Entrevue exclusive avec
Ross Dolan (chant, basse) et Robert Vigna (guitares)
du groupe Immolation
au Motocultor Festival 2012
Par Katarz
Parfois il faut faire preuve d'audace pour décrocher des interviews et j'ai eu une chance extrême de croiser Ross Dolan et Robert Vigna dans les backstages du Motocultor Festival. Je leur ai expliqué que je me suis essuyé un « non » catégorique de la part de leur manager pour toute interview et Ross a immédiatement interjeté : « Comment ça on ne donne pas d'interviews ? Tu as un moment là ? »
C'est dans ces moments là que l'on se rend compte que l'on a encore fait une belle rencontre avec des musiciens extrêmement gentils, qui m'accordent du temps pour une interview, me remercient (mais où va le monde ?) et qui prennent leur temps pour bavarder et s'amuser avec les fans, voire de répondre à leurs questions durant l'interview.
Je n'ai donc pas voulu abuser de leur temps et j'ai improvisé, le tout dans une ambiance de délire... normal... c'est le Motocultor !! Quelques fans se sont d'ailleurs joints à nous comme vous pouvez le constater sur les photos 🙂
Sachez que Immolation tourne en ce moment même avec Marduk un peu partout en France et le 27 ils seront à Savigny le Temple en région Parisienne. Une date à ne pas rater !
Katarz : Alors tout d'abord merci de m'accorder cette interview, comment se passe cette tournée estivale jusqu'à maintenant ?
Ross : Alors pour l'instant, cet été, en ce qui nous concerne, nous ne faisons qu'une semaine de shows en passant par tous les grands festivals : Party San, Brutal Assault, le Motocultor et le Metal Mean demain. Et entre temps, nous avons complété avec quelques shows, juste pour optimiser. Ensuite nous revenons à la maison pour une huitaine de jours et ensuite nous revenons en Europe pour la tournée avec Marduk qui se déroulera jusqu'au 30 sptembre.
Katarz : Oui, je sais, vous jouez le 27 à Savigny le Temple et je vais vous rater à cause d'un maudit concours ! C'est la première fois que vous tournez avec Marduk ? Comment ça se passe de tourner avec eux ?
Ross : On a tourné deux fois déjà avec eux. Ils sont supers, on les connaît bien. Et j'attends cette tournée avec impatience, ce devrait être une très bonne tournée. (Il regarde Robert avec satisfaction).
Katarz : On attend vraiment avec impatience un nouvel album, après la sortie de votre EP Providence qui m'avait beaucoup plu et me fait saliver pour la suite. Est-ce que ce travail progresse ?
Robert : Oh oui, nous étions encore en studio y'a quelque temps, tout est enregistré déjà ! Il y a encore du travail sur les solos et le mastering ainsi que le mixage mais tout est globalement bouclé.
Je ne peux pas encore te communiquer le titre mais ce nouvel album sera extrêmement sombre, lourd, probablement le disque le plus intense que nous ayons fait jusqu'à maintenant. Steve, notre batteur, a repoussé ses limites, et donc même s'il y a de bonnes accélérations, il a insisté sur un travail lourd, bien heavy. Je crois que c'est vraiment un de nos plus forts accomplissements jusqu'à maintenant.
Katarz : Et justement qu'en est-il du mixage et de la production de l'album ? Qui va s'en charger ?
Ross : Une fois de plus, il a été enregistré aux Sounds Studios de Milbrook, New York, et nous allons avoir Zack Ohren (NDLR : All Shall Perish, Suffocation...) au mix et au mastering. Nous avons déjà travaillé avec lui. Il est en Californie et il a mixé notre album Majesty and Decay.
Donc tu peux être sûre qu'il va très bien sonner ! (Rires)
Katarz : Oh oui, Majesty and Decay est une bombe, y compris en termes de production.
Oh oui, il sonne très bien.
Katarz : Lors de cette tournée estivale, vous jouez un titre de votre EP Providence, « What they Bring ». Je voulais savoir si cet EP sera inclus dans l'album à venir ou pas ?
Ross : C'est exact et non, l'album sera composé que de nouveaux titres ! L'EP a été vraiment une sortie à part, nous l'avons voulu comme ça. C'était ce que c'était, juste 5 nouveaux titres qui étaient prévus pour cet EP là. Et nous avons 10 nouvelles compos pour l'album à venir.
Katarz : Peux-tu nous dire un peu plus au sujet de cet album ?
Robert : Le titre nous y travaillons encore...
Ross : En fait ce sera un concept album, au sujet de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui. Chaque titre sera un aspect différent de ce qui se passe et c'est presque comme avoir un regard sur le futur proche. Ce sera très.. « 1984 », mais dans un contexte présent, tu vois ? Donc c'est sûr que ce sera très sombre.
Katarz : Et dans quelle mesure tu penses que nous vivons dans un monde comme celui de 1984 ?
Ross : Oh je pense que nous vivons dans ce monde là, et que c'est même pire. Tout ce qui passe chez nous en Amérique et en Europe, c'est évident que le monde court à sa perte, c'est juste que les gens refusent de voir la vérité en face. Les gens ont des oeillères. Ils sont extrêmement distraits par les Ipads, les films, les sports... Mais quand tu regardes de plus près ce qui se passe vraiment, c'est assez flippant.
Katarz : Et justement les Européens ont tendance à critiquer les Américains pour ce que tu dis : le fait qu'ils sont complètement aveuglés et abrutis...
Ross : Oui ! C'est tout à fait ça. Ils ne sont pas conscients de ce qui se passe. Ils ont des oeillères et quand tu essaies de leur expliquer ce qui se passe vraiment, ils ne te croient pas ou ne veulent tout simplement pas croire. Ils préfèrent rester déconnectés de la réalité qui leur est désagréable à entendre. Pour eux, vivre dans l'illusion que tout est parfait est tout simplement préférable. Même si une proportion de gens commencent à ouvrir les yeux sur ce qui se passe.. donc on verra.
Katarz : Alors comment vous conciliez cette implication que vous avez dans ce monde avec votre vie privée. Toi Ross, tu es conducteur de poids-lourds, toi Robert tu travailles dans la production... Comment vous vous vous impliquez par rapport à ça, d'une manière ou une autre, au travail ou dans votre sphère privée ?
Ross : J'essaie déjà de comprendre, de m'informer, et je l'exprime dans la musique surtout. Mais j'en parle aussi beaucoup autour de moi, du moins aux gens qui sont capables d'écouter. Mais la lutte est dure ! (Rires)
Katarz : Et je voudrais aborder un petit peu maintenant le mode d'écriture des titres, comment travaillez-vous ?
Robert : Je compose sur ordinateur et j'envoie le matériel que j'ai de prêt aux autres, et on avance comme ça, en se communiquant notre progression. Cela fonctionne comme une pré-production et une fois que tout le monde connaît les titres, on se rencontre au studio (presque à froid, rires) et on y va ! On commence à enregistrer.
C'est un processus assez rapide finalement et nous avons fait ça pour tous les albums récents. On aime bien travailler comme ça en fait. Le fait que tout le monde sache ce qu'il a à faire... de cette manière là aussi on peut passer à quelque chose de neuf assez rapidement, au lieu de rester enfermés dans le passé, au lieu de ressortir des vieilleries. L'EP a été composé très vite par exemple. On a fait 5 titres, on les a sortis, c'est fait. Maintenant on passe à autre chose, on voulait un album à dix titres et on part sur cette idée. Nous avons aussi eu la chance de jouer en Amérique du Sud, avec quelques dates au Chili, au Brésil et nous avions déjà composé au moins 6 titres à ce stade. Ensuite nous sommes rentrés et en une semaine et demie, on a fini de composer les quatre restants, on a appris à les maîtriser, et hop, en studio ! (Rires)
Voilà la manière dont on travaille, sous pression, pour avoir le travail de fait. Mais en même temps on est extrêmement pointilleux aussi, c'est-à-dire que nous essayons de faire toujours quelque chose de différent par rapport à notre ancien travail, mais en gardant ces mêmes racines dont nous venons.
Donc quand tu entends un de nos albums tu sais que c'est du Immolation, même si nous injectons toujours de nouvelles choses dans chaque album. J'essaie toujours d'introduire quelque chose de nouveau, dans le travail des guitares, cela peut être un nouveau son, quelque chose d'intéressant...
Pour moi c'est tout l'intérêt : essayer de créer quelque chose, ajouter quelque chose de stimulant ou nouveau dans la musique.
Katarz : Et tu penses à lamanière dont le public percevra l'album ou c'est quelque chose dont tu ne te préoccupes pas ?
Robert : Oh oui bien sûr ! Plus on avance et plus on prend en compte la manière dont un titre va sonner et fonctionner en live. On aime bien maintenant que notre musique soit un peu plus rentre dedans, avec des riffs plus directs. Mais en même temps on garde ce côté très sombre et intense dans le rendu final. C'est juste une façon de rendre le résultat plus puissant qui nous intéresse. Et cet album sera encore plus puissant que tous les autres que nous avons faits. On a vraiment hâte de le sortir.
Katarz : Et y'a-t-il des événements importants dans vos vies qui peuvent également être une inspiration du moment ou accélérer le processus de création ? Une naissance ? La perte de quelqu'un de proche ?
Robert : Oui, bien sûr, mais notre processus de création s'effectue quand même beaucoup en studio. Mais je peux être inspiré par un peu tout, déjà ce qui se passe autour de moi, voire la musique que j'écoute et pas forcément que le metal... On est inspirés par un peu tout ça. Mais quand c'est le moment de composer, ça ressort et voilà. On est plus dans la concentration à ce moment là, on veut que les choses soient faites et qu'elles le soient bien.
Katarz : Oui, je comprends très bien. Et quelle est alors la partie la moins stimulante du travail ? Voire ennuyeuse ?
Robert : Il n'y a rien de vraiment ennuyeux, mais quelques trucs un peu chiants que t'es obligé de faire...
Ross : Comme ça par exemple ! Rester assis là toute la journée, à attendre de pouvoir monter sur scène. Mais c'est quand même fun quand tu rencontres du monde et cela rend l'attente tout de même agréable. (Rires)
Katarz : Je voulais aborder un peu la question de votre public. Lequel préférez-vous ? Puisque vous avez joué un peu partout dans le monde... est-ce que vous avez déjà joué devant un public breton par exemple ?
Ross : Je ne me rappelle pas avoir joué ici, mais c'est fort probable ! (Rires)
Robert : On joue tellement de dates que l'on ne regarde pas toujours où on va (Rires). On sait que l'on a tout de même joué à plein d'endroits différents en France.
Katarz : Qu'attendez-vous de ce show ici ?
Ross : Oh je suis sûr que ça va être géant, c'est ça les festivals ! Et je suis impatient de monter sur scène et de voir la réponse du public. Ca va être dément et je suis très heureux de pouvoir jouer la nuit car là il fait une chaleur insupportable. (Rires)
Katarz : Pour Incantation ça n'a pas été facile, ils ont joué en plein cagnard, alors qu'ils sont plus adaptés aux clubs...
Ross : Oui, mais c'est des légendes et nous avons vu pas mal de gens dans le public qui étaient visiblement très heureux de les voir sur scène et qui les attendaient. Et je suis très impatient de jouer ce soir.
Katarz : Et comment vous allez regagner de l'énergie avant ce concert alors ?
Robert : Un dîner avec une bonne glace ! C'est généralement notre routine. Et ensuite on va tout faire péter sur scène et faire ce que nous avons à faire. Une fois que tu démarres, c'est génial.
Katarz : Et vous aviez entendus parler du Motocultor Festival auparavant ? Parce qu'en 2010 par exemple il y avait déjà un paquet de grands noms comme Sodom, Entombed...
Ross : Non, je n'en avais jamais entendu parler auparavant ! Mais cela ne veut rien dire.. il y a tellement de festivals. Mais j'ai un excellent souvenir du Hellfest, c'est un grand festival, où le show a été juste gigantesque... tout est fait pour les festivaliers et c'est extrêmement bien organisé. C'est énorme. Le Brutal Assault est aussi un de mes préférés et tu le sais, puisque tu y étais, le concert qu'on a donné il y a deux semaines, était grandiose.
Katarz : Alors vous n'avez pas encore tout vu, attendez ce soir ! (Rires)
Ross : Oui, (il se retourne pour regarder les affiches du Motocultor) et je vois que le line-up est excellent aussi cette année, nous avons regardé le show de Incantation cet après midi. Et puis Absurdity qui ont tourné avec nous sont aussi une très belle formation, qui assure sur scène.
Un fan s'approche pour poser sa question...
Zaake : Depuis que vous jouez dans Immolation, combien de gonzeses est-ce que vous vous êtes faits ?
Ross : Une seule. Ma copine.
Robert : Et moi des millions ! (Rires)
Katarz : Merci les gars pour l'interview ! Passons aux choses sérieuses, je crois que vous avez des fans tatoués ici...