Comme première date de la tournée européenne, Kamelot aura donc choisi Paris et la Cigale, pour un concert annoncé complet quelques heures avant le show. Second passage pour le groupe depuis l'arrivée de Tommy Karevik, prêt à présenter leur second album depuis le changement de chanteur. Dès sa première tournée, Tommy avait su convaincre par sa présence scénique et ses interprétations, qu'en est-il après trois ans de collaboration ?
Kobra and the Lotus
En guise d'apéritif, Kamelot est donc accompagné des Canadiens de Kobra and the Lotus, Kobra désignant la chanteuse et compositrice du groupe, Kobra Paige. Formation qui réalise un véritable carton outre Atlantique, c'est dans l'anonymat le plus complet que le groupe prend place dans la salle parisienne. Et il y a fort à faire, le public de Kamelot n'étant pas les premiers fans d'un heavy hargneux préparé par Kobra et sa bande.
Le constat est mitigé. Le groupe dégage une belle énergie, mais les compos présentées manquent d'efficacité et sonnent toutes de la même manière. Le chant éraillé est original et plein de bonne volonté, mais le vibrato permanent en live à tendance à déranger un peu. Le pauvre Peter Dimov à la basse ne parviendra pas à régler ses soucis de coupure de son malgré un changement d'instrument. Ajoutez à cela un light show sans énergie, quelques soucis de volume sur les guitares, un manque de contact avec le public...
Le public réagit timidement lors des 30 minutes de set. Quelques riffs arrivent cependant à attirer l'attention ("I Am, I Am" ou encore "Warhorse") et il serait dommage d'en rester là pour un groupe si prometteur. A surveiller tout de même, Paris étant la première date de la tournée, un peu de temps sera peut être nécessaire aux Canadiens pour prendre leurs marques.
Gus G
Quinze minutes de pause, et les lumières s'éteignent. "Rock You Like a Hurricane" de Scorpions sera l'intro du concert, passée quasiment en entier (un peu long quand on attend dans le noir tout de même). Le Gus G Band se présente sur scène pour un set centré sur les deux albums du virtuose grec, mais pas que. Les fans de Firewind ne seront pas oubliés avec le titre "World on Fire" (Johan Nunez étant également sur scène, dommage de ne pas en profiter).
Les morceaux tirés de ses deux albums solo, que l'on peut résumer en un heavy metal mélodique sympathique mais pas vraiment original, passent haut la main l'épreuve du live. Le son est assez bon, la guitare n'est pas trop en avant et pour quelqu'un qui découvre, à part lors du long solo de monsieur Gus G, l'illusion d'un groupe formé depuis longtemps est parfaite. Henning Basse assure sans soucis au micro le rôle des nombreux invités sur album, tout en étant bien plus proche du public que le groupe précédent. Les trois musiciens n'hésitent d'ailleurs pas à s'avancer au plus près des premiers rangs, sur l'avant scène libre de retour et autre matériel, profitant d'un bain de foule à chaque passage. Le public se réveille enfin, répondant présent aux relances énergiques du chanteur.
La guitare en croix, les longs cheveux et la posture du guitar hero sont évidemment le clou du spectacle. Gus G, tout sourire, nous envoie ses notes à la vitesse de la lumière, aidé par une basse rauque à souhait et une batterie très présente pleine d'énergie. Des titres comme "Redemption" ou "Eyes Wide Open" n'ont aucun mal à faire bouger les têtes. Même le solo arriverait presque à nous convaincre ! C'est pas encore ça, mais on s'en approche. Le quartet quitte la scène de la Cigale en ayant convaincu une bonne majorité de la salle, preuve en est, l'assaut lancé sur le stand de merchandising à la fin de la soirée.
Setlist:
Burn
Brand New Revolution
Eyes Wide Open
Come Hell or High Water
World on Fire (Firewind)
The Quest
Terrified
Redemption
I Am the Fire
Kamelot
Cela faisait plus de deux ans que Kamelot n'avait pas posé ses amplis en France, ayant soigneusement snobé nos contrées lors de la dernière tournée européenne. Inutile de dire que le public est présent et attend de pied ferme l'arrivée du combo américano-suédois, alors que la scène se monte au son de Disturbed, Machine Head ou Evanescence. Pas de changement de disposition par rapport à la dernière tournée : claviers choriste et batterie surélevés en fond de scène, backdrop à l'effigie du dernier opus Haven, et place nette en avant scène.
Les lumières s'éteignent et la foule (pas très masculine ce soir là) exulte. L'éternelle introduction instrumentale voit arriver chaque membre dans la pénombre, jusqu'au début de "Veil of Elysium" ou la troupe apparaît au complet dans la lumière. Titre parfait pour débuter les hostilités, l'intro heavy remue la fosse qui commence à faire souffrir le parquet de la salle.
Si la setlist donne la part du lion aux titres du nouvel album, quelques classiques sont présents. Tellement classiques qu'il faudrait penser à renouveler le stock : la majorité des titres ayant très souvent été joués lors des tournées précédentes ("Karma", "Forever", "Center of the Universe", "Rule the World", "When the Lights Are Down"...). Dommage de ne pas avoir pioché un peu plus dans les premiers albums du groupe pour créer la surprise, quitte à délaisser les deux piliers que sont The Black Halo et Ghost Opera.
On se console facilement grâce à l’interprétation de chaque morceau. Nouveaux comme anciens, le groupe maîtrise son sujet à la perfection. Sean Tibbetts à la basse arpente la scène en faisant tournoyer ses tresses, Thomas Youngblood s'applique dans ses solos comme dans les choeurs, Casey Grillo matraque ses toms sans relâche et Oliver Palotai agrémente le tout de nappes de claviers, en plus de la bande son habituelle. Servis par un très bon son (même dans les premiers rangs) ainsi que d'un light show démoniaque, le show de Kamelot en béton armé emporte le public parisien.
Largement acclamé par la foule, Tommy Karevik passe encore à la vitesse supérieure. Vocalement et scéniquement, le suédois joue son rôle avec encore plus de rigueur que lors des premières tournées. Ses interprétations des anciens titres sont très convaincantes, mention spéciale à "Center of the Universe", brillamment améliorée. Au plus proche des gens, Tommy n'hésite pas à attraper la main d'une spectatrice au bord des larmes lors de la ballade "Song for Jolee".
L'habituelle choriste féminine est de la partie: si Elyze Ryd ou Alissa White-Gluz faisaient partie du voyage lors des dernières tournées (Elyse sera présente exceptionnellement lors de quelques dates en fin de tournée), c'est Linnéa Vikström de Therion qui accompagne le groupe sur quelques titres, quitte à se demander parfois si la gestuelle, à la Sharon Den Adel (donc un rien ridicule) est vraiment nécessaire. Habillée dans le style Cinquième Element, Linnéa remplace donc les voix féminines des titres joués, hormis les parties hurlées d'Alissa jouées en playback, dommage.
Passé l'habituel solo de batterie inutile au possible, le nouveau titre "Liar, Liar (Wasteland Monarchy)" et l'éternel "Forever", le groupe se retire quelques instants, pour revenir en rappel terminer le travail en beauté. Les deux derniers titres permettent à Linnéa de s'avancer pour un final en duo sur "Sacrimony" et "Revolution". Kamelot quittera la scène après un dernier bain de foule sous des applaudissements nourris.
Pari gagné pour le retour du groupe en France, avec un concert maîtrisé de bout en bout. Même si en studio Kamelot a perdu un peu de sa superbe, le live est une valeur sûre, et l'idée d'un éventuel DVD live prend depuis quelques temps tout son sens. On attend la prochaine surprise avec impatience !
Setlist:
Veil of Elysium
When the Lights are Down
The Great Pandemonium
Center of the Universe
Karma
Torn
Song for Jolee
March of Mephisto
Decibel
Rule the World
Insomnia
Drum Solo (Casey Grillo)
Liar Liar (Wasteland Monarchy)
My Confession
Keyboard Solo (Oliver Palotai)
Forever
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Sacrimony (Angel of Afterlife)
Revolution
Continuum
Crédit photos: Nidhal Marzouk.
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