Ça fait plaisir de voir un Glazart aussi rempli. Quelle affluence dans la salle de la Porte de la Villette. Rien qu’en rentrant à l’ouverture des portes on a déjà du mal à circuler entre les tables de la fameuse Plage. Le public est venu en nombre, buvant des coups ou se restaurant auprès du food truck. C’est fou comme ces travaux ont pu donner un nouveau cachet à cette salle qui en devient que plus agréable d’autant qu’une scène extérieure est en finition avec d’autres bars autour. L’ancienne gare routière se modernise dans le bon sens.
C’est donc Dead Pig Entertainment qui présente ce Stone Gatherings dédié au continent américain avec les vétérans américains d’Acid King, accompagné de leur compatriote de Black Cobra et des canadiens de Dopethrone.
Ça commence à l’heure et il n’est pas besoins de préciser que la salle est déjà pleine. Dopethrone vient nous présenter son 4ème opus Hochelaga, épais, lourd et pose son metal gluant sur un public ravi. Ils ont de la place sur scène, Vincent Houde les yeux exorbités balance riffs et voix possédées pendant que Big Borman ratatine ses futs d’une façon féroce (non je ne dirais pas bucherons, ça aurait été trop facile…). Quant à Vyk plus discret, il s’occupe de sa ligne de basse dans des vapeurs de fumigène bienvenues nous donnant l’esprit de leur musique qui rentre tout de suite dans le vif du sujet.
Les titres du dernier opus sont bien représentés avec « Dry Hitter », « Chameleon », « Scum Fuck Blues Witch » et son refrain facilement mémorable qui nous fait sourire « Smoke – Drink – Die » en finissant par l'entêtant « Riff Dealer » sur un total de 6 morceaux et font mouche dans la salle qui monte en température. Une prestation dotée d’un groove hypnotisant jouée par des mecs simples et abordables qui ne se prennent pas la tête.
Seul souci, et ce pour tous les groupes ce soir, c’est le son de la voix imperceptible dans les premiers rangs. En revanche en reculant dans la salle la voix redevient normale et largement audible.
Ensuite c’est au tour d’un duo de monter sur scène, formé d’ex-Cavity et Acid King, Black Cobra fait dans le Sludgecore/Doom/ huileux et bien crade non vidangé depuis des lustres. Prendre ses marques à deux sur une scène même petite n’a rien d’évident mais les Américains s’en sortent après quelques réglages. Ça headbangue à la vitesse des tempos bien lourds qu’ils nous envoient. Le public n'en attendait pas moins depuis leur dernier passage à Paris qui date maintenant de 2008. Eux n’ont rien sorti depuis 2011 bien que « Avalanche », « Corrosion Fields », « Obliteration » ou « Abyss » tirés d’Invernal soient joués ce soir …
Quand Acid King se prépare, c’est sans précipitation. Les musiciens possèdent l’expérience, prennent leur temps. Lori S fait ses branchements, règle ses Marshall avec ses yeux de comanche. La section rythmique ne fait pas dans la précipitation ? Ça gère. Les riffs s’effondrent sur nos tympans en mode low-fi. Les aficionados attendaient leur album depuis maintenant 10 ans et ils vont enfin pouvoir se le recevoir en pleine tête façon « live ».
La section rythmique tient la route, pas de frime, les fondations tiennent les titres entre les passages devant le micro de Lori et ses envolées de soli psychédéliques débordant de distorsion. Le concert se déroule tranquillement et ce même si parfois on sent une impression de ressemblance entre les morceaux. Le show peut parfois sembler long mais quoiqu’il en soit le groupe est pro et ne se laisse pas déborder, gérant son set comme on a pu les voir lors de l’édition 2014 du Hellfest.
Apparemment ils jouent de nombreux extraits de Middle of Nowhere, Center of Everywhere. Outre son intro et son outro, les Américains nous balancent « Red River », « Silent Pictures », « Infinite Skies », « Laser Headlights » et « Coming Down from Outer Space ». Et pourtant avec une telle musique ce n’est pas une référence à l’acide ou aux drogues (mais ça donne bien quand même), le groupe fait référence à Ricky Kasso (surnommé « The Acid King ») qui commit un meurtre d'inspiration satanique en 1984 à Northport, New York. La Messe est dite…le brouillard se dissipe, les cadavres sont au sol.
Lionel / Born 666