Dimanche - 00h - Valley
Quand on vous disait que cette édition 2017 était peuplée d'ovnis dans la programmation. Un peu avant la fin, et que DJ Perturbator ne vienne clore les hostilités de la Temple dans ce qui sera le dernier concert hors-norme de ce Hellfest, c'est au tour d'Hawkwind de venir fouler la Valley avec son rock psychédélique totalement ancré dans les années 60.
Finalement, le LSD, c'était pas pour Sidilarsen, loin de là même. Il aura fallu que les festivaliers conservent leurs acides pour ce show précis, mais s'ils les ont consommés en avance, peu importe, les atouts musicaux et visuels seront là pour les envoyer au fin fond de leur trip avec une aisance déconcertante. Les curieux sont nombreux, et n'ont pas besoin de sortir leurs plus belles robes à fleurs pour être transportés vers l'ère où les hippies étaient rois.
Deux choses pouvaient attirer le public à leur prestation : le côté légendaire, à ne jamais nier, et, côté plus cher au festival, le fait que Lemmy Kilmister ait été bassiste de la formation en 71. En écoutant le space rock que nous propose le groupe, on imagine d'ailleurs difficilement l'ami Ian trouver ses aises dans cette ambiance plus aérienne, plus cosmique (l'appellation "space rock" n'est pas là par hasard. Et le côté aérien, on le ressentira immédiatement. On verra même quelques personnes sortir sous couverts des migraines provoquées par l'écran.
Musique totalement envolée donc, avec un côté psychédélique assumé, qui flirte avec l'improvisation, faisant continuité avec les guitares légères de Blue Öyster Cült quelques heures plus tôt, et un écran balançant des délires troboscopiques excessivement colorés, mais totalement raccords avec le flux mélodique. Si ceux happés par ce dernier sont atteint de synesthésie à la sortie, ce sera bien normal. Mais surtout, ce qui fera la réussite de la prestation de Hawkwind sera la qualité de l'interprétation.
Dave Brock, du haut de ses 75 ans, sera d'ailleurs le doyen du festival, et on ne lui notera aucune faiblesse de jeu. Sa dextérité est impressionnante de justesse, et les musiciens qui l'entourent, dont un Mr Dibs très plaisant en maître de cérémonie, sont eux aussi de haute volée. Il aurait été difficile d'imaginer un groupe tel qu'Hawkwind, discret dans l'hexagone et à la notoriété plus underground qu'autre chose de nos jours, venir offrir un concert en terres clissonaises et surtout, tenir autant la route après tant d'années. Brock aura assumé les nombreux changements de line-up avec sagesse, pour continuer à distiller sa musique (le dernier album du groupe sort cette année et au vu de la régularité des sorties, ce n'est sûrement pas prêt de s'arrêter), et ce soir, on s'est pris 40 ans d'histoire du psychédélisme dans le subconscient.
Photographies : © Lionel / Born 666 - 2017
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