Pour terminer le Motocultor en beauté, les organisateurs du festival avaient prévu une très belle affiche en cette journée du dimanche, de quoi ravir les amateurs de thrash et de death metal après un samedi tourné vers des styles plus occultes et underground. On pense bien entendu à Testament, la tête d'affiche du soir, fort attendue par les festivaliers, mais les groupes qui se succèdent sur les trois scènes en journée vont également faire une grosse impression sur l'ensemble des spectateurs.
Recueil Morbide
12h35 – Supositor Stage
Pour débuter cette dernière journée, rien de tel que le brutal death sans concession de Recueil Morbide. Toujours en promotion de Morbid Collection son cinquième album, le quintet démarre pied au plancher, face à un auditoire encore calme en début de set.
Le son est malheureusement hasardeux, principalement en raison des quelques rafales de vent qui balayent la scène en plein air, mais le groupe ne semble guère s'en soucier. Recueil Morbide est plutôt statique sur scène, à l'image des deux six-cordistes Will et Marc, mais devant l'exigence et la concentration que nécessitent les titres interprétés, on n’en voudra guère aux Franc-comtois. D'autant plus que Jérôme (chant), le pied sur le retour est au centre de l'attention. Le vocaliste dévoile aux festivaliers son chant le plus porcin, rappelant John Gallagher (Dying Fetus), voire son ami Julien Truchan (Benighted) sur certaines parties en pig squeals, bien disséminées au sein des compositions.
Si le public est globalement calme en début de set, quelques slams se mettent en place au fur et à mesure que le concert avance, et lorsque Jérôme réclamera un circle pit, les festivaliers au centre de la fosse s'exécuteront sans discuter. Recueil Morbide délivre un très bon set, efficace et solide, avec des compositions que ne renieraient pas Suffocation ou Dying Fetus, tant dans l'aspect technique que pour l'efficacité des riffs.
A la fin du set, Jérôme prend la parole pour dire à quelque point c'est un honneur pour lui de jouer au Motocultor. Il faut avouer que les festivaliers semblent également ravis de la prestation. Ce concert a une fois de plus prouvé le grand talent de la scène française, bien représentée au cours de ces trois jours de festival.
Black Bomb A
14h10 – Supositor Stage
Depuis le retour d'Arno au sein de Black Bomb A, la formation française de hardcore a regagné un excellent frontman et un bon complément à Poun, le leader du groupe depuis ses débuts. C'est d'ailleurs ce que le groupe va montrer aux festivaliers présents devant la Supositor Stage, et ce dès " Comfortable Hate ", issu de leur dernier album, paru l'année dernière. D'ailleurs, les spectateurs se sont déplacés en nombre devant la scène, certainement conscients qu'un set de Black Bomb A, c'est de l'énergie pure et une ambiance à ne pas rater.
Visuellement, sur la scène tout le monde est en mouvement, à commencer par Jacou (basse), qui semble monté sur ressorts. Le groupe est totalement impliqué dans son set et échange beaucoup avec le public, qui le lui rend bien, les slamers donnant énormément de travail à l'équipe de sécurité, tant ils arrivent par vagues. Surplombant la scène derrière son kit de batterie, Hervé Coquerel est impérial et si les plans qu'il joue avec Black Bomb A sont globalement bien moins techniques que ceux de Loudblast, son autre formation, il parvient à faire groover le tout, bien aidé par la basse de Jacou.
Musicalement, tout le monde se lâche et l'interprétation des titres n'en est que meilleure, permettant au public de slamer sans discontinuer, mettant à mal les agents de sécurité, malgré tout toujours très professionnels.
Un cafouillage dans l'annonce de la setlist sert de prétexte à Poun et Arno pour s'en prendre à l'un de leur roadie, qui joue le rôle de bouc émissaire avec le sourire. On sent une bonne ambiance au sein du groupe et dans son entourage, ce qui se reflète également dans les échanges avec le public.
Black Bomb A tient à mettre en avant son dernier album, Comfortable Hate, si bien que c'est avec beaucoup d'humour que Poun annonce "The Point of No Return" : "Celle-là est issue de notre dernier album, que vous n'avez pas dû acheter, alors allez le voler !". D'ailleurs, les titres de Comfortable Hate ne dénotent pas dans la setlist, même si c'est le classique "Mary" qui entraîne tout le monde dans le pit, au son de l'intro de basse groovy.
Black Bomb A a montré une fois de plus que le groupe était une valeur sûre en live, en déployant une énergie et un bonheur de jouer communicatif, bien aidé par deux frontmen charismatiques et une bonne dose de groove. Quelle sera la prochaine étape ?
Setlist Black Bomb A
Comfortable Hate
On Fire
Lady Lazy
Double
Born to Die
The Point of No Return
Land of Bastards
Look at the Pain
Mary
Make your Choice
Lost Society
14h55 – Dave Mustage
Quand Max Cavalera assiste à l'un de vos shows depuis le côté de la scène, cela doit forcément mettre un peu la pression. Cependant, si le leader de Soulfly observe attentivement les thrasheurs finlandais de Lost Society, ces derniers ne semblent pas souffrir de timidité excessive, bien au contraire.
Le quatuor, dont le style thrash old school est en plein revival, va donner toute son énergie tout au long du set, devant un public survolté, qui fait office de cinquième membre du combo. Ce qui nous frappe dès les premières notes de "Braindead", c'est de voir qu'un groupe aussi jeune maîtrise aussi bien son sujet et sait tenir une scène, et ce devant une fosse bien garnie.
Sans tergiverser, Samy Elbanna (guitare, chant) annonce que c'est le dernier concert de leur tournée et exhorte le public à montrer ce qu'il a dans le ventre pour terminer celle-ci en beauté. Et il n'y aura pas besoin de le dire une seconde fois, tant le public est bouillonnant sur les hymnes thrash comme "Kill (Those Who Oppose Me)" ou "Terror Hungry", où le leader annonce vouloir "de nombreux slams pour donner du travail à la sécurité". Les circles-pits soulèvent d'immenses nuages de poussière, ce qui semble faire sourire Mirko Lehtinen (basse).
On pourra cependant remarquer que le groupe n'est pas aussi efficace sur les titres récents, notamment ceux en mid tempo comme "Riot" ou "I Am The Antidote", d'ailleurs entrecoupé d'un solo de batterie dispensable. Ce choix semble en surprendre plus d'un dans le public tant il casse totalement le rythme du set, jusque là quasiment exemplaire, et qu'il intervient dans un contexte de festival où le concert est déjà écourté par rapport à une date normale.
Cela est dommage car le concert se termine sur une note en demi-teinte alors que le début du set avait fait très forte impression sur les festivaliers. Mais quoi qu'il en soit, Lost Society a délivré un bon concert au Motocultor et fait déjà office de très bon groupe de scène, en dépit de sa jeune expérience. On imagine aisément que le quatuor évitera ce genre d'erreur à l'avenir et saura aller à l'essentiel, puisque c'est là qu'il est le plus efficace.
Setlist Lost Society
Braindead
Kill (Those Who Oppose Me)
Hollow Eyes
Terror Hungry
Only (my) Death is Certain
I Am the Antidote
Drum Solo
Riot
Vektor
15h50 – Supositor Stage
Etant donnée la qualité de Terminal Redux, le troisième album de Vektor, il est normal de voir autant de monde se presser devant la Supositor Stage pour admirer en live le phénomène thrash progressif. D'autant plus que les Américains sont relativement rares en France, où ils n'ont effectué qu'une mini-tournée en tête d'affiche en plus d'un concert au Hellfest en 2013. C'est "Charging the Void", le titre d'ouverture de Terminal Redux qui ouvre les hostilités, et en dépit d'un son fluctuant pendant les premières minutes, où le chant de David DiSanto est totalement sous-mixé (cela s'arrangera par la suite), le quatuor fait déjà forte impression. Si les musiciens sont statiques, le niveau technique et la créativité qui se font entendre dans les titres forcent le respect.
Terminal Redux sera largement mis à l'honneur par Vektor au cours de ce set, puisque "Cygnus Terminal", que l'on peut déjà considérer comme un classique est interprété avant un "Pteropticon" qui permet à la fosse d'enfin se mettre en route, à grands coups de circle-pits et de slams. Le riff rapide du morceau fait des ravages et ce titre est assurément l'un des meilleurs de Vektor en live. Au fur et à mesure du set, le son fluctuant du début se stabilise jusqu'à être parfait dans la seconde moitié du concert, laissant entendre les plans de basse de Frank Chin, qui complètent à merveille les rythmiques de Blake Anderson. Ce dernier a beau jouer sur un kit minimaliste, sa créativité derrière les fûts sert parfaitement les titres.
"Hunger for Violence" constitue la seule incartade du groupe vers Black Future, le premier opus de Vektor, ce qui montre bien que le quatuor est plutôt fier de son dernier bébé. Pour terminer le set en beauté, David DiSanto annonce "Recharging the Void", le titre de fermeture de Terminal Redux. Cette annonce constitue une belle surprise pour les fans du groupe car la complexité harmonique du morceau sur album laissait supposer une adaptation difficile en live. Il n'en sera rien et Vektor préfère dépouiller le titre, en mettant de côté les parties de choeurs et les chants féminins, là où de nombreux artistes choisissent aujourd'hui de sampler leurs arrangements en live. Cela permet d'ailleurs de redécouvrir le titre, qui n'en sort pas moins grand dans son interprétation scénique.
Avec un set de moins d'une heure, Vektor a confirmé la réussite de Terminal Redux en live, prouvant une fois de plus que cet album n'est rien de moins qu'un classique, quelques mois après sa sortie. En live comme en studio, Vektor a déjà tout d'un grand, sachant se démarquer et a délivré l'une des meilleures prestations de cette édition du Motocultor.
Setlist Vektor
Charging the Void
Cygnus Terminal
Pteropticon
Hunger for Violence
Recharging the Void
Graveyard
18h25 – Dave Mustage
Les musiciens de Graveyard doivent se sentir bien seuls dans l'enceinte du festival, tant le genre pratiqué par le combo dénote des autres groupes du week-end. Faisant partie de la vague revival classic rock, au même titre que Scorpion Child, Blues Pills ou Kadavar, en peut être plus bluesy encore, les Suédois démarrent leur set de façon presque déconcertante par...une ballade ! Mais le titre en question, "Slow Motion Countdow", entraîne immédiatement les auditeurs dans les années 70, rappelant au passage les meilleures ballades de Led Zeppelin. Mais quand le groupe démarre vraiment, le groove qui se dégage des compositions entraîne les festivaliers à taper du pied voire à danser dans certains cas.
Le son est excellent sous la Dave Mustage, permettant de distinguer la chaleur qui se dégage des amplis à lampe des musiciens et des instruments vintages. Il faut dire que la paire de guitariste Joakim Nilsson et Jonathan Larocca-Ramm jouent avec l'association Gibson/Marshall, une valeur sûre dans le genre.
La voix de Nilsson évoque les grands noms du hard rock à tendance blues, à commencer par David Coverdale, avec un grain de voix sachant passer des hurlements éraillés à des graves chauds et expressifs. Mais malgré toute la qualité de la musique du groupe suédois, on regrette qu'il n'y ait pas plus d'échanges avec le public, dont une partie s'éclipse peu à peu de la tente, préférant certainement un style plus agressif.
Néanmois, Graveyard aura fait office de pause blues agréable, maîtrisant sur le bout des doigts les codes du genre (vestimentaires et musicaux), et aura fait office de très belle découverte pour les amateurs du genre, prouvant que la vague retro rock actuelle recèle de nombreuses pépites, ayant déjà presque tout des grands. Il est d'autant plus dommage de constater que le groupe a splitté un mois après ce concert.
Obscura
19h25 – Supositor Stage
Après avoir sorti son dernier album Akroasis en début d'année, Obscura est présent sur de nombreux festivals cet été pour le défendre sur scène. Si le line-up fluctuant depuis quelques années s'est enfin stabilisé, les fans de longue date regrettent le départ des excellents Hannes Grossman (batterie) et Christian Muezner (guitare). Cependant, le concert de ce soir est l'occasion de voir que les nouveaux arrivants, Sebastian Lanser (batterie) et Rafael Trujillo (guitare) n'ont rien à envier à leurs prédécesseurs d'un point de vue technique. De même, Linus Klausenitzer envoie des plans de basse fretless digne d'un Steve DiGiorgio (Death, Testament) ou d'un Sean Malone (Cynic), prouvant à quel point cet instrument apporte toujours une plus-value non négligeable dans le death metal technique.
Mais tous les regards sont bien entendus tournés vers Steffen Kummerer, le leader de la formation, qui en plus d'être un bon guitariste et un excellent growler se permet de sourire en permanence pendant le concert. On sent le musicien heureux d'être sur la scène du Motocultor, rendant également hommage aux autres artistes s'étant succédés sur ces planches, notamment Vektor.
Et côté live, si Obscura met l'accent sur son dernier album, les extraits de Cosmogenesis sont toujours un plaisir à entendre en live. "Anticosmic Overload" est toujours aussi efficace, évoquant le Cynic de Focus, une référence en la matière. On pourrait toutefois regretter que les Allemands fassent l'impasse totale sur Omnivium, mais le set est plutôt prenant et le public semble apprécier, certainement grâce à des conditions sonores plutôt bonnes pour la scène en plein-air.
Steffen Kummerer s'est distingué au cours des années précédentes en jouant le rôle de guest pour la tournée Death to All. L'admiration que porte le vocaliste à Chuck Schuldiner n'est donc pas un secret et Kummerer le rappelle avant de jouer "Incarnated", l'un des meilleurs titres d'Obscura, en précisant que ce morceau a été écrit à l'époque en hommage à Death et à son défunt leader. Seulement, c'est "Centric Flow", également extrait de Cosmogenesis qui va définitivement enfoncer le clou, grâce à son final ad lib très mélodique, parfait pour terminer un set de la meilleure des façons.
En quelques années, Obscura s'est imposé comme une référence du death metal technique grâce à des albums studios de qualité et des prestations live comme celle-ci. L'humilité et la sincérité dégagée par le groupe font plaisir à voir et si nous étions en droit de craindre une prestation moins bonne qu'auparavant en raison des changements de line-up, les nouveaux venus au sein d'Obscura ont su nous rassurer, avec une cohésion musicale et humaine qui semble déjà inébranlable.
Setlist Obscura
Ten Sepiroth
The Monist
Perpetual Infinity
Akroasis
The Anticosmic Overload
Sermon of the Seven Suns
Ode to the Sun
Incarnated
Centric Flow
Soulfly
20h20 – Dave Mustage
A l'heure où la foule envahit littéralement le chapiteau de la Dave Mustage, de nombreux festivaliers appréhendent le concert que s'apprête à donner Soulfly, en raison notamment d'une carrière en dent de scie avec des albums récents inégaux, et surtout des prestations live totalement aléatoires d'une date à une autre. Pour ne pas entretenir le suspense plus longtemps, Soulfly et Max Cavalera sont dans un grand jour au moment de démarrer ce set au Motocultor. Débutant par "We Sold our Soul to Metal", issu du dernier opus du groupe, Soulfly dégaine très vite son joker, à savoir l'interprétation en deuxième position de "Refuse/Resist" de Sepultura, toujours efficace en live. Et si Zyon Cavalera n'a toujours pas le charisme ni l'efficacité de son oncle derrière les fûts, ce morceau permet à l'ensemble des festivaliers de rentrer immédiatement dans le set.
En effet, à partir de là, Max pousse le public à jumper et à hurler avec lui. Les circles pits s'enchaînent sur quasiment tous les titres, sans temps mort, soulevant des nuages de poussières énormes, ce qui semble amuser le leader dreadlocké. Une slameuse profite d'ailleurs du chaos total dans la fosse pour monter sur scène avant de se faire sortir sans ménagement par une sécurité sur les nerfs.
Concernant le jeu de scène, le set doit beaucoup à l'arrivée de Mike Leon (basse), beaucoup plus mobile que Tony Campos son prédécesseur, ainsi qu'à Marc Rizzo, toujours aussi impliqué. Les musiciens redonnent un bon coup de souffle à la formation, épaulant le leader qui lui fait preuve de moins d'implication dans le chant notament. La setlist alterne entre les classiques ("Prophecy", "Tribe", "Roots Bloody Roots") et les morceaux moins accrocheurs ("Master of Savagery", "Arise Again"), mais le public ne faiblit pas, sauf peut-être durant le solo de guitare de Marc Rizzo, qui a le mauvais effet de casser le rythme du concert, en plus d'être peu intéressant musicalement.
Mais rien de tel qu'un "Roots" des familles pour relancer la machine, bien qu'en guise de reprise de Sepultura nous aurions préféré un passage vers Arise avec "Dead Embryonic Cell" par exemple.
Malgré tout, Soulfly était dans un bon jour et a délivré une prestation tout à fait honorable, bien aidée par des musiciens bien impliqués et épaulant à merveille Max Cavalera. Maintenant, on espère que le leader retrouvera un peu d'inspiration pour ses prochaines sorties studio, puisque cela lui fait cruellement défaut depuis de trop nombreuses années désormais.
Setlist Soulfly
We Sold our Soul to Metal
Refuse/Resist (Sepultura Cover)
Arise Again
Blood Fire War Hate
Prophecy
Seek n' Strike
Master of Savagery
Marc Rizzo Guitar Solo
Tribe
Roots Bloody Roots
Jumpdafuckup/Eye for an Eye
Dying Fetus
21h20 – Supositor Stage
Dying Fetus en live, c'est l'assurance de passer un bon moment avec des musiciens toujours carrés, et à la virtuosité impossible à prendre en défaut. Ce concert au Motocultor est d'ailleurs l'occasion de le vérifier une fois de plus pour ceux qui n'ont jamais pu voir le groupe de John Gallagher sur les planches.
Le son est excellent, surtout pour du brutal death et met aussi bien en avant les voix de Sean Beasley (basse/chant) et John Gallagher (guitare/chant) que les instruments. On remarque d'ailleurs que le bassiste semble être vocalement plus sollicité qu'à l'accoutumée, ce qui permet une bonne complémentarité des voix entre les deux growlers, la voix de Gallagher étant beaucoup plus tournée vers les sonorités d'outre-tombe que celle de son comparse.
Reign Supreme, le dernier opus du trio date déjà de 2012, et si certains de ses titres sont toujours aussi jouissifs à live ("From Womb to Waste" et son intro samplée explicite), nous espérons rapidement entendre du neuf. Et comme pour répondre à nos souhaits, Dying Fetus se permet une petite virée vers un nouveau morceau, annonçant par la même occasion la sortie prochaine du nouvel opus. Sans surprise, ce nouveau titre est dans la lignée du dernier opus, avec un brutal death très technique. Sean Beasley est d’ailleurs très impressionnant lors des passages en tapping sur sa basse.
Comme à chacune de leurs prestations, les Américains ont asséné une fessée aux festivaliers, qui auraient d’ailleurs volontiers tendus l’autre joue. On attend avec impatience le prochain opus du trio puisque la mise en bouche à laquelle nous avons eu droit était plutôt prometteuse.
Testament
22h15 – Dave Mustage
La tête d’affiche du Motocultor s’apprête à fouler les planches de la Dave Mustage bondée comme rarement pendant ces trois jours. Après un récent passage au Hellfest, les Américains sont de retour en France et viennent comme à chacune de leur prestation rappeler qu’ils mériteraient largement d’être inclus dans le Big 4 du thrash metal. Dès "Over The Wall", c’est la folie dans la fosse et sur scène, Chuck Billy (chant) rayonnant de charisme, aussi bien dans ses parties de chant puissantes que lorsqu’il mime sur air guitare avec son pied de micro.
La section rythmique Gene Hoglan (batterie) / Steve Di Giorgio (basse), ayant déjà travaillée ensemble au sein de Death, on sent une réelle complicité musicale entre les musiciens, le bassiste n’hésitant pas à haranguer la foule, au même titre que le chanteur. Et même si les deux musiciens sont les derniers arrivés au sein de Testament, on sent qu’ils sont déjà complètement intégrés à la formation. De son côté, Alex Skolnick (guitare) transpire le charisme, et même si on pourrait penser qu’il en fait un peu trop sur certains soli de guitare, il fait le show et c'est naturellement vers lui que les regards convergent.
Au contraire, Eric Peterson, son comparse fondateur du groupe est plus discret mais ses riffs sont toujours aussi efficaces : "Rise Up", "Practice What you Preach", "The New Order"…Ce sont une belle suite de classiques toutes périodes confondues qui sont interprétés sans fausse note.
Devant la prestation de Testament, on a réellement l’impression que le groupe a toujours toute son envie et sa hargne comme à ses débuts. Chuck Billy communique tout au long du set avec la foule et réclamme un énorme wall of death pendant "Disciples of the Watch", jouant également avec la foule. Annonçant la sortie prochaine de Brotherhood of the Snake, leur nouvel album, le groupe n’en interprète pas le moindre extrait, ce qui peut s’avérer frustrant pour les fans. Néanmoins, c’est un sans-faute pour le combo thrash, d’une efficacité et d’un charisme redoutable sur scène. Vivement la sortie du nouvel opus pour retrouver rapidement Testament sur les planches.
Setlist Testament
Over the Wall
Rise Up
The Preacher
More than Meets the Eye
Practice What you Preach
The New Order
Into The Pit
D.N.R. (Do Not Resuscitate)
Three Days in Darkness
Disciples of the Watch
The Formation of Damnation
Ministry
00h15 – Dave Mustage
Depuis quelques années, entre les annonces de dissolution du groupe, le décès de Mike Scaccia (guitare) et les tournées d’adieu, les fans de Ministry tentent au maximum de profiter des apparitions scéniques du combo indus, ne sachant pas si cela va durer encore longtemps. Et même si la fatigue est bien là après trois jours de festival, c’est un public nombreux qui attend Al Jourgensen et ses compagnons sur scène.
Ministry a toujours été largement engagé politiquement et la présence d’un écran au-dessus de la scène va permettre au groupe de faire passer ses idées tout au long du set. Débutant le concert par "Permawar", on remarque que le son est excellent et que le leader semble impliqué, lui qui a déjà déçu sur les planches par le passé. L’écran diffuse des images de nombreux leaders politiques et religieux, où chacun en prend pour son grade. D’ailleurs, le contexte politique actuel, sur fond d’élections américaines et de terrorisme semble inspirer le groupe qui déverse son mépris sur la situation internationale en image. Mais revenons-en à la musique. Ministry balaye l’ensemble de sa carrière, même si ce sont les titres les plus récents qui sont à l’honneur.
Les conditions sonores sont excellentes et les classiques comme "Senor Peligro", "Rio Grande Blood", "Thieves" ou "Lieslieslies" sont au rendez-vous.
Dans le public, on se demande toutefois quel est l’intérêt pour Jourgensen de s’emparer d’une guitare, sachant qu’il ne va en jouer à aucun moment, se concentrant uniquement sur les parties vocales.
Le show est parfaitement millimétré et on peut toutefois regretter un manque de communication, puisque Ministry délivre une prestation presque aseptisée, Jourgensen ne s’adressant jamais au public. Alors oui, la présence d’un écran sur scène génère souvent ce type de prestation où tout est calculé, mais cela manque tout de même de spontanéité.
Mais pour les fans, qu’importe, finir cette neuvième édition du Motocultor par un groupe relativement rare sur les planches est une belle façon d’achever ce festival, qui aura tenu toutes ses promesses tout au long des trois jours. Rendez-vous pour la dixième ?
Setlist Ministry
Punch in the Face
Permawar
Rio Grande Blood
Senor Peligro
LiesLiesLies
Waiting
NWO
Just One Fix
The Missing
Deity
Thieves
Photographies : © Cédric Cambien, Nidhal Marzouk, Tiphaine Zanutto 2016
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La Grosse Radio remercie les photographes pour leurs clichés.