Born to be Cinematic
Tout auréolé d'un convaincant second album depuis la séparation en deux entités de Rhapsody, Luca Turilli vient présenter à ses fans son Prometheus avec une nouvelle tournée autant axée sur l'image que le son. Entouré d'une joyeuse troupe prête à faire le boulot dans la joie, la bonne humeur et le talent, c'est une bien belle soirée qui s'annonce dans un Divan du Monde fort bien rempli et quasi sold out.
TEMPERANCE
On pouvait s'étonner quant à la présence d'un tel groupe en première partie d'une affiche plus typée power metal, mais on ne peut nier que les Italiens ont su surprendre et divertir leur monde avec leur prestation ! Emmenée par la ravissante Chiara au chant, le quatuor Milanais propose une musique qui n'est pas sans rappeler Amaranthe et leur metal mélodique moderne, mais en allant un peu plus loin, affichant plusieurs influences supplémentaires.
Le tout étant porté par la chanteuse qui, non contente d'afficher une belle aisance dans un registre assez pop, se permet de nombreuses apartées lyriques assez impressionnantes et même un passage chant extrême un peu corisant sur l'efficace "Hero" du premier album. D'ailleurs, si celui-ci a également été illustré par le titre "Dejavu" dont le refrain forcément francisant a attiré l'attention des fans, c'est surtout l'opus Limitless paru l'an passé qui a été mis en avant. Rien que par le très convaincant "Oblivion" en ouverture ou alors le tubesque "Me, Myself & I" dont il est impossible de ne pas avoir le refrain scotché en tête, on peut affirmer que ce CD passe bien l'épreuve du live.
A l'image d'un groupe communicatif et très énergique d'ailleurs, doté d'un guitariste-chanteur appuyant bien chaque partie vocale et chauffant le public avant tout en conservant son large sourire. Si l'on peut regretter le surplus de samples ou l'aspect ultra formaté d'une musique calibrée pour accrocher l'oreille, on ne peut qu'être d'accord sur la prestation convaincante de Temperance, un groupe qui pourrait avoir un bel avenir devant lui et qui ferait merveille sur une des tournées... d'Amaranthe par exemple !
Setlist :
Oblivion
Hero
Amber & Fire
Save Me
Mister White
Me Myself & I
Dejavu
QANTICE
Orphelins d'un Pellek ne faisant visiblement (déjà) plus partie du groupe, les Parisiens de Qantice ont dû accueillir un nouveau vocaliste dans la précipitation d'une première tournée européenne. A peine une semaine avant celle-ci, ils ont donc dégoté un inconnu du grand public, le suédois David Åkesson (Celestial Decay, ex-Moonlight Agony) pour un résultat qui aurait pu être préoccupant. Mais au contraire, c'est un frontman totalement impliqué, parfaitement dans le rythme et très à l'aise sur scène qui a pu mettre en voix avec brio les compositions issues des deux albums du combo !
Sans pression, David assurera parfaitement les lignes vocales parfois complexes de Qantice tout en s'amusant comme un petit fou, jouissant des parties folk dansantes d'un "Slayers' Jig" par exemple pour danser sur scène tout sans omettre de communiquer avec le public tantôt avec sa présence quasi théâtrale justifiée par certains passages qu'en haranguant les fans entre deux morceaux.
Sur cette intégration parfaitement réussie et qu'on espère durable, l'ensemble du groupe s'est mis au diapason d'une prestation fort convenable menée par son chevalier blanc et capitaine Tony Beaufils, maître à penser et guitariste, qui n'hésite pas à se mettre en avant pour vivre à fond sa musique et même remercier David avant la conclusion épique "Giant of Embers", sans oublier les demoiselles Christine (basse) et Yosh (violon) ainsi que le métronome Aurélien derrière les fûts. Par ailleurs, niveau setlist, les classiques du groupe ont bien été écumés, lançant les hostilités avec brio sur les "Epic Fail" et "Hoverland" du dernier opus tout en oubliant pas le dansant "Pirates" ou le petit tube "The Question" issus du premier CD. Si l'on excepte quelques moments un poil brouillons notamment sur ce dernier morceau, la foule du Divan du Monde appréciera chaque instant tout en se montrant participative devant des musiciens semblent-ils heureux d'être là. Pari (et Paris) réussi pour Qantice !
Setlist :
Epic Fail
Hoverland
Pirates
Phantonaut
The Question
Slayers' Jig
Giant of Embers
LUCA TURILLI'S RHAPSODY
Alors que l'intro du concert se lance, chacun est sur le qui-vive et prêt à donner de la voix, ce qu'il n'attend pas à l'apparition des premières images de membres du groupe sur l'écran géant... mais là, patatras ! Problème technique : la bande son façon annonce de film s'interrompt tel du disque qui aurait sauté de sa platine, et tout doit s'interrompre. Moment de panique relatif et finalement assez bref : on oublie tout et on recommance, film relancé, sponsors qui auront été ainsi montrés à deux reprises (il faudra penser à demander une rallonge !!) affichés et on fait comme si on avait rien vu...
Une fois l'intro du nouvel album terminée, c'est tout en puissance que Luca Turill's Rhapsody lance son show avec un "Knightrider of Doom" dévastateur qui a pour don de mettre d'emblée l'assistance en transe. Pas de doute, on va passer une superbe soirée... même si l'on craint un moment sur le son avec un micro chant défaillant l'espace de quelques micros secondes, mais ce sera là le seul hic de la soirée ! Dès l'enchainement avec "Rosenkreuz (The Rose and the Cross)", premier single d'un Prometheus fort bien représenté dans la setlist (mais pas autant peut-être que certains l'auraient imaginé), le tout filera à la perfection.
Parlons-en, de la setlist, qui fait la part belle aux deux derniers albums certes mais aussi aux belles années de Rhapsody et de Luca Turilli en solo. Sans surprise, pratiquement toute la période "Of Fire" sera occultée, si ce n'est la splendide ballade "Son of Pain" qui procurera un grand moment d'émotion, étant qui plus est dédicacée aux victimes des attentats du 13 novembre. Certains auraient bien aimé voir Alessandro Conti s'attaquer à "Lamento Eroico", mais qui sait ce que nous réserve Luca ces prochaines années ?
L'aspect cinématique du groupe comptant tout autant que la musique, c'est donc comme au Trabendo il y a deux ans une sorte de film qui nous sera proposé en fond en plus des titres exécutés à la perfection. Samples, ambiances, projections en fond et jeu scénique : tout a été travaillé à la perfection par un Luca Turilli des plus acharnés pour offrir à ses fans le meilleur d'une qualité visuelle en adéquation avec ses spectaculaires compositions. Sur cette tournée, le groupe s'est affublé de deux choristes supplémentaires pour les parties grandiloquentes, que ce soit intro/interludes, les sagas "Of Michael..." ou les titres de Prophet of the Last Eclipse que sont "Demonheart" ou "War of the Universe". Heureux élus, le ténor romain Riccardo Cecchi et surtout la française Emilie Ragni ont apporté une classe supplémentaire, sans compter que cette dernière à la voix lyrique des plus parfaites s'est également vue offrir un duo des plus tonitruants sur "Tormento e passione". Luca semble avoir trouvé ici son égérie voix féminine et on lui conseille vivement de ne plus jamais en changer !
Tout cet aspect scénique soigné à l'extrême a été habilement habillé de moments solo histoire de montrer l'aspect technique de chaque musicien, les imbriquant dès que possibles à des morceaux ou extraits de morceaux. Si le solo de batterie d'Alex Landenburg a quelque peu été sorti du contexte avec son passage Game of Thrones un peu "facile" et une durée un peu excessive malgré les amusantes facéties de l'Allemand, les soli de basse de Patrice Guers ou guitare envolée de Dominique Leurquin (acclamé pour son retour après sa blessure et visiblement très ému de cet accueil) ont permis d'introduire ou d'habiller quelques passages issus des deux "Of Michael the Archangel and Lucifer's Fall", saga finale de chacun des opus de LT Rhapsody, disséminés ici et là dans le show sans jamais être joués en entier mais bien mis en avant sur leurs parties les plus spectaculaires.
Revenons-en du coup à Prometheus qui aurait pu être encore plus représenté, on y regrettera l'absence par exemple de "Anahata" ou "Il tempo degli dei", mais dont les trois différentes lyric videos ont pu être interprétées avec karaoké projeté en fond. Grand coup de coeur au passage pour "Il cigno nero" qui revitalise parfaitement le live de sa légèreté, surtout après le long break du solo batterie. Du précédent album, Luca a donc opté pour le fameux duo mais aussi les devenus incontournables singles "Ascending to Infinity" ou surtout "Dark Fate of Atlantis" provoquant un effet boeuf dans la fosse.
Mais ce qui fait la force de Luca Turilli's Rhapsody aujourd'hui, c'est de pouvoir faire défiler son nouveau concept cinématique tout en y intégrant une grosse dose de nostalgie avec l'apport des vieux tubes éternels qui ont fait la renommée du groupe. Certains d'entre eux ont été d'ailleurs très légèrement et habilement réorchestrés pour parfaitement s'intégrer, mais aucun d'entre eux ne s'est vu maltraité bien au contraire. Du plus récent d'entre eux "Unholy Warcry" (et son hommage à Christopher Lee récemment décédé) au plus ancien "Land of Immortals", chacun s'est vu accueillir chaleureusement, permettant au claviériste français Vannick Eymery (Broken Mirrors) de faire oublier Alex Staropoli ! Mais sans contestation possible, ce sont le grand final ultime "Emerald Sword" et "Dawn of Victory" qui auront plus mis le public en transe totale, celle-ci se transférant sur Luca qui sur ce dernier nommé se surprendra même à pogoter sur ses musiciens avec un grand sourire ! Fait rare qui restera dans les anales.
De cette fort belle soirée, on retiendra donc aussi la parfaite communion entre Luca et ses fans restés fidèles, le compositeur italien donnant l'impression de rajeunir à chaque tournée, lui qui retrouve une totale liberté de création et de concept depuis le "friendly split". On ne peut qu'imaginer désormais une chose : le meilleur reste encore à venir ! D'autant plus que, entouré d'une véritable famille, Luca Turilli peut quasiment tout se permettre, et lorsqu'un génie ne se voit offrir aucune limite à ses actions on ne peut qu'être d'un optimisme sans fin.
Setlist :
Nova genesis (Ad splendorem angeli triumphantis)
Knightrider of Doom (Rhapsody cover)
Rosenkreuz (The Rose and the Cross)
Land of Immortals (Rhapsody cover)
Aenigma + War of the Universe (Luca Turilli cover)
Ira Divina + Unholy Warcry (Rhapsody cover)
Son of Pain (Rhapsody of Fire cover)
Prometheus
Drum Solo (feat. Game of Thrones theme)
Il cigno nero
Guitar Solo Dominique Leurquin + Of Michael the Archangel Part II, Chapter III: The Astral Convergence
The Pride of the Tyrant (Rhapsody cover)
Tormento E Passione
Demonheart (Luca Turilli cover)
Bass Solo (feat. Matrix theme) + Of Michael the Archangel and Lucifer's Fall, Part II: Codex Nemesis (Chapter V: Of Psyche & Archetypes (System Overloaded))
Dark Fate of Atlantis
Of Michael the Archangel and Lucifer's Fall (Chapter 2: Fatum Mortalis)
Dawn of Victory (Rhapsody cover)
Quantum X + Ascending to Infinity
Emerald Sword (Rhapsody cover)
Photos : © 2016 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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