L'été bat son plein sur Paris et les nombreux bars éphémères ont pris possession des quais de la Seine au son de l'électro basique et du rosé indigeste. C'est au milieu de cet acoutrement estival que nous nous retrouvons au Petit Bain pour une soirée hardcore d'anthologie. Comeback Kid revient à Paris accompagné pour l'occasion de Defeater, des anciens de Negative Approach et des Anglais de Giants qui viennent dans la capitale pour la première fois.
GIANTS
La tâche d'ouvrir la soirée est dévolue aux anglais de Giants, « pas l'équipe de football américain » comme le clâme un des tee-shirts du merchandising présent à Lyon au Longlive Rockfest. C'est la deuxième fois donc que nous assistions à un concert du combo après leur passage lyonnais en mai et c'est un plaisir de les retrouver ici d'autant plus que c'est la toute première fois que le quintet joue à Paris.
Le public est assez clairsemé en ce début de soirée, préférant profiter du beau temps estival mais cela n'entame pas le moral des troupes, bien au contraire. Avec un album sorti en 2015 sous sa coupe, Break The Cycle, Giants nous propose donc la grande majorité de son opus ce soir avec une setlist bien construite. Tee-shirt Counterparts sur le dos, le guitariste adopte la pose, les mimiques et le jeu de l'ex-guitariste du combo canadien Jesse Doreen en nous envoyant des riffs qui sentent bon le hardcore mélodique. Du côté du chant, on est à 100% dans le style et l'auditeur est en terrain connu ce qui n'empêche pas à Giants d'avoir sa propre identité qui ne demande qu'à se bonifier avec le temps. Au final une très bonne prestation.
NEGATIVE APPROACH
Ce sont ensuite les anciens de Negative Approach qui prennent possession de la scène et on change de registre sans prévenir. Quatuor classique, Negative Approach à la particularité d'avoir un guitariste qui joue dos au public pendant toute la durée du set, ce qui est pour le moins déconcertant. D'autant plus que les intéractions avec le public sont quasi inexistantes alors que le genre est connu pour être plutôt volubile entre les chansons et proche de son public, encore plus déconcertant. La fosse se bouge un peu et on sent que certaines personnes sont fans puisque les paroles sont scandées à quelques reprises.
Pour le reste, cette prestation restera un mystère à nos oreilles sûrement pas habituées à cela. Qu'à cela ne tienne, c'est pour cela que les affiches du monde du hardcore sont intéressantes quand elles sont diversifiées comme ce soir.
Setlist:
Hypocrite
Can't Tell No One
Sick Of Talk
Dead Stop
Ready To Fight
Borstal Breakout
Neagtive Approach
Tied Down
DEFEATER
C'est quasiment une tournée en co-headline auquel nous avons le droit, ce qui est une bonne nouvelle quand un groupe comme Defeater n'est pas tout en haut de l'affiche. En effet rien de plus frustrant que de n'avoir que trente minutes de ce combo si magique, si prenant en live. En provenance de Boston, Defeater – pour ceux qui ne connaissent pas le combo – est un groupe un peu à part dans la scène hardcore puisque l'ensemble de leurs morceaux parlent de la vie d'une famille américaine du New Jersey à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale ainsi que des personnages naviguant autour de cette famille et notamment le prêtre de la ville qui est le personnage central du dernier album en date du quintet, Abandoned.
C'est d'ailleurs ce dernier qui sera le plus mis en avant ce soir avec cinq titres garnissant la setlist composées de treize morceaux pour la soirée. D'entrée, l'auditeur est pris à la gorge par la lourdeur du son et des compositions du combo, impossible de ressortir indemne physiquement et psychologiquement d'un concert de Defeater. Le Petit Bain est quasiment plein en cette chaude soirée d'août et la fosse transpire à grosse gouttes. Les premiers rangs se resserrent fortement quand Derek Archambault vient au plus près du public et tend le micro au-dessus de la fosse comme pour appâter les plus impatients d'entre nous à éructer les paroles. Casquette vissée sur le front, le frontman impressionne par son aura et la manière dont il semble possédé par ses paroles. On se surprend à s'arrêter de bouger quelques instants, à se trouver un petit coin tranquille et juste admirer la manière dont il mène à la baguette la fosse ainsi que la manière dont celle-ci réagit. A titre personnel, rien n'arrive à surpasse le bonheur et la sécurité que je ressens dans le pit d'un concert de hardcore, cette fraternité et ce partage font de ces moments, des instants magiques et ce moment précis est unique à vivre.
Quasi autant à l'honneur que Abandoned, Letters Home sorti en 2013 nous offre ses plus belles compositions avec notamment un enchaînement "Bastards" – "No Shame" – "Hopeless Again" en début de set pour ce qui est à ce jour sûrement le meilleur album du combo (sujet ouvert à discussion bien entendu) qui rendra encore plus bouillante la fosse qu'elle ne l'était déjà durant "Cowardice". Tous les albums du combo voient la lumière même le tout premier Travels alors que seul Derek Archambault était présent à l'époque.
Alors que la fosse est toujours en ébullition et qu'"Empty Glass" résonne dans Le Petit Bain, une violente coupure de courant plonge la salle dans le noir complet avec pour seul son celui de la batterie de Joe Longobardi qui continue de jouer la chanson. Chose magnifique, le public ne s'arrête pas de chanter et le titre se termine porté par les voix de la fosse, magique. Alors que le courant revient, Defeater fait son retour sur scène pour offrir son dernier titre au public, "Bled Out", climax d'un set fabuleux.
Setlist:
Cowardice
Bastards
No Shame
Hopeless Again
Unanswered
December 1943
The City By Dawn
Remorse
Spared In Hell
Divination
Dear Father
Empty Glass
Bled Out
COMEBACK KID
La chaleur est étouffante, l'atmosphère est moite mais il reste encore la tête d'affiche à accueillir au Petit Bain. Groupe phare du punk hardcore, Comeback Kid est en terrain conquis dans notre capitale devant un parterre acquis à sa cause. Backdrop noir simple avec le nom du groupe et quelques crânes stylisés autour du logo, le quintet fait son apparition sur la scène avec "G.M. Vincent & I" issu de Symptoms + Cures. Dès les premiers accords, la fosse devient le paradis du moshpit et des slams comme si la pause entre Defeater et Comeback Kid n'avait que trop duré pour ce public impatient d'en découdre. Andrew Neufeld et sa bande sont heureux d'être là, et ça se voit rien qu'aux immense banane qui s'étirent sur leurs visages. Le frontman arpente la scène, s'avance au maximum vers le public pour partager ce moment rapproché.
Pour nous qui n'avons pas vu Comeback Kid depuis l'Impericon Festival 2015 au Bataclan, c'est un bonheur de les voir dans une configuration plus rapprochée comme celle-ci avec un véritable public de fan. Ici pas de barrières, pas d'agent de sécurité, seulement des fans et un groupe de musique. Entendre une fosse scander le poing levé « Wasted arrows, wasted arrows, wasted arrows », ça fera toujours chaud au cœur.
Fortement axé sur trois albums du combo, Symptoms + Cures, Die Knowing et Wake The Dead, le set de Comeback Kid ne baissera jamais en énergie pendant les quarante-cinq minutes auxquelles nous avons le droit. Quatorze morceaux en quarante-cinq minutes, c'est ce qu'on appelle de l'efficacité et de la rentabilité pour le public présent. On ne s’ennuie pas un instant, il y a peu de blancs entre les titres juste de quoi permettre aux membres du combo de s'hydrater ainsi qu'aux membres de l'organisation We Care Booking (promoteur du jour) d'abreuver la fosse et de lancer de l'eau vers les premiers rangs. A un moment donné, on verra même le président de l'association venir du côté de la scène et se jeter dans le public, ce qui fera bien rire Andrew Neufeld qui n'hésitera pas à en plaisanter « C'est forcément un très bon concert quand le promoteur de la date se jette dans la fosse, cela n'arrive pas souvent alors c'est bon signe ».
"Lower The Line", "Do Yourself A Favor", "Should Know Better", Comeback Kid nous propose ce qui se fait de mieux dans sa discographie avant de nous offrir un "The Concept Says" dévastateur qui laissera votre serviteur sur les rotules. On approche de la fin du concert et n'importe quelle personne connaissant ne serait-ce qu'un petit peu les Canadiens sait que le dernier titre joué est toujours "Wake The Dead". Cela ne manque pas et c'est à l'unisson que le tube à vie de Comeback Kid est entonné par la fosse du Petit Bain.
Comeback Kid ne déçoit jamais en live, encore plus dans une ambiance plus intimiste que celle du Bataclan. Pas de barrières, pas de sécurité mais une fosse unie. Quel bonheur !
Setlist:
G.M. Vincent & I
Wasted Arrows
False Idols Fall
Die Knowing
Lower The Line
Didn't Even Mind
Talk Is Cheap
Partners In Crime
Do Yourself A Favor
Should Know Better
The Concept Says
All In A Year
I Depend I Control
Wake The Dead