Voivod Domine
Cela faisait un bail qu’on n’avait pas vu ces chers Voivod faire un concert en tête d’affiche en France. Leur passage au Covent Garden avec Enabler semblait donc être plus que providentiel, d’un côté pour la légende, de l’autre pour le potentiel révélé sur disque. Malheureusement, Enabler annula sa venue, et fut remplacé par les vétérans Français de The Cleaner. Au programme donc : du thrash toute la nuit !
The Cleaner
C’est avec des riffs de thrash bien classiques, mais efficaces, que The Cleaner nous accueille dans la petite salle du Covent Garden. On peut remarquer que leur chanteur Sam arrive à moduler sa voix pour qu’elle ait des tessitures différentes, ce qui est intéressant pour un genre musical où le chant est souvent monotone.
On peut remarquer que la section rythmique est bien puissante, et qu’une belle énergie se dégage du set. En plus de cela, chose quasi-systématique au Covent : le son est excellent, et ça fait vraiment plaisir d’écouter une première partie avec un tel son. Si seulement ça pouvait être le cas pour… allez, 60% des concerts que nous allons voir pour La Grosse Radio… En tout cas, les Français ont de la chance : le bouche à oreille crée par la venue de Voivod fait que la salle est déjà remplie pour la première partie, chose rare au Covent Garden !
Néanmoins, en dépit de quelques passages mid tempo bien pensés, le problème de The Cleaner est que leur concert s’essouffle vite. Ces compositions manquent d’audace, même pour du thrash, car on y retrouve toujours le même type de riff à la guitare. Un peu de rage rock n’ roll en plus ne ferait pas de mal. Ajoutons à cela une exécution perfectible à la guitare, et on obtient un concert honorable, mais qu’on oubliera vite... Surtout quand on connaît, avec le recul, la correction que va nous administrer le combo québécois.
Voivod
Voivod… Un groupe resté confidentiel injustement, et j’en veux pour preuve le fait qu’ils se retrouvent au Covent Garden, après un Divan Du Monde avorté en 2011, faute de préventes ! Quelle honte quand on y pense, car il s’agit bien là d’une des formations les plus influentes du thrash metal. Aujourd’hui avec un line up à la fois composé de membres fondateurs et de «ptits jeunes », la formation avait fort à faire pour assurer un concert à la hauteur de sa renommée…
C’est avec un titre du dernier album, Target Earth, que Voivod atterrit au Covent Garden, l’agressif « Kluskap O’Kom ». Et là, disons-le franchement, c’est la gifle, franche et incontestable. Bon sang, quelle puissance !! A la guitare, le génie Dan Mongrain, ancien guitariste de Martyr, nous fait don d’une interprétation virtuose et classe du répertoire. Ca fuse dans tous les sens, en solo, en rythmique, ce type est un bulldozer tout terrain, rien ne l’arrête. Avec en prime les grimaces mêlées à de grands sourires aux premiers rangs de spectateurs qui le regardent d’un air ébahi. Nous avons là affaire à un très grand musicien du metal, d’autant plus qu’il gère aussi très bien les chœurs, qui sont souvent nécessaires pour instaurer le climat extraterrestre de la musique de Voivod.
Mais les autres ne sont pas en reste, en particulier Away, qui est toujours aussi essentiel au son de Voivod avec son jeu très saccadé et puissant. Pendant cette heure et demi, il va littéralement martyriser sa grosse caisse avec des attaques très puissantes, sans faiblir ni discontinuer jusqu’à la fin du set. De son côté, Snake est malade, mais on dirait bien que l’adrénaline du concert lui donne un bon coup de jus. Vocalement, il arrive largement à tenir la route, même si sa voix n’est certes pas aussi effrayant qu’aux débuts de la formation… Difficile de lui en vouloir, surtout qu’il assure le spectacle avec une communication malicieuse avec le public, à grand coup de clins d’œil et de blagues pour nous autres, Français, qu’il appelle « nos cousins ».
Au niveau de la setlist, difficile de faire mieux : ça pioche dans le meilleur de Voivod à savoir Nothingface, Killing Technology et autres Dimension Hatröss, sans oublier quelques titres récents dont le très réussi « We Are Connected » sorti en single cette année, révélant un Voivod n’a rien perdu de sa superbe. Et le petit nouveau Rocky à la basse s’en sort très bien. Avec un jeu de scène énergique et une excellente exécution à la basse. Le public, lui, est complètement possédé. Ca chante, ça danse, ça headbangue dans la joie et la bonne humeur de revoir Voivod en si bonne forme. « Dis-donc, vous êtes bruyants » glisse Snake, « Vous chantez en chœur ! ». Tabernacle !
Raaaaah, ils s’en vont… C’est déjà fini ? Non, ma brave dame… A peine après avoir fais souffler les bougies à Away sur son kit de batterie, les Québécois rempilent pour les deux chansons que nous attendons tous : « Voivod », cri de ralliement punk par excellence, mais surtout leur célèbre reprise de Pink Floyd « Astronomy Domine ». Snake en profite pour faire un hommage bref mais poignant au défunt guitariste du groupe Piggy : « on n’oubliera jamais Piggy !!! » Pour sûr, il ne sera pas oublié, et ce concert était le meilleur hommage imaginable pour ce musicien de talent. Le public sort du Covent Garden, des étoiles plein les yeux. On en veux une deuxième dose au plus vite ! Et ça tombe bien, Voivod est sur la tournée qui constitue sans doute l’affiche metal de l’année avec Carcass, Obituary, Napalm Death et Herod le 22 novembre prochain à la Cigale !
Setlist :
Compte rendu par Tfaaon (Facebook)
Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
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