirent qu’ils y étaient. Et à ce moment là, on nous a dit que Sombrero nous proposait de récupérer les bandes, notamment le multi-piste, qu’ils n’avaient, en fin de compte, même pas utilisé. On a trouvé cette idée intéressante, puis en avril on a acté la décision de sortir ce live, et tout s’est fait en quinze jours, le mix, la pochette, et pour cause : on voulait le sortir pour la date du Hellfest ! Ce n’était en aucun cas prémédité.

C’était aussi justement notre interrogation : pourquoi le Hellfest ? Mass Hysteria avait choisi l’Olympia, beaucoup d’autres groupes profitent aussi de leur passage en salles pour enregistrer des lives. Comment s’organisent-on lorsque cela se fait en festival, ne serait-ce que pour apposer le nom Hellfest ?

Et bien du coup on a demandé, tout simplement à l’organisation. On a pris le téléphone, et dans la foulée, ils nous ont répondu que cela leur faisait super plaisir qu’on le fasse. Cela nous a pris à peu près...3 minutes (rires). Sombrero nous ayant donné le droit d’exploiter l’enregistrement, on est partit en studio et hop ! Surtout que lorsqu’il y a beaucoup de gens qui crient et qui chantent, cela facilite le mix. Pendant les morceaux, on entends bien les gens chanté, c’est très différent de ce qui était proposé sur Arte. Mais encore une fois, c’était sur une sortie de console, la batterie était un peu moins forte, c’est fait pour sortir sur des piliers.

On a quand même été agréablement surpris lorsqu’on a écouté pour la première fois ce qu’il y avait sur les pistes. Le mix a été très rapide. A la fin du premier jour, on savait déjà ce à quoi le mix allait ressembler.

Tagada Jones au Hellfest en 2017 sur la Warzone...Le Bal Des Enragés au Hellfest en 2019 sur la Warzone ?

Ecoutes, on ne dit pas non ! Avec le Bal Des Enragés, on fête les dix ans, donc dix dates en salles, tout cela étant déjà calés pour avril. Après on fera quelques festivals, mais vu le nombres de groupes engagés dans le Bal, le planning est toujours difficile à mettre en place. Ce ne sera donc pas la même tournée qu’en 2016, on fera pas mal de festivals, comme le permettra nos planning, et si le Hellfest nous propose de venir et qu’on est dispo, on le fera avec plaisir, c’est clair !

Dix dates en salles...mais aucune en Bretagne ?

On risque de faire déjà pas mal de festival en Bretagne…

Et si vous pouviez choisir une salle en Bretagne…

On travaille avec pas mal de monde en Bretagne. Il y a La Carène (Brest), qui a été fidèle au Bal et qui est vraiment accueillante, Le Stereolux à Nantes, L’Etage à Rennes, quoique cette dernière ne propose pas une vue splendide aux spectateurs (la salle est en forme de long couloir NDLR). Il y en a beaucoup des belles salles en Bretagne, on n’est pas lésé, mais c’est vraiment parce que beaucoup de festivals sont déjà bouclé que l’on ne fera pas en plus un show en salle.

Revenons un peu sur La Peste Et Le Choléra, album centré sur la politique de l’époque. Qu’est ce que le gouvernement actuel t’inspire ?

La Peste Et Le Choléra lui est dédié indirectement. On avait composé ces morceaux là à la fin du Bal, en été 2016. On savait que l’album sortirait au moment des élections (d’où le titre). A la base, il y avait Fillon-Le Pen qui était en vue, après Macron a pris la place de Fillon, mais au final, c’était exactement la même chose. Le titre La Peste Et Le Choléra parle justement de ces choix cornéliens, ici en France, ou encore les migrants, coincé entre le feu de Daesh et celui de Bachar Al-Assad, on en avait plein d’autres des exemples comme ça.

L’album était dédié à la politique, parce que le contexte était politique. Si on devait sortir un album aujourd’hui, on aurait des tonnes de textes inspirés de la politique de Macron. Dans Tagada Jones, les valeurs sociales nous tiennent à coeur.

Et dans les sujets qui vous tiennent à coeur, il y en a d’autres que la politique actuelle ? Je pense à Cargo notamment, qui était centré sur une cause environnementale.

Au moment de la sortie de La Peste Et Le Choléra, on a fait d’innombrables interviews où les gens nous disaient que c’était l’album parfait, que l’on avait visé juste, etc… Je les arrêtais tout de suite en leur disant que cela fait 20 ans que le fond reste le même. La forme change, mais on a toujours eu à coeur de parler pour l’environnement, même il y 24 ans, avec des morceaux écolos dans un contexte qui ne l’était pas du tout, cela ne se faisait pas dans le monde punk, on s’est même fait littéralement chier dessus. Le contexte a changé, et les gens voient aujourd’hui qu’ils se sont fait berner.

Il y a 24 ans, lorsqu’on a commencé, la situation sociale n’était pas la même, la jeunesse n’avait pas ce côté désabusé et déçu totalement de la politique. On vit une époque où les jeunes ont rapidement pris conscience des choses et il y a un refus de leur part d’en rester à cette ancienne façon de faire, une envie de dégager tout ça qui va forcément générer des choses positives. L’écologie, la mentalité, l’industrie : tout le monde commence à s’adapter. Les gens sont capables de faire changer les choses.

Tout ça pour dire que j’ignore totalement sur quoi j’aurais envie d’écrire au moment de commencer le nouvel album. Je le fais toujours au dernier moment. Pour La Peste Et Le Choléra, j’ai écrit les paroles en août-septembre 2016 et début octobre, on enregistrait. Je n’éprouve pas de difficulté pour écrire, donc cela ne m’inquiète en rien. En tout cas, ce ne sera probablement pas avant fin 2019, et il peut s’en passer des choses sur lesquels j’aurai envie de rebondir.

Tu n’échappera pas à une petite question sur les 25 ans de Tagada Jones (Niko est pensif : “put*** on est des vieux…”) : avez-vous prévu une tournée avec une setlist spéciale ? Et que retiens-tu de la scène française après ces 25 années d’expérience ?

L’année prochaine va être particulière. Il faut tout de même garder à l’esprit qu’entre la sortie de l’album en mars 2017 et décembre de cette année, on aura fait autour des 190 concerts. On doit être un des groupes français qui tourne le plus au niveau des dates. On aura fait parfois 3 ou 4 concerts dans les mêmes villes et alentours. On s’est donc dit qu’il valait mieux faire des concerts “événement” : forcément, il y en aura moins, mais ils seront spéciaux. Et cette idée se marie avec le Bal Des Enragés qui fêtera ses dix ans l’année prochaine. On va partager notre temps entre le Bal et Tagada Jones, et parfois jouer en même temps, comme ce sera le cas sur le festival On n’a plus 20 ans !, ou à La Cigale (Paris). On ne fera pas de concerts dans des clubs.

Pour ce qui est du renouveau de la scène hard rock/punk en France, je voudrais surtout mettre en avant les groupes qui chantent en français. La nouvelle génération réagit face à ce qui est diffusé en boucle dans les gros médias, avec des groupes dont les paroles ne signifient rien, c’est tout simplement nul, il faut le dire (rires). Et bien nous, ou d’autres groupes comme No One Is Innocent récupérons cette partie de jeunes déçue par ce qu’on leur propose musicalement. On ne peut pas nous reprocher d’avoir changé de direction artistique en fonction de la mode. De plus, on a des paroles engagées, et beaucoup de jeunes s’engagent aujourd’hui, dans toutes sortes de causes, et de fait, se reconnaissent.

Il y a aussi d’autres groupes, comme Ultra Vomit, qui ne sont pas dans un style engagé, mais qui prouvent bien que les quelques groupes qui osent chanter en Français sont mis sous les projecteurs, parce qu’on est très peu nombreux. Mass Hysteria a toujours été le chef de file, jusqu’à ce que Ultra Vomit arrive, ils sont plus gros aujourd’hui, faut être réaliste. Peut être que cela va générer un renouveau, avec pleins de groupes qui chanteront en français dans 10 ans.

Merci à Niko de Tagada Jones et à Séverine de Rage Tour
Interview réalisée par Jérémie et Arnaud



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