Dimanche – 12h50 – Altar
En ce troisième jour de chaleur écrasante, l'Altar est peu remplie. Les festivaliers présents semblent être là davantage pour échapper à la canicule plutôt que pour écouter le groupe annoncé : Ghoul. Le décor nous laisse interrogateur : de nombreux projecteurs surmontés chacun d’une affiche présentant un œil en noir et blanc, chaque œil appartenant à une personne différente avec des expressions disparates. Cette mosaïque oculaire a de quoi laisser perplexe !
Le concert sous la Temple adjacente se termine enfin, et le public migre vers la scène de l'Altar. Une sorte de musique de cirque jouée au clavier se fait entendre, puis un homme portant un masque chauve aux oreilles décollées avec un ventre proéminent fait son entrée. Il s’adresse à nous comme s’il nous racontait une histoire d’horreur au coin du feu. Un autre personnage portant un costume avec un haut de forme, des tresses africaines et un masque de style vaudou arrive puis le reste la troupe suit. Tous encagoulés avec des sacs de toile ensanglantés, ils peuvent faire vaguement penser à Oogie Boogie venu jouer du metal avec ses acolytes.
Le sorcier vaudou commence à éviscérer le faux ventre du chauve, laissant jaillir des boyaux (ressemblant plus à des serpentins sortis d’une boîte de farces et attrapes) avant que le public ne soit gracieusement arrosé par un jet de sang façon Kill Bill. Le ton est donné, ce sera gore et metal pour ce set ! Jouant des titres bien thrash, dans le public on n’en est pas au stade des pogos mais ça bouge bien.
A la fin du premier titre, les musiciens s’expriment à l’attention du public et le magicien vaudou revient, et raconte une petite anecdote sordide de sa voix nasillarde pour présenter le prochain morceau. Tenant une sorte de rongeur dans ses bras, il mord le petit animal (en peluche, du calme amis de la PETA) à pleines dents, aspergeant copieusement le public d’une nouvelle giclée sanginolante.
Soudain, un autre protagoniste intervient : portant un masque à gaz avec un tuyau et une coiffe militaire allemande de la seconde guerre mondiale, il ressemble à un croisement entre un général nazi et Dark Vador. Ce personnage matraque le sorcier, menace les musiciens et le public, adressant des gestes meurtriers à tout va avant d’inviter le public à effectuer un circle-pit. Les festivaliers assoiffés de sang et ivres de rage s’exécutent !
Chaque titre sera ponctué par petite histoire pour faire la transition, le sang distribué par une mitraillette ou des faux bras coupés continue de pleuvoir sur le public au rythme d’un son rapide et énervé. Un concert de Ghoul constitue un bon exutoire. Si l'on veut se lâcher et laisser exprimer son côté provocateur vous savez où vous rendre. Il convient par ailleurs de saluer le talent d’acteur des interprêtes qui animent le show. Ils savent faire bouger les troupes.
Pour le final, c’est la mort bossue qui arrive, faisant deux têtes de plus que les musiciens, remuant ses mains jaunes disproportionnées. Entamant un combat avec un genre de troll géant, ce dernier monstre sort vainqueur et triomphe joyeusement aux cotés des Américains en leur attrapant l’épaule et brandissant le poing à l’attention des festivaliers. Quel show !
Ghoul c’est clairement un groupe de live toutefois sans le spectacle ce concert aurait peu d’intérêt. En réalité, le visuel était tellement prenant que nos oreilles n’écoutent pas et c’est dommage.
Amateurs de macabre et de mise en scène, ne passez pas à côté de Ghoul qui sait mettre l’ambiance!
Crédit photographies : Thomas Orlanth 2017
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