Dimanche – 20h45 – Mainstage 1
Le Hellfest touche bientôt à sa fin… Depuis ce matin, un subtile amertume se mélange à la fatigue latente, car on sait que c’est le dernier jour de cette belle édition 2016. Remontons-nous le moral avec un bon set de thrash du Big Four : trois quarts de celui-ci étaient en effet présent sur cette édition du festival, et le dernier groupe de cette portion s’apprête à envahir la Mainstage 1, une petite heure après Slayer. Souvent dénigré en live, Dave Mustaine a par ailleurs su délivrer un album très convaincant récemment, avec Dystopia, et beaucoup sont impatients d’en découvrir la transposition scénique.
L’entrée en scène se fait après une bande son grandiloquente, avec "Hangar 18", qui met tout le monde dans le bain sans plus attendre. La balance est agréable, et on entend chaque musicien distinctement, même si le tout manque un peu de corps. Mustaine chante bien et juste, et le duel final de soli entre le taulier et le nouveau venu Kiko Loureiro fait rage : ça promet d’être un concert intéressant et décapant ! D’autant plus que des caméras fixées sur les instruments annoncent une captation, qui sera peut-être reprise pour un DVD par exemple : un futur souvenir de cette belle soirée, qui sait ?
Rapidement, on passe aux morceaux du dernier opus en date, avec le single "The Threat Is Real". Le public connait assez peu celui-ci, et c’est bien dommage, car le rendu est excellent : les fans suivent tout de même au mieux le groupe, tapant des mains copieusement. Dystopia est d’ailleurs l’album le plus représenté dans la setlist, avec pas moins de cinq morceaux : en vrac, ce sont "Fatal Illusion", "Poisonous Shadows", "Post American World" et le titre éponyme qui sont jetés ça et là dans le set. Les rendus sont variés : ainsi, "Poisonous Shadows" met en avant des sons clairs trop synthétiques qui flattent peu l’oreille, mais se rattrape grandement lorsque la distorsion est enclenchée. En revanche, un titre comme "Dystopia" propose d’excellents leads, assurés par Kiko Loureiro, ainsi qu’un solo technique de Mustaine très bien fichu, et assuré de bout en bout : le guitariste est de retour au meilleur de sa forme !
Puisqu’on parle de Kiko Loureiro, il est nécessaire de souligner le gros apport que constitue son arrivée dans le groupe : il arrive à densifier les parties de guitares, et à enrichir intelligemment les riffs de Dave Mustaine. On craignait à l’origine que son passif chez Angra ne le pousse à en faire trop, et à noyer le son de Megadeth dans un torrent de notes, mais il n’en est rien. Le résultat est mesuré et puissant, chapeau bas ! Quant aux classiques du groupe, le nouveau venu est impérial dans tous les soli, qu’il se permet d’améliorer subtilement par endroits.
Ces classiques sont justement nombreux, et provoquent une grosse réaction du public, à commencer par "Tornado Of Souls", subtilement dédié au défunt Nick Menza, qui provoque en quelques secondes une vague de moshpits endiablés. Les circle-pits se prolongent le temps d’un morceau, et semblent ravir les musiciens. Les mouvements du public sont tout autres durant "Sweating Bullets", dont les rythmes retros déclenchent déhanchés et danses loufoques parmi l’assemblée.
Public français oblige, "A Tout Le Monde" est inévitablement de la partie, et est repris à l’unisson par une foule motivée : saisissant ! Mustaine remercie d’ailleurs copieusement le public, avant de lancer un final imparable, constitué du triptyque "Symphony Of Destruction"/"Peace Sells"/"Holy Wars…". Chacun prend son pied sur ces dernières minutes de communion, avant le final habituel mais ô combien jouissif !
On pourra tout de même regretter la dégradation progressive d’un son pourtant bien balancé en début de set, comme ça a été le cas lors de nombreux concerts sur les Mainstages. Le problème s’est particulièrement ressenti pendant le pourtant très bon "Fatal Illusion", durant lequel les voix étaient presque inaudibles, allant jusqu’à rendre difficile l’identification du titre.
Mais ne boudons pas notre plaisir : Megadeth a délivré un show de haut vol, et confirme, une semaine après son passage au Download Festival, qu’il est de retour au sommet. On note d’ailleurs l’effort de proposer un set sensiblement différent de celui qui avait été joué à Paris, initiative fort appréciable et saluée par les fans présents aux deux festivals. L’étape suivante ? Une date en salle pour profiter d’un plus grand temps de jeu, et de ce retour aux affaires d’un Mustaine qui semble avoir laissé derrière lui une période assez noire.
Setlist :
Hangar 18
The Threat Is Real
Tornado of Souls (dédié à Nick Menza)
She-Wolf
Post American World
Sweating Bullets
Poisonous Shadows
Trust
Dystopia
A Tout Le Monde
Fatal Illusion
Symphony of Destruction
Peace Sells
Holy Wars... The Punishment Due
Photographies : © Nidhal Marzouk 2016
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