Metal et prison : partie 1
La nouvelle édition du festival Alcatraz a fait des heureux en cette année 2015. Pour la troisième fois en extérieur, 12000 festivaliers se sont réunis pour headbanguer au rythme de groupes classiques et extrêmes. Voici notre report de la première journée de l'événement, qui avait notamment pour tête d'affiche Nightwish.
NDLR : suite à des problèmes survenus lors du trajet, notre équipe n'a pas pu assister aux concerts de Wolf, Armored Saint, Death Angel et Moonspell. Le report commence donc à Queensrÿche.
Queensrÿche
Si Queensrÿche n'a pas donné de concert en France depuis 2009 (au Hellfest), le groupe s'était déjà fendu de deux concerts en Belgique en 2013. Cependant, nombreux sont les festivaliers réunis devant la scène du festival Alcatraz pour apprécier la prestation des Américains, qui s'annonce prometteuse.
On remarque avant tout que le groupe met l'accent sur une setlist old school. Hormis "Arrow of Time", extrait de leur prochain album Condition Hüman, aucun titre post-Operation Mindcrime n'est joué. Ainsi, le groupe s'éclate avec des titres de son premier EP, dont les rapides "Nightrider" et "The Needle Lies"ou encore des tubes comme "Breaking the Silence" et "Eyes of a Stranger".
Côté musicien, tout le monde est rodé et pro. Parker Lundgren et Michael Wilton sont excellents aux guitares, se renvoient la balle pour les solos et s'adonnent à des parties harmonisées de toute beauté, avec un son très proche de celui du studio. Côté rythmique, Eddie Jackson et Scott Rockenfield sont solides et parfaitement en place. En plus d'être à l'aise avec leurs instruments, on remarque qu'ils harmonisent aussi parfaitement leurs voix pour les choeurs, offrant ainsi une prestation sans faille.
Il en est de même pour Todd La Torre, qui relève le lourd défi de succéder à Geoff Tate, chanteur emblématique du groupe. La tâche est accomplie avec brio, tant le frontman se montre à l'aise, même au sommet des aigus. S'il est quelque peu à l'économie sur "Arrow of Time", on ne peut qu'applaudir sa prestation sur l'outro d'"En Force" ou sur l'hymne incontournable "Take Hold of the Flame".
Après avoir donné un concert sans accroc, Queensrÿche montre qu'il est définitivement de retour sur les rails et tient ses promesses, avec un line up désormais solide et un nouvel album fort attendu.
Setlist :
Anarchy-X
Nightrider
Breaking the Silence
The Whisper
En Force
The Needle Lies
NM 156
Arrow of Time
Eyes of a Stranger
Queen of the Reich
Take Hold of the Flame
Michael Schenker's Temple of Rock
Place maintenant au hard rock avec l'arrivée du nouveau projet de Michael Schenker, Temple of Rock. Sachant comment attirer le public vers lui, le guitariste allemand commence son set avec un tube incontournable, "Doctor Doctor", qui fait partie des tubes qui ont fait sa gloire à l'époque où il jouait dans UFO.
Et nombreuses sont les reprises au cours de ce concert. Michael Schenker l'a bien compris, les fans sont là pour ses tubes éternels. Côté UFO, il s'éclate avec "Lights Out" et surtout "Rock Bottom", qui bénéficie d'un solo rallongé et particulièrement bien interprété. Mais UFO n'est pas le seul groupe qu'il reprend. En effet, il rappelle en jouant "Lovedrive" de Scorpions qu'il a participé à l'enregistrement de l'album du même nom, ce qui n'est pas le cas de "Rock You Like a Hurricane". Mais puisque les anciens de Scorpions Herman Rarebell et Francis Bulchoz assurent la section rythmique, autant qu'ils se fassent plaisir.
Si ce joyeux petit monde est très à l'aise avec son instrument, on regrettera que le talentueux Doogie White se montre un peu poussif sur les aigus. En revanche, l'ex-chanteur de Rainbow n'a rien perdu de son feeling et de son sens de l'interprétation et navigue entre morceaux de UFO, Scorpions et Temple of Rock tout en restant pertinent. On remarque que la communication avec le public n'est pas mise en avant, au profit de la musique.
Dans un délai relativement court, Michael Schenker et ses acolytes ont su présenter un set varié et cohérent. Les fans les plus invétérés remarquent le manque de titres de MSG, mais bouder son plaisir serait dommage devant une telle prestation, avec son lot de tubes et de nouveautés.
Setlist :
Doctor Doctor [reprise de UFO]
Live and Let Live
Lights Out [reprise de UFO]
Vigilante Man
Natural Thing [reprise de UFO]
Before the Devil Knows You're Dead
Lovedrive [reprise de Scorpions]
Lord of the Lost and Lonely
Rock You Like a Hurricane [reprise de Scorpions]
Rock Bottom [reprise de UFO]
Overkill
Il est temps de thrasher dans son froc avec les New-yorkais d'Overkill. Après avoir tourné à travers l'Europe au printemps dernier avec Sanctuary, ils sont de retour pour montrer que, malgré l'âge, ils sont toujours prêts à envoyer la sauce.
En presque une heure de temps, les thrashers ne lêvent pas le pied et ne proposent que des titres supersoniques ou des hymnes. Ainsi, l'agressive "Hammerhead" est toujours de mise en deuxième position, et les classiques comme "Hello from the Gutter" se mêlent aux titres plus récents comme "Ironbound" et "Armorist", seul réprésentant du nouvel album du groupe, White Devil Armory.
Au delà de la rapidité d'exécution, le frontman Bobby Blitz Elsworth arrive à se mettre le public dans la poche en un claquement de doigts. Il sourit au public et le complimente, en lui ironisant sur le fait qu'il se sente comme s'il avait à nouveau 50 ans. Et il arrive également à bien réveiller les Belges, le moment le plus probant étant pendant "In Union We Stand", où tout le monde se brise les cordes vocales sur le refrain.
Derrière Bobby, la machine est bien huilée et dévastatrice. D. D. Verni, bassiste et leader du groupe, sait se mettre en avant dans le mix comme sur scène et expose son attitude de leader charismatique pendant que Dave Linsk s'éclate avec ses leads dévastateurs et que Derek Tailer assène coup sur coups ses riffs agressifs, au rythme de la frappe maîtrisée de Ron Lipnicki.
Fier représentant du thrash old school, Overkill persiste et signe pour faire éclater son énergie sur scène. Énergie qui est contagieuse, preuve en est faite avec l'attitude du public pendant la prestation des Américains.
Setlist :
Xdm [sur bande]
Armorist
Hammerhead
Electric Rattlesnake
In Union We Stand
Rotten to the Core
Bring Me the Night
End of the Line
Hello From the Gutter
Ironbound
Elimination
Fuck You [reprise de The Subhumans]
W.A.S.P.
Blackie Lawless et ses sbires reviennent au festival Alcatraz, après avoir laissé un souvenir positif en 2014. Au programme, changement de batteur, Randy Black (ex-Annihilator) a pris la place de Mike Dupke entretemps et se montre tout à fait à l'aise pour assurer les parties de batterie du groupe de hard rock.
Cependant, il s'agit bien là d'un des seuls changements par rapport à la prestation de l'année précédente. En effet, sur les huit titres joués lors du set, sept étaient déjà présents lors de la prestation précédente. L'ordre est aussi quasi-similaire, avec le medley "On Your Knees / The Torture Never Stops" pour commencer, de même que l'enchaînement des trois titres suivants, et l'incontournable "Blind in Texas" pour finir le show.
Comme d'habitude, Doug Blair fait des merveilles pendant le solo de "The Idol" et Blackie, malgré ses choix vestimentaires discutables, se montre toujours mobile et en voix, malgré un contact avec le public relativement limité. La machine tourne en pilote automatique, ce qui est compréhensible, mais dommage quand on participe au même festival à deux éditions consécutives. Une présentation de l'album Golgotha, dont la sortie est imminente, ou quelques fantaisies dans le set, auraient été bien venues.
Setlist :
On Your Knees / The Torture Never Stops
The Real Me [reprise de The Who]
L.O.V.E. Machine
Wild Child
The Idol
I Wanna Be Somebody
Chainsaw Charlie (Murders in the New Morgue)
Blind in Texas
Trivium
Après le hard rock old school de W.A.S.P., place aux jeunots de Trivium et à leur metal mélodique moderne. Haut-placés sur l'affiche, Matt Heafy et sa bande décident de contenter tous leurs nombreux fans en piochant dans l'ensemble de leur discographie, si bien qu'aucun album n'est oublié à part Ember to Inferno.
Ainsi, le groupe rappelle ses débuts plus orientés metalcore avec notamment "Pull Harder on the Strings of Your Martyr", de l'époque Ascendancy, n'oublie pas les deux tubes de son dernier album en date, dont l'entraînant "Strife", et présente même un morceau tout frais : "Blind Leading the Blind", extrait du prochain album Silence in the Snow, qui aurait été inspirée par "Heaven and Hell" de Black Sabbath.
En bon frontman qui se respecte, Matt Heafy se montre proche de son public et n'hésite pas à utiliser les micros de ses acolytes Corey Beaulieu et Paolo Gregoletto pour se retrouver en face de ses fans. Mais son attention va encore plus loin, lorsqu'il stoppe la chanson "Throes of Perdition" afin qu'une fan qui a fait un malaise puisse évacuer la fosse en toute sécurité. Mais la bonté du frontman ne joue pas la faveur de son groupe, si bien qu'il doit couper "Dying in Your Arms" pour jouer "In Waves" et finir le set dans les temps.
Malgré quelques difficultés techniques, Trivium a su donner un concert de qualité, avec des musiciens en place et un public dedans. Au milieu d'une affiche plutôt old school, le groupe a su relever un défi intéressant et s'en sortir avec les honneurs.
Setlist :
Brave This Storm
Down from the Sky
Becoming the Dragon
Strife
Pull Harder on the Strings of Your Martyr
Built to Fall
Throes of Perdition
Anthem (We Are the Fire)
Black
Blind Leading the Blind
Dying in Your Arms / In Waves
Écrit avec Ormagodden
Nightwish
Dernier groupe de la première journée d'Alcatraz, Nightwish occupe la tête d'affiche et est prêt à faire vrombir son metal symphonique. Pour cela, le groupe a mis en place un gros show et est bien décidé à en mettre plein la vue du public, à grands renforts de jets de flammes et de feux d'artifice, notamment au final grandiose avec "Last Ride of the Day".
Deux ans après avoir assuré la tête d'affiche à la première édition du festival, les Finlandais s'éclatent comme il faut avec un set tout nouveau avec plus de la moitié des titres renouvelés. Ainsi, les Belges peuvent headbanguer sur l'entraînante "Stargazers" sortie de derrière les fagots, s'enlacer amoureusement sur "Sleeping Sun", ou profiter des nouveautés, notamment l'épique "The Greatest Show on Earth", fort bien interprétée.
Au centre de la scène, la Hollandaise volante Floor Jansen se montre particulièrement en voix et a même tendance à éclipser son acolyte Marco "Yours Is an Empty Hope", titre sur lequel elle montre une rage sans fard. Elle sait cependant se faire plus nuancée quand c'est nécéssaire, notamment sur "My Walden" ou l'épique "Ghost Love Score".
En plus d'être en voix, elle se montre très communicative avec le public, s'amusant à enchaîner les blagues sur la prison d'Alcatraz avec Marco entre les chansons et multipliant les références au décor de la scène, bien à l'avenant. Humour et bonne humeur sont omniprésent, même avec le multi-instrumentiste Troy Donocley qui déclare ne savoir parler qu'italien… en anglais.
Côté orchestre, ça assure comme il faut, avec une rythmique soutenue par Kai Hahto et Marco Hietala, pendant que Tuomas headbangue derrière son clavier. Même Emppu Vuorinen, connu pour ne pas être toujours à l'aise à la guitare, rentre sans trop de difficultés le solo de "She Is My Sin", ce qui n'avait pas été le cas lors du dernier Hellfest.
Gros show, setlist solide et musiciens en place. Tous les éléments ont été réunis pour rendre la prestation de Nightwish à Alcatraz inoubliable et rendre le public fou de joie de voir son groupe de metal symphonique faire péter la pyro et les tubes sans sourciller.
Setlist :
Hans Zimmer - Roll Tide [sur bande]
Shudder Before the Beautiful
Yours Is an Empty Hope
Amaranth
She Is My Sin
My Walden
Élan
Weak Fantasy
Storytime
I Want My Tears Back
Stargazers
Sleeping Sun
The Greatest Show on Earth [parties 1, 2 et 3]
Ghost Love Score
Last Ride of the Day
The Greatest Show on Earth : parties 4 et 5 [sur bande]
Photos : © 2015 Olivier GESTIN / INTO The PiT Photographe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.