Kiss (+ The Dead Daisies) au Zénith de Paris (16.06.2015)


Rock grand-guignol, explosions et effets de scène en tous genres sont au programme ce soir, aux côtés de l’autoproclamé plus grand groupe de rock de tous les temps, j’ai nommé KISS.

Annoncé sold out depuis belle lurette, le Zénith de Paris est déjà à moitié plein quand nous arrivons vers 19h30. D’énormes banderoles KISS Army sont comme à l’habitude tirées de chaque côté de la scène, et, une fois n’est pas coutume, le Zénith arbore de deux écrans géants qui diffuseront en direct des images du concert.

Mais une question nous taraude : une salle de cette taille saura-t-elle accueillir toutes les infrastructures techniques du groupe américain ? Au vu des installations, la tyrolienne de Paul Stanley devrait être au rendez-vous, mais heureusement, la structure-araignée des années passées a été abandonnée, si bien que l’on a en face de nous la même installation que tout au long de la tournée.

 

The Dead Daisies


A 20 heures pétantes, le supergroupe The Dead Daisies entre en scène sur la bande de "Rock’n’Roll Damnation", d’AC/DC. Le premier concert français du groupe démarre sur les chapeaux de roue, au puissant rythme des fûts de Tommy Clufetos, qu’il est impressionnant de voir jouer de si près.
Le son est assez propre d’entrée de jeu, même si la basse vient un peu baver sur les autres instruments, problème assez récurrent dans les Zéniths français. Les solos de guitare de Richard Fortus sont bien mis en avant, et seul le clavier de Dizzy Reed, qui se démène pourtant comme un diable, reste malheureusement quasi inaudible.
 

The Dead Daisies


La setlist fait la part belle aux titres du nouvel album Revolución, dont nous ont parlé Dizzy et Richard la veille. Pas moins de cinq pistes de ce dernier disque sont jouées, dans le désordre : “Mexico”, “Devil Out Of Time”, “Looking For The One”, “Make The Best Of It” et “With You And I”. Du premier album éponyme des Dead Daisies, seul le hit “Lock’n’Load” est interprêté, grosse intro de talk-box efficace à l’appui.

Le frontman John Corabi semble ravi d’être ici, et il précise que c’est la première fois de sa longue carrière qu’il joue en France. En effet, toutes les prestations françaises de Mötley Crüe, ou encore Ratt, ont eu lieu lorsque le chanteur n’était pas aux commandes.
Plusieurs fois, alors que le public suit plutôt bien les morceaux, tapant des mains, et reprenant en choeur les refrains les plus simples, Corabi remercie le Zénith de rendre cette première visite si agréable. Il avouera même en fin de concert, sourire en coin, avoir perdu sa virginité musicale pendant la prestation.
 

The Dead Daisies


Les autres musiciens se démènent tous à leur manière : Richard Fortus arpente la scène, parfois en duck walk, tandis que Marco Mendoza harangue  le public et enchaîne les postures que certains malicieux qualifieraient de "crab metal".

En plus des sept morceaux originaux interprêtés, The Dead Daisies distille quatre reprises, dont “Midnight Moses” du Sensational Alex Harvey Band, et une version dantesque du “Helter Skelter” du Fab Four, qui n’a rien à envier à celle qui résonnait quelques jours plus tôt au Stade de France.

Sous des applaudissements fournis, la joyeuse bande est présentée au public, dont on n’arrive pas à savoir s’il réalise quels musiciens légendaires se tiennent devant lui, sous couvert du nom Dead Daisies.
 

The Dead Daisies


Un grand moment de rock’n’roll, authentique, puissant, et que l’on espère revivre en novembre prochain, comme promis !

Setlist :
Mexico
Evil Is Goin' On
(reprise d’Howlin’ Wolf)
Midnight Moses (reprise du Sensational Alex Harvey Band)
Looking for the One
Devil Out of Time
Make the Best of It
Hush
(reprise de Joe South)
Lock 'n' Load
With You and I
Face I Love
Helter Skelter
(reprise des Beatles)

 

KISS

Le Zénith de Paris est à présent plein à craquer. Une tenture géante arborant le logo du groupe vient masquer la scène où s’affairent les roadies. La tension monte peu à peu, quand tout à coup les lumières s’éteignent, laissant place à la bande de “Good Times Bad Times” de Led Zeppelin, pour presque deux heures de show à l’américaine.

Les écrans géants montrent le groupe se préparer et arpenter les couloirs du Zénith en direction de la scène, et le rideau finit par tomber, pour un départ en trombe.
Lasers, feux d’artifices, flammes et batterie à plusieurs mètres du sol sont au programme du premier titre, le classique “Detroit Rock City”. La moitié de la salle est debout, mais l’ambiance semble assez sage dans le pit. Le public chante timidement les chorus entonnés par les guitares, mais reste assez calme jusqu’à l’explosion finale qui clôt le morceau.
 

KISS


Dès le secon titre, “Deuce”, les habituels gimmicks sont de la partie. Tout y passe : Paul Stanley s’allonge à plat ventre pendant le début du morceau, adoptant une pose de pin-up renfrognée, puis joue de la guitare sous sa jambe gauche. Les cordistes se retrouvent enfin au centre de la scène pour lancer leur chorégraphie habituelle : on connait par coeur, mais ça fonctionne !

La sonorisation est très bonne au niveau des instruments, seules les voix sont un peu trop en retrait et noyées par le mix : c‘est  dommage, mais c’est peut-être une stratégie pour maquiller quelques faiblesses vocales du frontman, comme on le verra plus tard.
 

KISS


Paul Stanley a en effet quelques difficultés sur les notes les plus aigues du concert, mais rien de bien méchant. Il s’adresse par ailleurs au public en français au début du set, comme le font de plus en plus de groupes ces dernières années. Il parle de la France, qu’il décrit comme le pays “de Johnny Halliday, Charles Aznavour, Edith Piaf”, avant d’entonner la Marseillaise, qu’il s’avère connaître sur le bout des doigts ! Il met ainsi le public dans sa poche, le Zénith l’accompagnant sur l’hymne national sans se faire prier.

Le titre suivant, “Creatures Of The Night” est lancé sans transition, devant un immense logo animé KISS en fond de scène, qui demeure tout de même moins impressionnant qu’à l’époque où il était constitué de projecteurs.

Le show poursuit sa route, au gré des changements de vocalistes. Gene Simmons est d’ailleurs très en forme et les parties chantées à quatre sont très bien rendues, malgré la balance mentionnée plus tôt.
 

KISS


Le public réagit surtout aux titres les plus anciens, comme les véritables classiques “Lick it Up”, ou encore “I Love It loud” et “War Machine” de l’album Creatures Of The Night. Sur “I Love It Loud”, l’introduction est hurlée par tout un chacun, le jeu entre le public et le groupe fonctionne très bien. Tommy Thayer vient quant à lui régulièrement au contact des premiers rangs, en déambulant sur les passerelles latérales de la scène.

La militaire “War Machine” s’achève dans une débauche de flammes et de fumée lourde, au milieu de laquelle Gene Simmons vient cracher du feu, grâce à une lourde épée enflammée.
S’ensuit un petit discours de Paul Stanley, qui affirme malicieusement aux spectateurs qu’ils adorent “les 20 centimètres… de mes talons !”, avant de lancer "Do You Love Me”, sur fond d’images d’archives du groupe, principalement sans maquillage.

Dans la seconde moitié du concert, tous les effets de scène du groupe sont passés en revue. Paul Stanley délivre un solo pendant lequel il tire trois fusées avec le manche de sa guitare, peu avant de s'élever avec son comparse Tommy sur une plateforme, pour insérer un bout du “Won’t get Fooled Again” des Who au milieu de “Lick It Up”.

L’heure de gloire de Gene Simmons n’est bien sûr pas loin, et il finit par occuper seul la scène pour son habituel numéro, crachant du sang et s'envolant vers une plateforme au dessus de la scène.
 

KISS


Comme prévu, Paul Stanley vient au se joindre au public en tribune, en empruntant sa célèbre tyrolienne. Celle-ci le dépose sur la régie vidéo, où il passera deux titres, “Love Gun” et “Black Diamond”. Le public est en feu et se rattrape de son attitude passive du début du concert. C’est le moment que choisit le guitariste pour accueillir deux enfants du public sur sa plateforme : une attention toute simple qui ravit les jeunes fans et crée de la proximité avec le public. KISS sait sans conteste briser les barrières qui le séparent de son public, ce qu’il fait également en partageant la vue qu’ils ont du Zénith sur leurs écran géants. C’est sur cette impression de groupe énorme, mais resté accessible et proche de ses fans, que le set principal s’achève, dans un festival d’explosions et de fusées.

Le rappel ne se fait pas attendre longtemps, et mise sur l’efficacité, avec l’imparable triptyque “Shout It Out Loud” - “I Was Made For Lovin’ You” - “Rock’n’Roll All Nite”.
Le second déchaîne la fosse, ce qui facilite la tâche à un Paul Stanley fatigué, qui après un léger pain sur le premier couplet, laisse à ses fans le soin de chanter les refrains. Le dernier morceau de la soirée réserve sa traditionnelle pluie de confettis et serpentins, qui dans une salle de cette taille s’avère être un jouissif déluge recouvrant littéralement le public. Nul doute que de nombreux spectateurs auront retrouvé des poignées entières de confettis dans leurs vêtements en rentrant chez eux !

Gene Simmons et Tommy Thayer se hissent sur les bras tréléscopiques qui les emmènent au dessus de la fosse pour ce final explosif, qui voit Paul Stanley fracasser sa guitare au beau milieu de la scène.
 

KISS


Le show s’achève déjà, et tout le monde semble satisfait de la soirée qui vient de s’écouler. KISS maîtrise toujours son sujet, et ses gimmicks variés sont toujours un régal pour les yeux : le public sait ce qu’il verra, et est ravi de cette débauche d’effets grand guignol. On regrettera simplement un léger manque de renouvellement des effets pyrotechniques, et peut-être un public un  trop mou en début de set.

Pari réussi malgré tout pour KISS, qui nous a en plus promis un retour dans la capitale !

Setlist :
Detroit Rock City
Deuce
Psycho Circus
Creatures of the Night
I Love It Loud
War Machine
Do You Love Me
Hell or Hallelujah
Calling Dr. Love
Lick It Up
Bass Solo
God of Thunder
Cold Gin
Love Gun
Black Diamond

Encore:
Shout It Out Loud
I Was Made for Lovin' You
Rock and Roll All Nite

Photos : © 2015 Nidhal Marzouk (http://nidhal-marzouk.com/)
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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