Vendredi – 15h50 – Valley
Beaucoup l’ont dit, l’affiche du Hellfest 2016 ne présentait pas beaucoup d’originalité par rapport aux éditions précédentes, un reproche qui se fait de plus en plus fort avec les années. Néanmoins, il serait injuste de ne pas relever les efforts des programmateurs pour balancer des exclusivités alléchantes. La présence de Jambinai, groupe sud coréen, faisait clairement partie de ces moments inédits, constituant sans doute la première représentation de ce pays au Hellfest depuis sa création.
Jambinai va tirer son épingle du jeu en un temps record : avec une introduction axée sur les instruments traditionnels, le groupe nous plonge instantanément dans son univers oriental, rappelant souvent les compositions du même registre de Dead Can Dance. Mais cette intro n’est que le calme avant la tempête : lorsque Lee Il Woo fait cracher sa guitare, on se rapproche plus du sludge que du post-rock auquel le groupe est souvent affilié. De fait, le set de Jambinai est axé sur leur nouvel album A Hermitage sorti le jour même, et ce dernier est plus agressif que son prédécesseur.
Parfois, l’ajout d’instruments hors du cadre rock (guitare/basse/batterie) donne l’impression qu’il est forcé, incongru ou mal amené dans les compositions d’un groupe. Mais à aucun moment on ne le ressent pendant le concert de Jambinai, l’association entre le haegum de Kim Bo-mi, le geomungo de Shim Eunyoung et guitare, basse et batterie est pensée avec intelligence, retirant le meilleur des deux univers musicaux. Enfin, bien qu’occasionnel, le chant en coréen ajoute lui aussi une touche inhabituelle.
Encore une fois, le son est vraiment bon sous la Valley, permettant d’apprécier le concert de Jambinai comme il se doit. C’est particulièrement vrai pendant les quelques morceaux plus calmes joués, qui rapproche le groupe de Sigur Rós autant que de Mono dans le travail de la dynamique des compositions, qui est construite minutieusement par les musiciens. Ceci compense le jeu de scène certes inexistant, l’intégralité du groupe jouant assis à l’exception du bassiste. Mais nul besoin de frontman charismatique face à des compositions originales qui tiennent la route. D’ailleurs, l’accueil qui leur est réservé par le public est très chaleureux, et on peut gager que les Sud-coréens sont repartis avec de nombreux nouveaux fans cet après-midi. C’est mérité !
Photos : © 2016 Thomas Orlanth
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.