Décidément, concernant les concerts de metal, les Parisiens étaient gâtés en cette fin d’année 2016. Tellement même qu’en ce 15 décembre, ce sont les fans de death et de black qui doivent choisir entre Mayhem qui se produit au Trabendo et Loudblast qui investit le Petit Bain pour replonger dans les années 90. En effet, la formation lilloise a décidé d’interpréter en intégralité son chef d’œuvre sorti en 1993, Sublime Dementia, accompagné de deux jeunes groupes plus que méritants, Corrosive Elements et Tankrust, qui ont permis de bien débuter cette soirée.
Corrosive Elements
Les portes du Petit Bain tardent à s’ouvrir, alors que le public commence à faire la queue dans le froid qui règne sur les bords de Seine. Si bien que lorsque Corrosive Elements doit débuter son set, c’est devant un public encore engourdi par la température extérieure. Qu’à cela ne tienne, la formation de thrash/death va venir réchauffer la salle avec ses brûlots issus de son unique album, Toxic Waste Blues. De blues, il n’est cependant pas question, Corrosive Elements jouant un mélange savamment dosé de thrash et de death. En effet, tout au long des compositions du quintet, les rythmiques thrash s’immiscent subtilement dans les plans death, comme sur « Burn the Preachers ». Pourtant côté chant, Brice growl de façon profonde avec des vocaux rappelant Benighted.
Si le groupe fait face à un public encore peu nombreux en début de set (la faute à Mayhem et Watain ?), cela n’entame en rien la bonne humeur de ses membres et le chanteur demande aux spectateurs de se rapprocher avant d’enchaîner les titres suivants. Vue l’énergie déployée par les jeunes musiciens, notamment par Thomas (basse) pied sur le retour tout au long du set, la scène paraît presque trop petite. Mais cela n’empêche pas Corrosive Elements de délivrer une excellente prestation, où les titres phares de Toxic Waste Blues sont bien représentés.
C’est avec « Warmongers » que la formation parisienne nous quitte, nous laissant une excellente impression. Il nous tarde de revoir ce combo qui, entre thrash et death, a définitivement trouvé son terrain de jeu.
Setlist Corrosive Elements
Destructive Cult
Losers
Burn the Preachers
Force Fed Lies
A Premium Carnage
Toxic Waste Blues
Warpath
Warmongers
Tankrust
Changement de registre avec Tankrust qui vient asséner son death metal (avec un soupçon de hardcore) devant un public qui s’est étoffé. Une chose est certaine, le combo doit beaucoup à son leader, Kootoh (chant), qui installe dès le début une ambiance festive avec le public. Après « DMZ », titre brutal à souhait, où les musiciens ne ménagent pas leurs cervicales, le chanteur invite le public à la fête, leur proposant même de monter sur scène, sous l’œil réprobateur d’un agent de sécurité qui semble plutôt réfractaire à cette idée.
Le son est plutôt équilibré tout au long de la prestation de Tankrust, et sert bien l’ensemble des titres, courts mais d’une efficacité qui semble trouver preneur dans le pit. Les rythmiques sont entraînantes et quelques changements de tempo au sein des morceaux permettent d’éviter la monotonie du set.
Enfin, ce concert est également l’occasion pour le groupe d’inviter le maître de cérémonie, Stéphane Buriez, pour un duo sur le titre « Autonomy ». Ce genre d’initiative est toujours appréciable et permet de mettre en avant une belle complicité entre les deux formations.
Tankrust termine son set relativement court avec « Barbarian », peut-être l’une des meilleures compositions de The Fast of Solace, son unique album. Avec une grosse demi-heure de concert, Tankrust a su marquer les esprits et a définitivement chauffé la salle pour le show de Loudblast à venir.
Setlist Tankrust
Draw the Line
Improvisation 28
DMZ
Grow some Balls
Mother Load
Dead Pools
Autonomy
Apollo is Dead
Cleaver
Barbarian
Loudblast
Place désormais à la légende française du death metal, pour un concert qui s’annonce d’ores et déjà intense. En effet, sous l’impulsion de Hervé Coquerel (batterie), le groupe a souhaité interpréter l’intégralité de Sublime Dementia sur cette tournée, ainsi que des titres allant des débuts du groupe jusqu’à Fragments (1998). Exit donc les morceaux du dernier opus, Burial Ground, qui sont certes excellents, mais qui trustaient un peu trop les récentes setlists.
Deuxième changement, et pas des moindres, Alex Lenormand a délaissé sa place à la basse sur l’ensemble de la tournée, remplacé au pied levé par Fred Leclercq (Sinsaenum). C’est devant une salle finalement bien remplie que se produit la formation lilloise, débutant son set par « Presumption » qui donne le ton de la soirée. Le son est parfait et l’on a réellement l’impression d’avoir été projeté au moment de la sortie de l’album au début des années 90. Et si seulement deux des musiciens présents sur scène ont participé à la genèse de cet opus, Drakhian et Fred Leclercq ne ménagent pas non plus leurs efforts et semblent prendre un plaisir non feint à interpréter ces titres. Le bassiste semble d’ailleurs totalement à sa place au sein de la formation, lui qui est également un grand fan du groupe. Etant donné l’accueil que réserve le Petit Bain à Loudblast, il n’est pas étonnant de voir le large sourire qui barre le visage de Stéphane Buriez, par ailleurs impeccable vocalement.
La première pause dans le set viendra avec « About Solitude », court interlude diffusé sur bande, avant que les Lillois se lancent dans un « Subject to Spirit » dantesque, bien que souvent interprété par le groupe. Le concept de la soirée donne également l’occasion à Loudblast de jouer des titres qui n’ont pas été souvent présentés sur scène, comme c’est le cas avec « Fancies » ou « Fire and Ice », qui ne dépareillent pas auprès des autres classiques de Sublime Dementia.
Entre les titres, l’ambiance est bon enfant, les musiciens se partageant une bouteille de whisky avant de trinquer avec le public. Mais lorsque la musique reprend, c’est l’efficacité qui prime. « Sublime Dementia » et « My Last Journey », parmi les meilleurs morceaux de l’album, se chargent de conclure ce set spécial puis, après une courte pause, le groupe revient interpréter d’autres brûlots issus de leur discographie.
La tracklist a été minutieusement choisie par Loudblast, qui veut continuer son voyage dans le temps, avec « Steering for Paradise » et « Disquieting Beliefs » (Disincarnate, 1991), deux morceaux incontournables du groupe, ou encore « Malignant Growth », issu du premier opus du groupe. Si l’on devait formuler un regret, il concernerait l’absence de « No Tears to Share », pourtant un des titres phares du combo. Mais malgré tout, la setlist de la soirée ne peut que combler les fans, pour qui Loudblast continue de tout donner, plus de trente ans après sa formation.
Les Lillois nous quittent avec « Cross The Threshold », avant de saluer longuement la foule, jetant baguettes et médiator à un public qui a réservé un accueil monstrueux à Loudblast. Après avoir eu très chaud dans la salle, les spectateurs s’apprêtent à affronter de nouveau le froid mordant de l’extérieur, conscients qu’ils ont assisté à une excellente soirée.
Setlist Loudblast :
Intro
Presumption
Wisdom…(Farther On)
Turn the Scales
About Solitude
Subject to Spirit
Fire and Ice
In Perpetual Motion
Fancies
Sublime Dementia
My Last Journey
Shaped Images of Disincarnate Spirit
Steering for Paradise
Flesh
Disquieting Beliefs
Malignant Growth
The Horror Within
Cross the Threshold
Merci à Almost Famous pour l’organisation de cette soirée.
Photographies : © Stephan Birlouez / Among the Living 2016
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