Force et sincérité
A l'occasion de la sortie de Heroes, le frontman de Sabaton a accordé une interview conséquente à La Grosse Radio, au cours de laquelle il est revenu en détail sur le processus créatif de l'album ainsi que sur les paroles. Il a aussi parlé des changements qu'avait subi le groupe ces dernières années et est revenu sur l'ensemble de la carrière du groupe, qui n'en finit pas de monter.
Interview réalisée conjoitement avec Ju de Melon
Bonjour Joakim et merci de nous accorder cette interview. Heroes est le premier album de Sabaton enregistré avec le nouveau line-up. Est-ce que les nouveaux membres ont participé à la composition ?
Oui et non. J’ai écrit une chanson avec le guitariste Thobbe Englund, "Soldier of 3 Armies". Tu sais, même les anciens membres [Rikard Sundén, Oskar Montelius, Daniel Mullback et Daniel Mÿhr] n’avaient jamais écrit une seule chanson pour Sabaton. Mais mon approche de composition n’a pas changé. J’écris 90% de ma musique seul. Pour les paroles, on fait ça avec Par Sunsdtröm. Mais on s’amuse beaucoup, ça permet de créer une atmosphère créative.
Comment s’est passé l’enregistrement avec ces nouveaux membres ?
C’était très rapide ! [rires] Toutes les parties de guitares étaient dans la boîte en quatre jours, alors que c’est censé prendre une semaine et demie ! Je n’avais même pas fini mes paroles ! Honnêtement, la musique qu’on fait n’est pas la plus difficile à jouer. Il faut savoir tenir son instrument pour jouer dans le groupe, bien sûr, mais on ne fait pas quelque chose de très technique. Le fait d’avoir de meilleurs guitaristes ne me fait pas écrire des riffs plus compliqués, j’adore les riffs old school à la Accept, pourquoi changer ? S’ils sont venus dans le groupe, c’est parce qu’ils aimaient ce qu’on faisait avant. Pour en revenir au travail d’enregistrement, je suis toujours dans le studio, du premier jour au dernier. Peter Tagtgren [producteur] et moi peuvent voir l’ensemble et orchestrer l’ensemble, car si tu changes une partie de guitare ou de clavier, tu dois tout changer derrière. Mais du coup, si un autre membre qui n’a pas été dans le studio pendant une semaine revient, il peut apporter une vision plus fraiche à l’ensemble. On entretient cet aller-retour.
Qu’est-ce que ça fait de revenir au clavier, comme dans les anciens albums ?
Retour à la case départ ! D’ailleurs, je suis entré dans le groupe en tant que clavier, mais comme je composais les chansons, on m’a fait chanter les mélodies vocales et on a enregistré les démos. Mais on a toujours remis la recherche de chanteur à plus tard. Putain de fainéants ! [rires] C’était bien d’y revenir, même si j’en jouais toujours quand Daniel Myhr était dans le groupe.
Comptez-vous reprendre un claviériste pour le live ?
On en a parlé assez longuement entre nous. Pour l’instant, ce sont toujours les enregistrements de Daniel Myhr ou les miens qui passent, et, pour l’instant, on ne change pas. On ne veut pas dire oui ou non, c’est bien d’avoir un claviériste sur scène, mais, en même temps, on aime bien les concerts maintenant, du coup, on ne va pas se mettre à chercher un nouveau claviériste. Si un gars qui peut apporter quelque chose au groupe vient à nous, on l’intègre, mais avant ça, on reste comme on est. Et puis je me suis remis à jouer un peu sur scène, il y a eu "The Hammer Has Fallen", mais il pourrait y en avoir d’autres. La version 2012 est assez différente de l’album, du coup, on pourrait apporter des changements à d’autres morceaux. C’est assez difficile de prendre une décision là-dessus. D’un côté, quand tu joues un titre de la même manière pendant plusieurs tournées, ça peut devenir ennuyeux, d’un autre, les fans viennent pour entendre un titre joué d’une certaine manière. Nous avons plusieurs possibilités devant nous.
Passons aux paroles. Il n’y a pas de concept ici, comme The Art of War ou Carolus Rex, mais les thèmes ont changé, vous semblez plus vous concentrer sur les gens.
Oui exactement. Au lieu de parler de batailles ou de grands évènements historiques, on s’est concentrés ici sur des individus ou des petits groupes de gens, quel que soit leur pays d’origine ou pour qui ils se battaient. Même des allemands du côté nazi peuvent être considérés comme des héros. C’est différent, mais il y a une touche émotionnelle en plus. Je pense que cet album est le plus émotionnel de notre discographie. Cela se marie bien avec notre musique, parce qu’on ressent de la colère, de la tristesse, du désarroi, de la joie, de la puissance, ça fait aussi partie du heavy metal !
Comment est venue cette idée ?
Je pense que ça a commencé quand Par et moi avons écrit les paroles de "White Death" en 2009, sur l’album Coat of Arms. Elle parle d’un tireur finlandais, Simo Häyhä, on s’est rendus compte que parler d’une personne précise était intéressante, du coup, on a gardé cette idée pour plus tard. Nos fans sont aussi une bonne source d’inspiration. Nous n’aurions pas entendu parler de la moitié des histoires dont on parle dans cet album si nos fans n’étaient pas venus pour nous dire "lisez ce livre" en nous en tendant un. A la lecture, tu es complètement soufflé ! C’est le cas de "Inmate 4859", ça parle d’un soldat polonais qui se rend de lui-même à Auschwitz, réunit des preuves et commence un mouvement de résistance, avant de pouvoir s’échapper. Combien de personnes font ça ? Ce gars est célèbre en Pologne, mais je n’avais jamais entendu parler de lui. Ces gens sont des héros, mais ne sont pas si importants dans les grandes lignes.
Et on ne trouve pas de héros français !
Non. On avait pensé à un résistant français, Jean Moulin, mais nous n’avions pas une chanson dont l’atmosphère correspondait à ce qu’on voulait retranscrire avec lui. Nous avons toujours plein de chansons et plein d’idées, mais c’est très important que les deux soient liées. Si le lien n’est pas là, nous préférons attendre. Nous avons aussi pensé à Napoléon, qui a une histoire très intéressante, parti d’un citoyen de seconde classe en Corse qui a fait tellement de choses… On veut en parler, mais il nous faudrait un album entier pour ça, comme Alexandre le Grand. Il y a eu tellement de guerres que 200 albums de Sabaton ne suffiraient pas ! [rires] On a toujours plein d’idées, parce qu’on lit énormément de choses, même sur l’Egypte ancienne. Pour cette période, c’est plus difficile, parce qu’on a du mal à différencier les faits des mythes.
Heroes est un titre d’album fort. Quels sont tes héros ?
Dans un sens, Dee Snider de Twisted Sister en est un. Ma mère m’a raconté que quand j’avais 3 ans et demi, j’ai vu ce clip, je ne sais plus si c’était "I Wanna Rock" ou "We’re not gonna Take it". Ma mère était dans la cuisine et d’un coup, elle m’a entendu crier comme un possédé. Elle a couru vers la télé et m’a vu sauter partout et m’affoler en regardant ce clip. C’est mon premier amour musical. Je me souviens quand elle m’a donné ce disque, quelque chose a commencé. Je me souviens, quand j’avais 18 ans et Par 17, Dee Snider était passé près chez nous avec son groupe SMF, mais il y avait une limite d’âge minumum fixée à 18 ans. Par ne pouvait pas venir, du coup il est resté à l’hôtel et son ami et moi venions le voir à tour de rôle pour lui tenir compagnie. Il se trouve que Dee Snider était dans ce même hôtel, il a vu Par et lui a demandé pourquoi il ne venait pas au concert. Par lui a expliqué et il a dit à son tour manager : "Amène-moi le promoteur. Je ne monte pas sur scène tant que ce garçon n’est pas au concert." Je respecte énormément cet homme, qui est toujours clean quand il monte sur scène et donne tout ce qu’il a. Donc c’est lui mon héros.
Vous avez choisi, une chanson assez inhabituelle, "To Hell and Back" comme premier single, pourquoi ?
J’adore la musique des western spaghetti, j’ai toujours pensé qu’on pourrait mélanger ça avec du metal. Par se moquait de moi pour ça. Mais j’ai réussi ! On a beaucoup réfléchi avec Par sur comment on pourrait connecter cette musique à des paroles. La musique et les paroles sont venues en deux temps. Il y a un Américain, Audie Murphy, qui est l’un des soldats les plus décorés de la Seconde Guerre Mondiale. Il a fait des trucs assez dingues pour qu’on en fasse un film avec Arnold Schwarzenegger ! [rires] De plus, il était très apprécié par les autres soldats sur le plan personnel. Quand il est revenu chez lui, il a écrit un livre intitulé "To Hell and Back". Il aussi écrit des poèmes qu’on a repris :
“Crosses grow on Anzio
Where no soldiers sleep
And where hell is six feet deep“
Après ça, il est devenu acteur et a tenu le rôle principal dans le film "To Hell and Back" et, ensuite, il a fait dans des westerns hollywoodiens. A croire que c’était écrit !
Penses-tu que cette chanson va amener plus de succès à Sabaton aux Etats-Unis ?
Ce n’est pas assez connu, pas assez fédérateur. En Pologne nous avons explosé avec "40:1". Ils ont la même fierté nationale que les Américains, mais sont plus intéressés par l’Histoire de leur pays. Au Royaume-Uni, ils aiment la chanson "Back in Control", mais c’est surtout parce qu’on chante sur leur pays. C’est plus une histoire de musique que d’Histoire. En Pologne, on a eu peur que plein de gens ne viennent que pour 40:1 sans se soucier du reste. Ce n’est pas le cas, les gens se sont renseignés et apprécient beaucoup "Primo Victoria". Il y a une grosse différence culturelle selon les pays. En Finlande, ils adorent les chansons qui parlent de leur pays aussi !
Passons à une autre chanson, "Hearts of Iron", et son solo repris de Bach qui fait penser à la démarche d’Accept pour "Metal Heart".
Oui, ça a commencé quand j’écrivais le couplet. Ce n’est pas la même tonalité, mais il y une partie ou les accords montent pendant que la basse descend. Et je me suis rendu compte que c’était le même procédé qu’avait utilisé Bach pour "Sarabande". Du coup j’ai essayé de la faire pour voir si ça collerait, je me souvenais l’avoir jouée dans un orgue d’église quand j’étais plus jeune. Le tempo collait, la chanson parle d’un soldat allemand, Bach était allemand. Je me suis demandé si on pouvait le faire, mais si Accept l’a fait, on peut ! [rires]
Parlant de reprises, vous avez aussi choisi une chanson de Metallica en bonus track.
"For Whom the Bell Tolls" était un choix évident pour nous. On hésitait avec "One", mais on l’a choisi pour des raisons égoïstes. Moi parce que je l’adore, Par parce que c’est la première chanson qu’il a jouée sur scène et Hannes parce que c’est la première qu’il a apprise à la batterie. Il y a aussi une chanson de Battle Beast. Je trouve dommage que les groupes ne jouent que des vieilles chansons. Dans les années 60, une chanson pouvait apparaître 3 fois parce que 3 groupes la jouaient et elle sonnait différemment à chaque fois. Je ne pense pas qu’on soit obligés d’avoir écouté une chanson depuis son enfance pour pouvoir la reprendre. L’album de Battle Beast est un de mes albums préférés sortis l’année dernière, j’adore leurs nouvelles chansons et leur nouvelle chanteuse. Elle est plus sexy qu’Udo Dirkschneider mais elle a quelques points communs avec lui. Désolé Udo ! [rires]
Cet été, Snowy Shaw avait assuré la batterie lors de votre tournée. Comment s’est passé son départ ?
Il nous avait dit depuis le début qu’il était content de rejoindre le groupe (c’est un vieil ami), mais qu’il ne voulait pas devenir membre permanent. Quand Robban Back est arrivé dans Sabaton, il ne savait pas qu’il aurait un enfant plus tard. Deux ou trois mois après le début de la tournée, il se rend compte qu’il va devenir papa. Donc on s’est mis d’accord pour qu’il fasse un break et qu’on prenne un remplaçant en attendant. Au début, il comptait revenir, mais il ne savait pas ce qu’il voudrait une fois le bébé arrivé. On savait qu’un changement de line-up se profilait, mais on ne voulait pas virer Robban parce qu’il allait avoir un enfant. Après que le bébé soit né, il nous a dit "Les gars, j’adore la musique et je ne veux pas m’arrêter de faire des tournées, mais vous faites 130 concerts par an, je serai loin de chez moi 250 jours par an, ce sera difficile, donc ce serait mieux pour vous de trouver quelqu’un d’autre." Snowy nous a rassuré en nous disant qu’il pouvait rester quelques mois de plus, tant qu’on ne pensait pas qu’il comptait rester de manière permanente.
Et maintenant, Hannes a rejoint l’équipe !
Oui, il était technicien batterie sur la tournée, on le connait depuis notre tournée avec Evergrey, c’est un mec adorable et c’est aussi l’élève de Snowy ! [rires] On pensait qu’il était occupé avec ses projets, mais il nous a entendu parler et s’est proposé, puisqu’il n’était pas très pris avec Evergrey. Du coup, on a répété "Primo Victoria" et au milieu de la chanson, Par et moi nous sommes regardés et on a su que c’était lui qu’il nous fallait. Changer de batteur est toujours difficile, parce qu’il faut que tout le monde apprenne à connaître son style. C’était moins difficile quand Frédéric Leclercq de Dragonforce nous a rejoint pour un remplacement à la guitare en 2011 par exemple, parce que, de toute façon, tout le monde se cale sur la batterie ! Quand Daniel a eu sa fracture au genou, Kevin Foley l’a remplacé. D’habitude, il joue du metal plus extrème, il a fait des remplacements pour Sepultura et Decapitated. Ensuite Robban est venu et à chaque fois, on a tous dû s’adapter au nouveau. Mais avec Hannes, c’est venu tout seul. Mais honnêtement, si tu peux jouer du Evergrey, tu peux jouer du Sabaton !
Il a apporté un nouveau groove à Sabaton, notamment sur la chanson "Far from the Fame".
Oui, je suis d’accord, je pense que c’est la meilleure partie de batterie que Sabaton ait eue. C’est le même genre de rythme qu’on a sur "Got Mit Uns". Le jeu de Daniel dessus est très bon, mais ce qu’Hannes a fait… "Elle est où ta troisième main ?" Il sait placer des coups surprenants et maîtrise bien l’art du silence, surtout là où on ne l’attend pas. Il fait aussi des breaks sur la caisse claire, comme Tommy Lee [Mötley Crüe].
As-tu eu le temps d’écouter l’album que Civil War [groupe des anciens membres de Sabaton] a sorti ?
Je n’avais pas aimé l’EP qu’ils avaient sorti avant l’album. C’était bien fait, mais les chansons ne m’interpelaient pas. J’adore leur chanteur, Patrick, on s’est retrouvé dans le même groupe à l’époque où je ne faisais que du clavier. Le bassiste est aussi notre ancien technicien guitare, donc ce ne sont que des amis ! Sur l’album, j’ai adoré la chanson "St. Patrick’s Day". Une autre m’a rappelé Sabaton, "I will Rule the Universe", à l’époque The Art of War. Ils n’écrivaient pas de musique, et maintenant ils font du Sabaton ? Je ne suis pas du tout en colère contre eux, mais je trouve que c’est meilleur quand ils n’essaient pas de se rapprocher de Sabaton. Après je comprends que les gens qui les écoutent sont, pour la plupart, des fans de Sabaton, donc c’est logique de s’en rapprocher, mais je préfère leurs compos quand ils n’essaient pas de rester dans cette ombre. Une bonne chanson reste une bonne chanson et à la fin elle gagne toujours.
Comment as-tu vécu le départ des quatre anciens membres ?
C’était dur de se séparer d’eux sur le plan personnel, mais vu qu’il y avait des enfants qui étaient concernés, maintenant ils peuvent jouer avec leur propre groupe, à leur propre rythme. En deux ans, ils font autant de concerts que nous en quatre ans. Donc c’était dur de se rendre compte qu’il ne restait que Par et moi, mais avec le recul, je me rends compte que je ne me suis jamais autant amusé en 10 ans ! J’ai toujours pensé qu’il y aurait un nouveau et un vieux Sabaton. Mais maintenant, ça reste Sabaton.
Du coup, es-tu resté en bons termes avec eux ?
Oui, je ne leur parle pas beaucoup, c’est naturel, parce que je tourne souvent, du coup je ne suis presque jamais chez moi ! Mais j’ai reparlé à Daniel quelques fois, ça s’est bien passé. En plus, le peu de fois où on se croise, c’est à un concert chez nous. Ce n’est pas le meilleur endroit pour entretenir une conversation ! Il y avait des tensions quand ils sont partis, mais nous nous sommes rendus compte que c’était mieux pour tout le monde. Ils ne voulaient pas s’arrêter, mais moins tourner. Du coup, fallait-il que Par et moi prennent un autre travail qu’on aime moins ou les laisser sur le chemin pour qu’ils puissent s’occuper de leurs familles respectives ?
D’ailleurs, vous avez continué de tourner et enchaîné les succès, on le voit avec ce concert en Pologne qui est sorti en DVD, joué devant un demi-million de personnes. Peu de groupes voient ça !
Non, c’est pour ça qu’on l’a enregistré ! Ça n’arrivera probablement pas deux fois ! C’est un gros festival en Pologne et ils ont considéré qu’on était assez gros pour faire la tête d’affiche, mais on ne pourrait jamais réunir autant de monde sur un concert normal. C’était assez drôle que The Darkness joue avant nous, on ne s’y attendait pas. Mais j’étais très nerveux. Pas parce qu’il y avait autant de monde, au contraire, je suis souvent plus nerveux quand il y en a moins, mais parce que je savais que c’était enregistré. Il y a toujours quelque chose qui te retient quand tu sais ça. En fait, je m’amuse plus maintenant, en le regardant !
Le succès continue, vous êtes bien placés sur l’affiche du prochain Hellfest !
J’espère que ça va nous servir ! J’adore jouer en France, surtout à Paris, on a plein de fans complètement dingues. Je me souviens de ce concert au Nouveau Casino [2010], sur la vidéo on peut voir 16 personnes slammer, rien que sur "Primo Victoria" ! C’est un record qui n’a pas encore été battu ! Mais en France, nous ne sommes pas le plus gros groupe qui existe, du coup, j’espère que cette place au Hellfest va porter ses fruits !
Nous nous souvenons de la controverse qu’il y a eu en Russie, où vous aviez failli être interdits de festival. Comment cela s’est-il terminé ?
Nous n’avons pas pu être interdits, mais nous avons reçu l’information trop tard et nous n’avions pas pu venir jouer. C’est dommage, parce que c’était l’anniversaire de fin de la bataille de Stalingrad et nous avons une chanson intitulée "Stalingrad" ! Ce sont juste les faits d’un homme politique local qui n’a jamais lu aucune de nos paroles et qui a pensé qu’on était des nazis. Il a dû avoir peur qu’on brûle le drapeau russe comme l’avait fait Bloodhound Gang deux semaines plus tôt. Mais nous sommes déjà venus en Russie avec Iron Maiden deux mois plus tôt et tout s’était très bien passé. C’est intéressant de se faire traiter de nazis après avoir été à la commémoration de la 87e division aérienne, qui combattait les nazis. On raconte des histoires et rien n’est plus étrange à ça que La Liste de Schindler de Steven Spielberg. Personne n’ira lui demander s’il est nazi. Mais avec la musique, étrangement, les gens pensent qu’il y a un message politique ou religieux derrière. Il n’y en a pas. Mais les gens mettent leur propre point de vue idéologique dedans. Du coup, certains nous aiment plus qu’ils ne le devraient, et d’autres nous détestent plus qu’ils ne le devraient !
Comment perçois-tu l’évolution du succès de Sabaton ?
En France, nous avons mis beaucoup de temps avant d’avoir un public, mais ensuite nous avons réussi à évoluer rapidement. Une chose que j’aime est qu’on est à un stade différent de notre carrière partout dans le monde. Un concert en tête d’affiche qui marche en Suède nous amène 6 000 personnes. Aux Etats-Unis, c’est 600. Et c’est quand ça marche ! Imagine les autres ! Parfois, on assure la tête d’affiche dans de gros festivals et d’autres fois on joue dans des festivals plus petits où il faut faire attention car il y a beaucoup de gens qui ne sont pas fans, ou pas encore. Tu ne peux pas juste commencer à chanter "To the gates of hell…" et laisser les autres continuer de chanter "Primo Victoria". Chaque jour est différent, j’aime ça. Un jour, on est dans une grosse salle en Suède et on nous demande combien de loges il nous faut. Et parfois aux Etats-Unis, il n’y pas de loges ! Donc tu mets une bouteille d’eau dans un micro-ondes après avoir fait un trou en haut, tu fais chauffer le tout et tu vas prendre ta douche dans le parking. C’est arrivé en Floride. Un jour tu es traité comme une superstar et l’autre comme un animal. C’est vraiment intéressant comme vie ! [rires]
Photos d'ambiance par Anastasiya Malakhova