Haunting The Chapel Festival, deuxième partie. Pour ce deuxième jour, l'affiche accueille la légende du thrash metal allemand Destruction, à la plus grande joie des thrashers venus en nombre. Toujours dans l'écrin de la chapelle des Trinitaires et après la claque reçue la veille par Samael, tout était réuni pour conclure le week-end de concert en beauté avant d’aller enfin goûter à un sommeil bien mérité.
Artefacts
Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, Artefacts n'est pas un énième groupe de djent passe-partout. Le combo lorrain pratique un metal alternatif moderne assez simple, avec quelques touches progressives et atmosphériques appréciables.
Aidés par un son de bonne qualité, le quintette semble prendre un maximum de plaisir à être sur scène. Malheureusement pour eux, le public encore peu nombreux n'est pas aussi enthousiaste et peine à adhérer à la musique jouée, probablement un peu trop en décalage avec le reste de l'affiche.
Loin de déposer les armes pour si peu, le frontman ne tient pas en place et parcoure la scène de long en large. Son chant est l'un des points forts des compositions du groupe, alternant entre le growl et un chant clair sympathique, bien épaulé par son guitariste dans cette tâche.
Au final, la musique du combo s'avère peu originale mais elle est souvent sauvée par les fines mélodies distillées par la guitare. Pas de djent donc, mais un metal assez progressif et bien ficelé pour qu'on s'y attarde. Une ouverture de soirée de qualité, pour ne pas changer les bonnes habitudes.
Dyssomnia
Après un court changement de plateau, les musiciens de Dyssomnia commencent leur set sans même avoir pris le temps de ressortir de scène après leurs derniers réglages. Une entrée sans fioriture à l'image de la musique du combo, un death metal frontal, qu'on croirait tout droit sorti de la Floride des années 90.
En effet, si la formation se définit elle-même comme du thrash-death, c’est l’aspect death qui prend le dessus en concert, avec un côté plus lent et plus martial. On remarque d'entrée que le niveau sonore est monté d'un cran, mettant bien en avant la basse d’Adrien sans qu'elle écrase le reste des instruments. Un ciment parfait pour le style joué. La paire de guitariste tricote sans discontinuer des riffs et des solos efficaces, parfois harmonisés, le tout sans jamais faire de grosse erreur.
On passe donc un bon moment durant la demi-heure accordée au groupe, même si les titres se ressemblent un peu. Visiblement, Dyssomnia a déjà quelques adeptes dans le public qui n’hésitent pas à lancer le premier petit moshpit de la soirée.
La situation semble ravir le frontman Antoine, qui annonce le tournage d'un clip live sur le titre Confrontation. Blagueur, le chanteur n'hésite pas à introduire le titre "The Voice" par le gimmick de la célèbre émission de télévision.
Après les remerciements d'usages, le groupe quitte la scène sur un "Face Of Mankind" dévastateur, en laissant une impression plutôt positive au néophyte.
Scarred
Ce n'est désormais plus une surprise pour grand monde, les concerts de Scarred sont toujours des grands moments. Il faut dire qu'à chaque show, les Luxembourgeois flirtent avec la perfection technique et il est bien difficile de trouver la trace de la moindre petite erreur. Autant dire tout de suite que celui-ci n'a pas fait exception.
Musicalement, le groupe évolue dans un death/thrash metal moderne ponctués de quelques breakdowns, prenant un malin plaisir à briser consciencieusement la nuque du spectateur en mille morceaux. Bien mise en avant dans le mix, c'est la batterie de Laurent qui surplombe l'ensemble avec ses blast beats dévastateurs et ses expressions faciales assez uniques. Le son est un peu brouillon en début de concert mais s'améliorera nettement par la suite.
Le public est au départ un peu frileux, semblant moins connaître le combo que Dyssomnia. Il se réveillera cependant bien par la suite, à la plus grande joie des musiciens. Les riffs des guitaristes et la symétrie quasi-parfaite dans leur geste sont impressionnants visuellement, d'autant qu'en plus de jouer des plans loin d'être simples, ces derniers ne tiennent pas en place et headbanguent en permanence comme si leur vie en dépendait. Au chant, la puissance de la voix de Sacha parachève l’ensemble pour un rendu global simplement titanesque.
Après un temps de jeu conséquent de presque une heure, Scarred remercie chaleureusement Damage Done, l'organisateur de faire bouger la scène metal non seulement en Lorraine mais dans toute la Grande Région. Les Luxembourgeois quittent la scène en ayant une nouvelle fois délivré une belle baffe au public, avant l'arrivée tant attendue de Destruction.
Destruction
Au moins, on peut dire que les allemands savent se faire désirer. Au bout d'une attente interminable qui aura vu le linecheck se transformer quasiment en véritables balances, l'intro retentit enfin dans la sono et c'est avec "Curse The Gods" que le power-trio débarque sur scène tambour battant.
Avec une setlist axée sur des titres directs, Schmier et sa bande ont décidé de ne pas laisser une minute de répit aux thrashers messins, ravis d'assister à une leçon de thrash allemand par un groupe du Big Teutonic Four. Le son est plutôt bon, malgré un volume global poussé au maximum et les premiers circle pits ne tardent pas à se déclencher, surtout lorsque c'est Schmier qui en réclame lui-même.
Toujours aussi impressionnant armé de sa fidèle basse Dean, le colosse allemand se déplace entre les trois pieds de micro pour chanter et s'essaye même au français brièvement (bien qu'il le reconnaisse lui-même : "Mon français est merde"). On sent une certaine spontanéité et proximité entre le groupe et son public, en témoigne les nombreux slams, appréciés par les Allemands mais un peu moins par la sécurité.
A la guitare, Mike Sifringer a pris un sacré coup de vieux mais n’a rien perdu de son talent, assurant sans problème tous les riffs et les solos. Seul un problème de micro le forcera à s'arrêter de jouer en plein milieu de "Armagedonnizer", rendant plus audible la ligne de basse de Schmier. Quasi-invisible derrière sa batterie, Vaaver assure quant à lui sans problème malgré un solo comme toujours assez dispensable. Le groupe fait la part belle aux classiques, en particulier à son premier album Infernal Overkill mais n'oublie pas ses titres plus récents en dédicaçant "Carnivore" à toutes les filles de l'assemblée.
Une assemblée qui, on s'en aperçoit au fil du concert, n'est pas si fournie que cela. La relative rareté de Destruction en France n'a pas l'air d'avoir vraiment motivé le public messin. Ceux qui sont venus sont en tout cas des plus motivés, scandant à tout rompre les refrains des tubes que sont "Nailed To The Cross" ou "Invicible Force". On a même droit à « The Damned », reprise improbable des Plasmatics présente sur l’EP Mad Butcher de 1987.
Parti sur les chapeaux de roues, le moshpit se calme tout de même assez rapidement, malgré quelques reprises ponctuelles. Schmier en profite pour demander au public quel titre il aimerait entendre. Malgré l'insistance de certains fans réclamant une reprise de « Ace Of Spades » en hommage à Lemmy (que le groupe a d'ailleurs déjà interprété au Japon au début du mois), c'est « Death Trap » qui sera choisie. Mais on est loin de perdre au change avec ce titre, l'un des plus rapide et dévastateur de toute la discographie de Destruction.
Après un rappel constitué de "Total Desaster" et du classique "The Butcher Strikes Back", le trio tire sa révérence, concluant en beauté ce quatrième Haunting The Chapel Festival. Après tant d’années de carrière Destruction est décidément toujours en pleine forme et on ne peut qu’espérer qu’Under Attack, le prochain album des allemands à paraître en mai confirme cette forme olympique.
Setlist :
Curse The Gods
Thrash Till Death
Nailed To The Cross
Mad Butcher
Armageddonizer
Eternal Ban
Life Without Sense
Release From Agony
Hate Is My Fuel
Carnivore
Drum Solo
Tormentor
The Damned
Invicible Force
Total Desaster
The Butcher Strikes Back
© photos : Clémentine Desloges