Interview avec Godsized
Motocultor Festival, Theix.
Musiciens interviewés :
Effon (batterie)
Neil (guitare)
Par Katarz
Katarz : Salut à vous et merci pour cette interview très Black Metal dans les bois ! Tiens on va faire un essai audio. Tu peux dire quelque chose ?
Effon : Quelque chose.
Katarz : Merci. Bon alors laissez-moi vous raconter un peu l'histoire du festival où vous vous trouvez actuellement. Il a été créé par des gars qui voulaient se retrouver en tête d'affiche mais comme, à les entendre, la musique qu'ils faisaient n'était pas terrible, ils ont crée un festival pour pouvoir y jouer. Et pour vous, ça a commencé comment ?
Effon : Bon alors nous on faisait de la musique pas terrible non plus et on pensait pouvoir jouer nulle part. (Rires) Alors on a tenté certains festivals...
Neil : Non, alors on a vraiment eu du bol parce que c'est Zack Wylde de Black Label Society qui nous a découverts et qui a aimé ce que nous faisions et il nous a dit : « Oh les gars, ça vous dit de jouer en France ? »
Katarz : Vous avez fait deux dates en France avec Black Label Society : une à Paris et une à Clermont-Ferrand. Comment vous l'avez vécue la tournée « Uranium » ? Paris par exemple...
Effon : Ahh ! Paris a été l'une des meilleures dates de toute ma vie, probablement la meilleure.
(NDLR : Neil boude et conteste.)
Effon : Non, sérieux, en Pologne le concert était énorme mais la foule était meilleure à Paris. On est arrivés en ferry, on a pas dormi et on était de mauvaise humeur, on a du escalader trois étages pour aller se changer dans les loges, et alors qu'on essayait de se reposer un peu, on s'est dit : « Mais qu'est ce que c'est que ce boucan ? » Et c'était la foule qui attendait dehors, dans la rue et qui était en train de gueuler. On l'entendait jusque dans la salle. Quand on a déboulé sur scène ils étaient déjà complètement chauds. C'était fou. Le meilleur concert...
Katarz : Et quel genre d'expérience c'était que de jouer avec Black Label Society ?
Effon : Un rêve devenu réalité, un rêve dont on aurait jamais cru qu'il arriverait.
Neil : C'était génial parce que Zack Wylde est quelqu'un que tout le monde aimerait être. Il est original, gentil, drôle, et il nous a super bien traîtés. Il nous a emmenés boire le dernier soir, lui-même ne buvait pas (sauf du café), mais nous on a fait beaucoup de dégâts. (Rires) L'expérience en elle-même a été grandiose, la manière dont le public nous a accueilli et nous a parlé après les concerts, c'était magnifique.
Effon : BLS ont été très gentils avec nous. Zack, tout le monde... Nous on pensait que personne ne nous accorderait du temps et en fait ils se sont super bien occupés de nous, on a bien parlé... Zack est vraiment quelqu'un d'adorable.
Katarz : Et est-ce que Zack est si gentil qu'il vous a donné un coup de main pour sortir votre premier album, autoproduit ? (Rires)
Neil : En fait Zack a entendu nos deux premiers E.P., et il les a aimés. C'est ces deux E.P. qui sont ensuite devenus notre album. On lui en a fait une copie en backstage d'un festival anglais et il a aimé. Au début on pensait qu'il nous proposait juste de faire une tournée en Angleterre avec lui, mais il a dit « Non, non on part en Europe ». (Rires)
Katarz : Mais je devine que vous ne pouvez toujours pas vivre de votre musique malgré cette tournée monumentale.
Effon : (Rires) Tu devines juste ! C'est assez triste. N'importe quelle personne qui travaille dans l'industrie de la musique te dira aujourd'hui que c'est devenu impossible. Tant de gens ont encore ce préjugé que les rock stars voyagent en limousine ou en hélicoptère. C'est pas vrai. Vivre de la musique est devenu extrêmement difficile de nos jours.
Katarz : Ouais en fait vous vous traînez en bus pendant 14 heures pour arriver ici...
Neil : Oui on a quitté Londres à 4 heures du matin. On est arrivés sur le festival à 6 heures du soir...
Katarz : Ah, avec mes huit heures vous m'avez battus...
Neil : Ha ha ha !
Katarz : Donc vous n'avez pas encore vu de groupes ?
Effon : En réalité je n'ai aucune idée de qui sont ces gars là. J'ai regardé un extrait. Et on m'a dit qu'on va faire une interview au milieu de la forêt. Et ça c'est metal !
Katarz : Et qu'est-ce que vous écoutez à la maison ?
Effon : Black Sabbath, Led Zeppelin, Van Halen, AC/DC. Ce sont des valeurs sûres qui tournent toujours dans nos lecteurs.
Katarz : En CD ou Cassette ?
Effon: En Vinyl. (Rires) On est rétro. Non je crois que parmi les nouveaux trucs j'aime beaucoup Graveyard. Ca sonne tellement vieux mais la qualité de la production est excellente.
Neil : Je suis à fond dans Led Zeppelin. J'aime aussi le bluesy black'n'roll de Saint Jude.
Katarz : Comment vous décrivez votre musique ? Pour moi ça sonne comme du bon vieux Hard Rock avec des influences Stoner, Blues ...
Effon : Ouais t'as tout dit !
Katarz : Et puis vos riffs sont très accrocheurs et faciles à retenir...
Effon : On fait de l'easy listening c'est pour ça.
Katarz : Du lounge. (Rires)
Effon : Attends, je viens de réaliser que le groupe qui passe là, ils sont en train de jouer "Domination" de Pantera. T'entends ? (NDLR : A ce moment là on vient de perdre Effon).
Neil : Oui on a une base Hard Rock, avec beaucoup d'influences metal et blues... Il y a beaucoup d'éléments dans notre musique mais nous on essaye d'aller un peu à contre courant de ces groupes actuels qui essaient tous de faire quelque chose de plus lourd, de plus brutal.
Katarz : Heavy veut pas dire Brutal.
Neil : Exactement.
Effon : Glen chante en voix claire. En réaction à certains autres chanteurs qui se limitent à des voix criées. Nous on a grandi sur des disques qui ont beaucoup de mélodies et du coup on recherche aussi beaucoup de musicalité dans nos compositions.
Katarz : Glen se repose la voix actuellement. Mais je vais quand même vous poser la question sur les paroles qu'il compose. Est-ce qu'elles parlent de vos expériences de la vie ?
Neil : Glen écrit la plupart des textes, tantôt tirés de ses expériences, tantôt des nôtres en tant que groupe.
Effon : Il m'a dit récemment quelque chose sur la manière dont il écrit. Il essaie, même si ce qu'i écrit le touche personnellement, de garder une ambiguité sur le contenu du message, de manière à ce que le maximum de gens se retrouvent dedans, ou que cela ait un écho en eux.
Katarz : Diriez-vous que vous avez eu des vies difficiles avant de jouer dans Godsized ?
Neil : Non. (Rires) Mais ceci dit j'ai grandi dans la banlieue de Londres.
Effon : C'est super chiant de s'organiser pour travailler le jour et tourner le week-end...mais je ne crois pas que ce soit une vie difficile ! J'ai grandi dans un village au milieu du caca de vache, pas dans une cité barre. Je m'ennuyais un peu et je n'avais que la musique à vrai dire.
Neil : Chacun a des moments difficiles, tant financièrement que sentimentalement... et Glen les retranscrit.
Katarz : Pensez-vous qu'il faut souffrir pour créer de la grande musique ?
Effon : Aaah !
Neil : C'est une question intéressante, comme faut-il vivre une histoire d'amour pour écrire une love song, faut-il être en colère pour écrire du heavy... (rires)
Katarz : J'écris toujours que des questions de merde. (Rires)
Effon : Non ! C'est une excellente question ! Si tu observes certains groupes tu te rends compte qu'ils ont composé des chefs d'oeuvre dans les moments les plus difficiles... et aussi il est vrai que parfois quand tu touches le fond, ça crée le besoin en toi d'écrire à propos de quelque chose.
Neil : Je suis d'accord. Mais je crois que les plus grands groupes ont composé ou écrit sur des sujets qui touchent le plus grand nombre.
Katarz : Ca veut dire quoi « Godsized » ? Parce que moi je ne connais que Kingsize .... (Rires)
Neil : Ha ha ha ! De Pantera ! Et cela veut dire que nous sommes au niveau des Dieux ! C'est très arrogant de notre part mais on aime bien ce nom. Quand tu vas jouer sur scène tu as intérêt à assurer, c'est pour nous le rappeler.
Effon : Les gens vont croire qu'on est des mecs arrogants. Au moins personne n'oubliera le nom « Godsized ». Ce qui est sûr c'est que l'on ne portera jamais des manteaux de fourrure et des colliers en or 24 carats comme Barracuda. On s'appelerait « Blinksized » n'empêche ce serait cool. (Rires)
Katarz : Vous avez joué devant des publics de combien de personnes ?
Neil : On a joué devant devant 5.000 personnes au Download Festival l'an dernier. Et cette année pareil, en Angleterre, devant 5.000 personnes. C'était avec Black Label. Je peux t'assurer que quand tu as 5.000 personnes devant toi ça te calme.
Effon : Je suis toujours nerveux avant d'aller sur scène et c'est bon signe, ça te donne de l'énergie. Si tu ne ressens rien cela veut dire que cela ne signifie rien pour toi. Mais pour revenir à la taille du public, les français étaient les meilleurs alors que la salle n'était pas très grande.
Katarz : Attendez de voir le Motocultor ! Qu'avez-vous appris aussi de tous ces grands groupes avec lesquels vous avez joué ? AC/DC, Aerosmith, Megadeth, BLS...
Effon : Black Label est un bon exemple. Quand tu es en backstage avec un groupe comme ça, tu apprends vite ce qu'est le professionalisme. Ce qui importe, c'est de voir comment tu te comportes, si tu es capable de déballer, de remballer rapidement en respectant les timings... Nous on croyait être déjà bons à ça. Et le premier soir de la tournée de Black Label on a halluciné. Ils nous en ont mis plein la vue.
Neil : Oui c'est impressionnant de voir comment ils prennent tout au sérieux. Le moment où tu montes, tu descends de scène, tu fais ta promo... Ce qui est génial à propos de Zack Wylde, c'est qu'il est toujours labellisé Black Label Society.
Katarz : Ha ha ha !
Neil : Non sérieux il a toujours un truc Black Label sur lui ! On a tourné avec lui pendant six mois et il ne s'est pas passé une seule journée sans qu'il ait sur lui le marcel BLS, le Bermuda BLS, des bas de jogging...
Effon : Des bottes ! Je parie que quand il va se coucher il a des pyjamas Black Label ! (Rires)
Katarz : Parlons un peu de ta manière de jouer de la batterie. Tu es plutôt vitesse ou puissance ?
Effon : Quand t'es gamin tu tabasses sur ta batterie. Puis tu apprends à te calmer. Si tu écoutes John Bonham, il jouait à deux mille à l'heure, saignait des mains et détruisait sa batterie. Il sonnait si bien. Tu dois apprendre ton art. Et il n'y a pas de-'alternative à la pratique. J'ai pas eu de leçons alors je m'entraîne je m'entraîne...
Katarz : Je vois ça. Tu as un pansement au coude, tu auras pas mal pour jouer ?
Effon : Non ça c'est arrivé dans ces bois, j'ai combattu un ours à mains nues !
Katarz : Ha ha ! Vous répétez souvent sinon ?
Neil : Oui, tout le temps que nous ne sommes pas en train de jouer, on répète. On a deux manières de procéder : soit Glen va apporter des chansons toutes faites et nous on va peaufiner. Ou alors on va composer plus progressivement, à partir d'un bon riff, tous ensemble.
Katarz : La production sur ce nouvel album autoproduit, Godsized, est très bonne! Comment l'avez vous financé au final ?
Neil : Grâce à la boisson Jagermeister. Ils nous ont offert des bouteilles avant chaque concert, et nous ont aidé financièrement. Les labels pour nous c'est impossible pour le moment parce qu'ils te prennent des commissions. Donc nous avons décidé de nous autoproduire, de faire les choses à notre sauce.
Katarz : Et les vidéos officielles ? Elles sont géniales !
Effon : La première est pro, tournée dans une sorte de boucherie. Et la seconde c'est un projet d'étudiants vidéastes, qui nous ont demandé de réaliser notre clip pour un devoir et en réalité le résultat est énorme.
Neil : Je sais pas quelle note ils ont eue. J'ai peur pour eux. Leur professeur a dû dire que le clip est bon mais que la musique c'est du bruit.
Katarz : Quels sont les autres groupes Anglais dont vous êtes fiers ?
Effon : Il y a un héritage énorme de la part des groupes des années 70 dont Led Zeppelin, Black Sabbath. Mais j'aime aussi les débuts des Scorpions, Focus des Pays-Bas...
Neil : Il y a pas mal de groupes bien en ce moment comme Saint Jude...
Katarz : Comment vous conciliez votre vie privée avec ce temps que vous passez en tournée ?
Effon : C'est une question que l'on se pose que depuis l'année dernière et les deux autres membres ont des enfants donc ce n'est pas facile pour eux. Tu dois toujours payer les factures donc on doit garder nos boulots et s'organiser comme on peut.
Neil : On a pas le choix, c'est le seul moyen d'avoir un peu d'argent de notre passion, c'est la tournée, les t-shirts, la musique que vous achetez... Mais je crois toujours que tu ne choisis pas d'être un musicien, si tu es musicien c'est que tu as ça en toi. J'ai ce besoin en moi. Il y a tellement de grands groupes qui faisaient la manche pendant un moment avant de percer...
Katarz : Et vous mangez des patates.
Neil : Avec du Jager. (Rires)
Effon : Jagermeister nous a tellement aidés, faut dire qu'ils ont nettement plus de moyens que les labels metal. C'est une telle aide. Tu n'imagines pas.
Katarz : J'aurais tellement aimé continuer mas il faut qu'on arrête... Un dernier mot pour les français ?
Neil : Merci d'être tellement géniaux avec nous, à chaque fois qu'on vient et je vous jure que nous avons très envie de revenir tbeaucoup plus souvent jouer pour vous ! Merci !