Interview d’Isaac Delahaye, guitariste d’Epica depuis 2009
(Entretien réalisé le 23 Janvier 2012 à Paris)
Lionel/Born 666 : Débutons avec une question très traditionnelle... Quels sont tes morceaux préférés sur ce nouvel album et pour quelles raisons ?
Isaac Delahaye : C’est une bonne question (rires)…
Lionel : Parce qu’il y a de nombreux titres…
Isaac : Exactement… et c’est très difficile de choisir, ils sont tellement différents. Je pense que mon titre préféré est le titre d’ouverture « Monopoly of Truth », peut-être parce que j’ai écrit ce titre et aussi parce que ce titre est très orientée « guitares », à mes yeux il y a de magnifiques parties de guitares, très techniques, très trash et c’est ce que j’aime. C’est juste un titre que j’ai écrit ainsi comme les titres d’Epica que j’aime avec de l’amplitude au niveau des guitares.
Lionel : Comment toi et l'autre guitariste (Mark Jansen, aussi leader du groupe) vous êtes accordés ensemble pour l'enregistrement des parties guitares ? Rythmiques et/ou solo pour lui ?
Isaac : Essentiellement, Marc n’enregistre pas les guitares, mais moi je m’en charge. Mais en revanche il écrit beaucoup de chansons et bien sûr sur cet album. A la base il crée la structure d’une chanson, ensuite il me l’envoie, ensuite j’y rajoute des aspects plus technique, parce que Marc est plus un compositeur, il commence à partir d’orchestration et ensuite je rajoute mes parties, plus du point de vu d’un guitariste. On met les parties de guitares et on revient ensuite sur les parties orchestrales. Ce qui fait que c’est un très bon équilibre entre nous deux. C’est vraiment agréable de pouvoir travailler comme cela, mais en studio j’enregistre principalement toutes les parties de guitares ainsi que les solos.
Lionel : Combien de titres as-tu composé ?
Isaac : Personnellement j’en ai composé deux…« Monopoly of truth », et « Deter the Tyrant”. Mais comme je le disais, j’ai écrit bien sûr ces 2 titres mais aussi mes parties de guitares sur les titres de Mark.
Lionel : Pourquoi une telle baisse d'agressivité et un tel retrait des guitares dans l'album ?
Isaac : Non je ne suis pas d’accord…
Lionel : …il y a quand même beaucoup plus de synthé que de guitares…
Isaac : … Je ne suis pas totalement d’accord avec ce que tu dis… Peut-être qu’il parait moins agressif que Design Your Universe, mais d’un autre côté si tu regarde l’album dans sa globalité, la raison qui te fait penser que c’est moins agressif, moins dur c’est que la dynamique de l’ensemble est beaucoup plus dure. Les parties dures sont vraiment très fortes maintenant et les parties intimes sont beaucoup plus lentes et intimistes. Donc tu as un très gros contraste. Peut-être que par le passé, toutes ces parties étaient traitées sur le même niveau sonore et maintenant l’équilibre entre ces 2 parties est beaucoup plus fort. C’est pour cela que par rapport à ta première question il est difficile pour moi de répondre quel est mon titre préféré parce qu’il y a tellement de titre avec des ambiances changeantes sur ce disque.
Lionel : Quelles sont, selon eux, les principales évolutions entre Design Your Universe et Requiem for the Indifferent ?
Isaac : On a passé beaucoup plus de temps sur les voix dès le départ ; pour exemple sur Design Your Universe on a commencé par la musique puis ensuite on y a mis les parties vocales. Mais maintenant avec Requiem for the Indifferent on a mis les bases des chansons, ensuite nous sommes allé en studio y enregistré les voix ou certaines structures vocales, ce qui fait que dans le processus d’enregistrement la voix était là dès le départ et c’est pour cela qu’à la fin on se rend compte que l’album est construit autour des parties vocales. Dans le passé c’était plutôt le contraire. C’est pour cela que l’album est moins « catchy » et qu’on laisse beaucoup plus respirer les parties de Simone (Simons).
Lionel : Peux-tu nous dire quelque chose sur la pochette de l’album ? C’est quoi, la fin du monde ? Un nouveau départ ?
Isaac : (rires) …oui, on va tous mourir ! Effectivement il y a beaucoup de choses… Bref vous découvrez cette personne qui essaye de retourner à la nature au milieu d’un environnement mécanique, elle enlève son masque, elle a des vis dans la tête, son code bar tatoué sur l’épaule… tout ça pour dire qu’on vit dans un monde mécanisé, les i-Phones, les voitures (rire - car l’enregistrement de l'interview se fait, et c’est fort pratique, sur la marque à la pomme ;), les ordinateurs et qu’on en est prisonnier. Mais parfois on voit que la nature reprend ses droits; les typhons, les inondations, les tremblements de terre, et la nature nous dit « Hé les gars, faites gaffe » !
Dans l’ensemble on voit que la personne retourne vers la nature (la plante) et tu peux voir qu’il y a une clé sur l’arbre donc pour résumer. Elle symbolise la possibilité de retourner vers la nature et de retourner vers un équilibre dans la vie parce qu’on a tendance à oublier la vie. On détruit des forêts, parce qu’à la place on veut y construire des buildings, ou d’autres choses parce que la vie sera plus facile pour ceux qui vont y vivre. C’est ce qui est à la base de l’artwork et du titre de l’album Requiem for the Indifferent parce qu’on a fait en gros la bande son des gens qui sont ignorant de ce qu’il s’est passé en Afrique du Nord (Révolution de printemps), Afghanistan, Iran, Irak, l’Egypte, la crise financière, …il y a tellement de chose qui se passe actuellement. Et on le retrouve énormément dans les paroles de l’album. Tout est en relation avec ces choses. Effectivement on voulait montrer au gens qu’il ne faut pas rester ignorent de ce qu’il se passe autour de nous, et qu’il se passe beaucoup de choses, et qu’il est peut être encore temps de s’en rendre compte.
Lionel : Avez-vous été influencé (Marc et toi) par l'écriture de MaYan pour l'écriture de l’album ?
Isaac : Bon on a tourné pour Design Your Universe un peu partout et plus d’une fois on a été beaucoup trop occupé et Marc a dit (je parle pour lui) qu’il ne pouvait pas écrire sur le nouvel album d’Epica sans travailler sur le projet MaYan. Puis le projet est devenu un vrai groupe et puis on a composé de nouveaux titres et c’est devenu un peu plus important.... Et ça a été très rafraichissant de le faire, on a tourné en Amérique du Sud, et après c’est très agréable de replonger dans le côté Epica de la musique parce qu’on a tourné « non-stop » pendant tout ce temps pendant près de 3 ans depuis la sortie de notre dernier album. L’expérience MaYan nous a permis de changer mais je ne pense pas que cela ait influencé sur les compositions pour Epica mais cela nous a donné un nouveau souffle. Ce qui a permis de mettre Epica de côté pendant un certain moment et de prendre du bon temps avec ce projet afin de repartir encore plus frais avec Epica.
Lionel : Comment vois-tu l’avenir d’Epica ?
Isaac : Quand Design Your Univers est sorti, beaucoup de gens nous on dit : « Oh mais c’est un chef d’œuvre ! » et puis là vous vous dites « mince, comment on va faire pour notre prochain album et puis maintenant d’autres personnes nous disent que Requiem for the Indiffernt est meilleur que Design… donc tout est possible. Et là tu te dis « Mer** » c’est reparti. Mais tout cela est normal, tu écris de la musique, on croit en nous entre musiciens, je crois en Ariën (Van Weesenbeek) parce que ce qu’il va faire à la batterie ça va être bien et que j’ai confiance en lui, j’ai confiance en Simone car ce qu’elle va faire va être bien, je ne suis pas inquiet la dessus… Donc nous à la base ce qu’on doit faire c’est d’écrire des chansons mais vous aurez toujours des gens pour vous dire que c’est votre premier album qui était le meilleur et tout ce que vous pouvez sortir après ne pourra l’égaler… (Rire)
Lionel : Pour de nombreux groupes d’ailleurs,…
Isaac : Donc moi mon job c’est d’écrire, de progresser et j’aime ça ! Et donc je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Ce que je sais c’est déjà pour les deux prochaines années on va partir en tournée donc je n’ai pas à m’inquiéter pour le moment...
Lionel : Qu'est-ce qui a motivé le choix de « Storm the Sorrow » en tant que single ?
Isaac : A la base c’est un titre assez catchy, alors tu as envi d’avoir de nouveaux fans. Le titre est court, la vidéo ne sera pas trop longue, c’est catchy et peut-être un peu commercial mais c’est un choix évident, les paroles traite la société actuelle ne fait que critiquer, tout le monde a une opinion, et tout le monde veut la partager, il y a Facebook, Twitter, et tout le monde derrière son ordinateur te dit « Je te déteste » , ou n’importe quoi d’autre… Tu es critiqué en temps qu’acteur de cinéma, homme politique mais tu es aussi ton propre juge, est ce que j’ai bien fait, suis toujours bon ? Et Simone a écrit les paroles par rapport à elle, tout le monde connait son visage, et elle a eu des problèmes par le passé, et elle explique que si tu prends tout cela au premier degré tu deviens fou.
Lionel : Avez-vous songé à refaire un concept album ?
Isaac : Oui je pense que ce serait intéressant, c’est vrai que sur les albums d’Epica sont comme des voyages. Les chansons sont connectées enter elles, ainsi que les paroles. C’est vrai que pourquoi pas, on le refera, mais dans l’immédiat, c’est vrai que sur notre nouvel album certaines choses sont proches, mais c’est vrai que dans un futur on pourrait refaire un concept album.
Lionel : Maintenant une question plus personnelle, l’année dernière God Dethroned effectuait sa tournée d’Adieu (Isaac y a joué de 2004 à 2008)…Quels sont les souvenirs que tu en as ?
Isaac : J’en ai de très bons…J’ai vu Henri (Sattler - Chant, Guitare) venir à un show de Mayan, on en a parlé, il est dans le milieu depuis si longtemps, le line-up a changé, beaucoup de musiciens y ont joué, …il dit toujours qu’il a toujours adoré le line-up qui existait lorsque j’y jouais. On avait fait d’excellente tournée. Personnellement j’en ai que des bons souvenirs, et j’ai aimé cette période de ma vie et c’est triste que je les ai quitté, mais il faut bien comprendre que God Detroned est de ces groupes qui n’est pas assez gros pour en faire un métier à part entière et tu dois luter avec ton job pour partie en tourné, puis quitter à nouveau ton boulot pour repartir en tournée... C’est donc une lutte perpétuelle et je comprends aussi qu’il arrête, il n’a plus 20 ans, Bon on ne s’appelle pas tous les jours, mais je saiss qu’ils sont sur le 70 000 Tons of Metal (croisière Metal qui a lieu dans les Caraïbes, Festival flottant qui a lieu en Janvier et le port de départ est Miami) pour leur tournée d’adieu…ils sont sur le bateau de croisière et je pense que c’est une belle fin…
Lionel : Merci beaucoup et à bientôt !