Interview avec Henri Sattler de God Dethroned
Dimanche 21 Août 2011
Au Motocultor Festival
Par Katarz et Born666
Katarz : Bonjour à toi Henri et merci d'avoir accepté de répondre à mes questions ! Vous revenez du Summerbreeze là, comment ça s'est passé ? Vous avez fait d'autres dates récemment ?
Oui, en effet on revient du Summerbreeze là. Ca s'est très bien passé.
On a aussi joué à Obervellach, en Autriche... au Metropol Festival à Hengelo, aux Pays-Bas...c'était en juillet.
On a eu seulement deux festivals planifiés en Août : le Summerbreeze et le Motocultor en France.
En septembre on va rejouer aux Pays-Bas et en Suisse, à Lausanne, le 23 septembre.
Il faut savoir qu'on fera aussi un concert surprise pour nos plus grands fans des Pays-Bas. Ce sera un show d'une heure et demie pour tous nos fans les plus proches; qui nous ont suivi pendant toutes ces années. Il aura lieu aux Pays-Bas.
Mais je dois garder cette information secrète car toute l'organisation ne sera pas très contente si j'en parle.
Katarz : C'est réussi ! Qu'est-ce que je dois faire moi ? Je le retranscris ? (Rires)
Fais comme il te plaît.
Katarz : Et tu as annoncé en effet que c'est la dernière fois que vous jouez en France, ici au Motocultor. Moi je suis sous le choc.
Je ne crois pas que tout le monde a encore bien réalisé que c'est l'un de nos derniers concerts. Je ne crois pas que tout le monde savait. J'ai même le sentiment que dans le public tout à l'heure, pendant qu'on jouait, les gens ne nous connaissaient même pas.
Katarz : En fait c'était inscrit dans le livret du Motocultor. "Dernière date en France".
Oh je l'ignorais. Mais comme je le disais, aujourd'hui j'ai eu le sentiment de gagner un nouveau public et non d'avoir une foule de fans devant moi. C'est pour ça que je n'ai rien dit pendant le concert.
Je me suis juste concentré sur le fait de faire un bon concert, je ne vais pas pleurer après tout.
Katarz : Tu as laissé une très bonne empreinte ici au festival et crois moi à côté de moi il y avait de vrais fans qui ont dit que ce concert leur a botté les fesses !
Oh merci ! Tu as fait ma journée ! Je suis très content d'entendre ça ! Je crois que je vais dormir comme un bébé ce soir. (Rires)
Katarz : Et parmi les concerts que tu as fait récemment, lequel t'a laissé le plus de souvenirs ?
Sans conteste, et je le savais que ce serait le Summerbreeze. C'est le plus gros festival prévu cet été et nous avons beaucoup de fans en Allemagne. Il y avait beaucoup de tensions avant ce show parce que nous voulions que tout se passe sans encombres, on ne voulait rien laisser passer. C'est très dangereux parce que quand tu te donnes de tels objectifs, tu risques de n'être que déçu. Mais nous on est quand même contents de ce show. Le Motocultor c'est autre chose, il y a nettement moins de monde, sous le soleil brûlant... ça fait une grosse différence après le Summerbreeze où il y avait vraiment beaucoup de monde. Mais pour moi le plus important c'est que les gens aient aimé ce concert. Cela me conforte et me satisfait pleinement.
Katarz : Et pendant toutes ces années d'existence, quels rapports entretenais-tu avec le public français ?
Une relation amour-haine. Il m'a semblé que chaque fois que nous venions en France, il fallait tout recommencer à zéro et reconquérir ce public encore et encore. On a jamais eu le sentiment en vingt ans d'être vraiment attendus par le public. A chaque fois on a dû se battre pour les fans et pour la reconnaissance. C'était parfois dur même si au final ça en valait la peine. Bien sûr le public français est génial et j'adore toujours y jouer mais ce n'était guère facile.
Katarz : Quelle est la raison de la séparation de God Dethroned ?
C'est principalement ma décision. Cela fait 21 ans que j'ai crée ce groupe et il y a toujours beaucoup de stress, beaucoup de pression. Faire un bon album, prendre des vacances, partir en tournée, et tout ça sans récupérer suffisamment d'argent pour vivre. C'est une lutte de tous les jours. Après 21 ans j'en ai eu marre. Je vais faire un groupe "hobby". Je vais ouvrir une boutique en ligne dès novembre, avec des guitares où les gens pourront choisir leur guitare, la couleur, la forme, tout. Je vais demander à des gens du milieu metal de les tester pour le public, de manière à ce que les acheteurs voient comment elles sonnent. J'ai ce projet.
(NDLR : Le site aura pour adresse www.serpent-king-guitars.com)
Je voudrais faire quelque chose d'autre de ma vie maintenant parce que God Dethroned je l'ai créé à 18 ans et j'en ai 40. Il est donc tout à fait justifié de dire qu'il est temps de passer à autre chose.
Katarz : Et qu'est ce que les autres musiciens incroyables que j'ai vu aujourd'hui vont devenir ?
Ils pourront faire ce qu'ils voudront. Je sais qu'ils iront loin. Ils auront besoin de temps et d'un peu de chance, mais on verra, le temps nous le dira.
Katarz : Il y a toujours eu quelque chose de très spécial à propos de God Dethroned. Un mélange de Black metal pour les paroles et la musique Death.
Oui on a toujours cultivé un cross over entre le Black et le Death. Ca a toujours été une longue lutte pour la reconnaissance. Aussi, Michael de Metal Blade nous l'a toujours dit : "Avec le style de musique que vous jouez, cela va mettre très longtemps avant que vous ne soyez reconnus". Vous aurez peu de fans mais ils resteront loyaux pour toujours.
Katarz : Quelle est la différence du mythe pour toi ?
Le mythe c'est ne pas savoir pourquoi, ne pas comprendre... Je crois que God Dethroned, et tout ce qui s'est passé dans nos existences est au final un mythe ? Aussi, l'incompréhension pourquoi nous n'avons jamais été plus connus que ça ? Tout le monde nous a toujours dit que nous avons tout le potentiel pour être un grand groupe. Les fans nous suivent dans certains pays. Les critiques ont toujours été bonnes. Mais pour une raison que j'ignore nous ne sommes jamais devenus un grand groupe comme nous voulions être ...
On est resté à un niveau moyen en termes de ventes et maintenant que j'y pense c'est peut être aussi dû au fait que nous avions un line-up changeant. Cela détruit un groupe.
Katarz : C'est sûr. Mais pour rebondir sur une note optimiste, je voulais te demander si tu sais ce que le public métalleux attend de nos jours.
Je ne sais pas, je crois que chacun est constamment envahi par les nouveautés. Les nouveautés vont et viennent constamment et disparaissent aussi vite. Le Metal a été subdivisé en tout un tas de catégories et sous-catégories.
Il y a des groupes qui sont appréciés et qui seront oubliés deux ans après parce que la tendance va changer.
Katarz : Est-ce que tu penses que God Dethroned fait partie de ces groupes qui vont rester dans les esprits ?
Pour certaines personnes oui, j'en suis persuadé. Hier nous étions en session d'autographes au Summerbreeze et j'ai vu des personnes venir à moi avec notre discographie complète entre les mains demandant à signer tous ces albums ! Ils avaient tout et ils ont tout apporté dans un festival avec le risque de les abîmer ou de les perdre, juste pour la signature. Certaines personnes ne vont jamais nous oublier.
Katarz : Est-ce que tu te sens concerné par ce qui s'est passé au Festival celtique de Belgique ?
Des gens sont morts, c'est terrible. Mais de toute façon on aurait rien pu y faire. Le vent s'est levé brusquement et a tout emporté. Cela aurait pu se produire n'importe où... C'est une histoire très triste.
Katarz : Est-ce que tu as un message pour les Français ?
Oui, tous ceux qui ne nous ont jamais découverts et qui sont tristes à ce propos, je leur dis "Allez vous faire, c'est trop tard !" (Rires).
Born666 : Quelle est la toute dernière question que tu voudrais qu'on te pose ?
Pourquoi tu es si beau Henri ?
Katarz : Pourquoi tu es si beau Henri ?
Je ne sais pas demande à ma maman et mon papa !
Katarz : Qu'est ce que tu continues d'écouter aujourd'hui à l'âge de la quarantaine ?
Pink Floyd, Moby, beaucoup de musique des années 70. Nous avons une radio aux Pays-bas où je vis, qui ne passe que du rock des années 70. Je l'écoute constamment. Sinon dans la musique plus récente j'écoute Nile, Behemoth, Smashing Pumpkins, R.E.M. Tu vois j'ai des goûts musicaux variés.
Katarz : Et bien merci beaucoup pour cette interview ! J'espère que c'est pas des adieux ! Et encore une fois ce concert m'a botté les fesses !
