Vendredi, 14h20 - Altar
Voir Shape of Despair en France est un événement d'une grande rareté. On pouvait alors s'imaginer que de nombreux aficionados feraient le déplacement pour ce moment, mais non, c'est une Altar plutôt clairsemée qui accueillera les Finlandais. La formation vient d'ailleurs de sortir une nouvelle œuvre, Monotony Fields, l'occasion ainsi de défendre ce nouvel album sur les planches du Hellfest.
C'est d'ailleurs avec la pièce éponyme de l'album que le concert démarrera. Et malheureusement, pas dans les meilleures conditions : le son est mauvais, les instruments se distinguent peu entre eux, quelques larcens viendront briser l'ambiance et la chanteuse Natalie Koskinen peine à s'entendre et à se faire entendre, forçant ainsi sur sa voix lors de ses interventions vocales durant ce premier titre. Un problème qui se corrigera au fur et à mesure du set mais qui s'avère cruellement handicapant pour une musique aussi introspective que le funeral doom.
Les Finlandais misent énormément sur l'ambiance, ce qui est inhérent au genre. Force est de constater que celle-ci ne sera que partiellement instaurée. Le plus frustrant, c'est que la faute n'est pas à remettre sur le compte du groupe. Mais sur une scène vaste comme l'Altar, en début d'après-midi, difficile d'être dans les conditions adéquates pour s'immerger dans un tel concert. La formation n'est d'ailleurs pas du genre à tout donner dans le visuel : si Natalie est de noir vêtue et se révèle intrigante et mystérieuse, les autres membres du combo sont bien plus sobres. L'attitude des musiciens est d'ailleurs plutôt statique, ce qui n'est en soi aucunement dommageable pour le style pratiqué. Seulement, les personnes qui attendaient d'en prendre plein les yeux ont sûrement été déçues. L'unique artifice employé proviendra d'une légère fumée recouvrant la scène.
Cette mise en scène dépouillée n'est pourtant pas contraire à la musique délivrée. Le propos de Shape of Despair est introspectif, et se capte nettement mieux en fermant les yeux et en se laissant aller au gré des longues minutes composant les pistes offertes par les Finlandais. Le public est guidé par les growls profonds d'Henri Koivula, tandis que sa comparse Natalie nous enchante de sa voix aérienne. Les deux musiciens livrent une excellente performance du début à la fin, et ce même en dépit des problèmes de son dont souffrait la frontwoman lors de la première piste. Chacun est parfaitement dans son rôle, concentré sur son instrument, et dévoué à instaurer une ambiance glaciale, rêveuse et mélancolique sur l'Altar.
Le combo n'hésitera pas à retourner vers ses premières sorties, en interprétant « Woundheir » de l'album Shades Of…, ce qui constitue l'un des moments forts de ce concert. Pourtant, la foule ne semble pas des plus convaincues par les Finlandais. Beaucoup viennent puis repartent, hermétiques à la performance. Et il serait difficile de les blâmer, les conditions n'étant pas des plus adéquates pour s'immerger dans un set de Shape of Despair. Pour les autres, qui parviennent à s'imprégner des superbes ambiances du groupe, les quarante minutes allouées défilent bien trop rapidement.
La performance s'est révélée appréciable. Un beau moment de douceur qui a permis de s'évader pendant un temps. Cependant, on ne peut s'empêcher d'être déçu par le fait que ce set aurait pu être encore meilleur avec des conditions plus appropriées. Avec un horaire plus tardif et sous la Valley, par exemple. Quoiqu'il en soit, le plaisir d'avoir pu assister à un concert de Shape of Despair reste le sentiment dominant.
Photos : ©2015 Thomas Orlanth
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