Il était plus que temps que la messe noire de Ghost s’arrête pour une date dans notre capitale. C’est chose faîte avec ce concert du 7 décembre à la Cigale. Ghost est en tournée promotionnelle pour son dernier opus Meliora, un des meilleurs albums de l’année, et c’est une grande prestation auquel nous avons assistés.
Dead Soul
La mise en bouche de cette soirée est assumée par un autre combo Suédois, Dead Soul. Le groupe se catalogue lui-même comme « Dark electronic doom blues », l’étiquette fait peur et ce n’est rien à côté de ce que va nous proposer le trio ce soir. Car oui, Dead Soul ne se compose que de deux guitares et d’un chanteur relayant tout le reste à des samples ce qui est bien dommage. Du côté du son, on a l’impression que les guitaristes jouent sous l’eau tellement le son parait lointain et étouffé. Le chanteur – hormis sa ressemblance avec Bryan Cranston, le Walter White de Breaking Bad et Axl Rose– possède une belle voix capable de modulation intéressante. Musicalement c’est en revanche le calme plat, voir l’ennui total et il suffit de jeter un coup d’œil à la salle pour comprendre que c’est le cas de quasi tout le monde. Le combo nous joue des extraits de son album The Sheltering Sky dont les nuances paraissent bien trop faibles pour lancer un intérêt dans l’audience.
Ghost
Il est maintenant l’heure d’applaudir les héros de la soirée. Depuis le temps que Paris attendait d’avoir les Suédois en tête d’affiche dans une salle quasi intimiste, c’est le cas avec cette date à La Cigale. La salle est pleine à craquer et dès les premières notes de "Miserere Mei" puis "Masked Ball", c’est la folie dans la salle. Et que dire de l’entrée des membres du groupe sur "Spirit" qui transforme La Cigale en dancefloor. Il suffit de se retourner et de regarder les visages du public pour comprendre à quel point Ghost est devenu un groupe incontournable qui arrive à mélanger un public très large du metalleux avertit aux curieux ayant pu voir le groupe à Rock En Seine par exemple.
Avec une renommée grandissante avec Infestissumam puis avec Meliora, on est en droit de se poser la question suivante : est-ce que le public chantera sur les titres d’Opus Enonymous ? La réponse est positive. Poings levés, Paris scande les deux hymnes que sont "Ritual" et "Con Clavi Con Dio" comme un seul Homme. Depuis l’époque du collège, jamais autant de personnes ne sont retrouvés dans un même endroit pour scander des paroles en latin. La messe noire de Ghost est édifiante, les membres de Ghost sont hypnotiques et ce n’est pas l’excellent jeu de lumières qui fera retomber cette ambiance si particulière.
Entre chaque morceau, le public n’hésite pas à interpeller Papa Emeritus III qui prend le temps de parler au public de son anglais parfois hasardeux. Les blagues sont légions et les allusions au sexe encore plus nombreuses. Le maquillage et le costume aident il est vrai mais le frontman possède une véritable aura qui font qu’il est difficile de le quitter des yeux quand il chante ou s’adresse à la foule.
La setlist de cette tournée Black To The Future met très fortement en avant Meliora bien sûr avec sept titres mais Infestissumam n’est pas en reste avec six morceaux. Normal en fait puisque Ghost n’avait pas fait de concert sur le sol français en tête d’affiche pour cet album se contentant de premières parties (notamment Slayer) ou de festivals. C’est ainsi que les Suédois nous balancent un enchaînement "Cirice" – "Year Zero" qui fait headbanger La Cigale de la fosse aux sièges les plus éloignés des gradins. Reparlons de ce public absolument extraordinaire qui connait chaque morceau sur le bout des doigts et qui est venu se défouler à un concert pour le plus grand bonheur du combo.
Peut-être le meilleur morceau de Meliora, "He Is" prend une dimension supplémentaire en live, bien servi par un son aux petits oignons. Alors que la voix de Papa Emeritus était un peu en retrait sur les deux premiers titres, c’est maintenant un son presque parfait qui nous est envoyé dans les esgourdes.
On sent une véritable évolution sur scène pour Ghost. La surprise est de voir à quel point tout n’est pas centré sur Papa Emeritus, les Nameless Ghouls sont mis en avant que ce soit Water (bassiste à la base qui mais remplace Alpha blessé à l’épaule) lors des solos de guitare. D’ailleurs, on peut apercevoir Alpha sur le côté de la scène, actionnant les effets scéniques, ce qui ramène à l’idée que la basse a dû être prise par un des techniciens du groupe.
Le temps passe et on sent que la fin du concert approche à grand pas. Surtout quand les musiciens entament la reprise du titre de Roky Erickson, "If You Have Ghosts" qui voit le public scander les paroles « If you have ghosts, you have everything ». L’émotion est palpable dans la salle, il faut dire que cette chanson à un pouvoir émotionnel fort. Papa Emeritus et les Nameless Ghouls quittent la scène quelques instants puis reviennent pour asséner "Monstrance Clock" et terminer la messe de la plus belle des manières.
Rare sont les groupes récents à faire autant l’unanimité que Ghost et on comprend pourquoi entre les albums et le live comment Ghost est en train de réaliser un véritable tour de force. Tête d’affiche de festival du futur ?
Setlist :
Miserere mei, Deus (Gregorio Allegri song)
Masked Ball (Jocelyn Pook song)
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo (acoustic)
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts (Roky Erickson cover)
Encore:
Monstrance Clock
Photos : © 2015 MarjorieC
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