A peine deux semaines après la sortie de Suicide Society, le nouvel album des Canadiens d’Annihilator, Jeff Waters et sa bande posent leurs valises au Divan du Monde. La curiosité de voir cette nouvelle mouture d’Annihilator est grande, puisque depuis le départ de Dave Padden, le fondateur du groupe a repris la place laissée vacante au micro. Et si La Grosse Radio était présente au Festival Alcatraz pour juger de l’efficacité du nouveau line-up, un énième coup du sort avait frappé le combo, ayant dû annuler le concert au bout de deux titres. D’ailleurs, le sort semble s’acharner sur Jeff Waters, puisqu’une panne de bus a frappé le combo à quelques heures de leur arrivée à Paris. Mais plus de peur que de mal, les Canadiens joueront bien ce soir, accompagné par les jeunes pousses que sont Harlott et Archer.
Archer
La salle est loin d’être pleine lorsqu’Archer entame son set. Mais qu’importe, le trio se donne avec son heavy thrash fort sympathique. Les Américains sont venus défendre Culling the Weak, leur deuxième album sorti cette année, et tentent de réveiller l’audience qui réserve son énergie pour le show d’Annihilator. Néanmoins, Dylan Rosenberg, leader de la formation, n’hésite pas à venir au plus près du public, pied sur le retour de scène, et à envoyer des soli rappelant les classiques du genre, Megadeth en tête.
Et en parlant de Megadeth, le trio choisi de terminer son set sur une reprise du groupe de Dave Mustaine, « Tornado of Souls ». Rien de mieux pour surprendre le public et faire bonne impression avant de quitter la scène. Si la reprise reste très proche de l’originale, le groove du refrain est très bien retranscrit. Bonne pioche pour Archer qui recueille ainsi les applaudissements nourris du Divan du Monde à la fin de leur set.
Harlott
Le thrash old school a le vent en poupe ces dernières années, comme le montre l’émergence d’Havok, Mortillery, Lost Society ou les plus anciens Municipal Waste. Mais cette fois ci, c’est d’Australie qu’un nouveau prétendant débarque. Harlott profite de cette tournée européenne avec Annihilator pour jouer des titres de Proliferation, son dernier album sorti cet été. Si les compositions sont somme toute assez classiques, le Divan du Monde semble apprécier la prestation pleine d’énergie du combo. Il faut dire que le thrash est un style qui fédère facilement un public avec ses rythmiques entrainantes et de ce côté-là, Harlott joue la carte de l’efficacité au dépend de l’originalité.
Les premiers circles pits (assez timides cependant) de la soirée se déclenchent durant le set des Australiens, ce qui fait sourire les membres du groupe. Sur scène, les musiciens sont cependant assez statiques, en raison principalement de l’étroitesse de la scène. La batterie de Mike Harshaw d’Annihilator occupe une bonne partie des planches, si bien que Tim Joyce, le batteur d’Harlott, a monté son kit sur le devant de la scène, donnant l’impression d’un espace bien trop restreint. Mais qu’importe, l’énergie est bien là. Si les musiciens, et particulièrement Andrew Hudson (chant), font encore preuve de timidité, Harlott est tout de même une formation à suivre, qui aura permis de passer un agréable moment avant le clou du spectacle.
Annihilator
Après un entracte un peu long durant lequel le public s’impatiente, les lumières s’éteignent et le hit de Scorpions, "Rock You Like A Hurricane", démarre dans la sono. Le public reprend les paroles du refrain, cependant bien conscient que le hard rock allemand sert d’introduction à un bon vieux thrash des familles. Et quelle entrée en matière de la part des Canadiens. Dès "King of The Kill", le public est bouillonnant, pogottant joyeusement. Il fait d’ailleurs très chaud dans la salle, ce que Waters ne manque pas de faire remarquer (en français s’il vous plait) à la fin du premier titre.
Le leader doit réadapter sa setlist à sa voix depuis le départ de Dave Padden, et va en profiter pour chanter des titres dans sa tessiture, comme ceux de Suicide Society. « Snap » fait l’effet d’une petite bombe, tranchant littéralement avec le thrash joué habituellement par le combo. Le couplet presque funky permet de mettre Rich Hinks, le nouveau bassiste, en avant.
Côté line up, c’est Aaron Homma qui prend la place de second guitariste. Autant dire qu’il assure, bien que ses poses de guitar hero soient tout de même un peu déroutantes. Mais c’est bien vers le leader que tous les yeux sont braqués. C’est simple, Waters fait le show, en dépit de performances vocales un peu limites (à ce niveau, il rappelle son homologue de Megadeth).
Un concert d’Annihilator est cependant un moyen assuré de passer un moment très agréable, la musique du groupe étant plutôt entraînante. Le meilleur exemple est l’interprétation du titre parodique « Chicken and Corn », qui fait office de bonne blague de la part du leader. Le Divan du Monde ne se fait pas prier pour montrer qu’il passe un bon moment et applaudit les Canadiens de façon plutôt nourrie entre les titres. Concernant la setlist, Annihilator interprête également leurs classiques (« Alison Hell », « W.T.Y.D », « Never, Neverland », « Set the World on Fire »), sur lesquels le public donne de la voix (bien plus que sur « Creepin’ Again » ou « Suicide Society »). Annihilator déroule ses titres dans une ambiance du tonnerre et le temps semble avoir filé à vitesse grand V lorsque Waters se lance dans le riff d’ « Alison Hell » en guise de conclusion.
Annihilator, en dépit de son line up instable, a encore prouvé qu’il était un grand groupe de thrash. Alors que le départ de son chanteur depuis 10 ans aurait pu sonner le glas de la formation, Jeff Waters a su se relever et, même si ses performances vocales ne sont pas époustouflantes, le concert de ce soir aura permis de passer un pur moment de thrash. Il ne nous reste plus qu’à espérer que le guitariste parvienne à souder enfin un vrai groupe autour de lui, la formation deviendrait alors une vraie machine de guerre, prête à tout annihiler sur son passage.
Setlist Annihilator
King of the Kill
Snap
Suicide Society
Creepin’ Again
No Way Out
Set the World on Fire
W.T.Y.D
Never, Neverland
Tricks and Traps
Bliss
Seond to None
Refresh the Demon
Brain Dance
Chicken and Corn/Kraft Dinner/21/Reduced to Ash
Phantasmaoria
Alison Hell
Merci à Garmonbozia et Roger Wessier
Photographies live : © Nidhal Marzouk
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