Dimanche - Temple – 01h05
OVNI total dans la programmation du Hellfest, le français Perturbator, ou James Kent pour les intimes, est l'un des seuls DJ à fouler la prairie (carbonisée et piétinée en ce dernier jour) de Clisson et le pari n'était pas si osé que cela. Malgré l'approche très électro, la foule est conséquente pour profiter de la dernière heure de concert de cette édition 2017, devant une scène où les amplis ou la batterie sont les grands absents. Il n'y en aura pas besoin cette fois-ci pour transporter la Temple vers une autre dimension...
Lorsque l'introduction démarre dès les dernières notes côté Altar (Coroner étant légèrement à la bourre), c'est tout l'éclairage de la Temple qui semble prendre vie. Articulé autour d'un pupitre stylisé mais plutôt simple, tout le système de lumières sera un élément clef de la prestation, comme un véritable instrument à part entière. La capuche de sa veste vissée sur la tête, James sort des coulisses le plus simplement du monde, tel un ado s'extirpant de sa chambre à l'heure du dîner... Sauf que son installation l'attendait de pied ferme, et un halo multicolore centré sur le pupitre éclate pour sa mise en place, tel un Dieu égyptien dans un film hollywoodien. Sous l'acclamation du public, voilà que démarre un set des plus étranges de ce festival, mais réglé au millimètre sous tous les aspects.
Si son style s'éloigne sensiblement du metal tel que l'on a pu l'entendre tout le week-end, les sonorités que nous proposent Perturbator se rapprochent sensiblement de l'univers qui colle au festival. Il est impossible de ne pas s'imaginer dans un décor du Cinquième Elément, de Blade Runner ou de Matrix à l'écoute de ''Neo Tokyo'' et de ''Future Club''. Le HellCity Square déborde de références (affiches, pancartes, décors) qui rappellent sans aucun doute ces ambiances futuristes, tel que l'avenir était imaginé dans les années 80. On voit réellement des extra-terrestres, des vaisseaux spatiaux (ou des meubles en formica, c'est selon) au milieu d'une ruelle mal famée bordée de néons roses ou jaunes, de boutiques bizarres sur une planète inconnue... Écoutez ''Sexualizer'' avec sa basse slappée, et vous aussi, vous verrez.
Oubliez l'électro basique diffusé à la radio toujours au même rythme, ce cher James fait les choses bien, et sait à qui il s'adresse. De nombreux changements de rythmes, de mélodies et d'univers différents se succèdent, de manière à ce que tout le monde y trouve son compte. Danser, se reposer, planer, yeux ouverts ou fermés, on trouve toutes les réactions sous la Temple. Quelques beats rappellent une double pédale artificielle, on croit entendre quelques refrains, des semblants de riffs ici ou là, et même si les claviers prédominent, on pense tous reconnaître un peu de ce qu'on aime dans sa musique.
Le light show est à couper le souffle. Chaque battement, chaque relance est visible, et la lumière répond à la musique, tout l'éclairage étant mis à profit et l'ensemble donne un relief absolument incroyable avec beaucoup de couleurs, de vitesse, et une ambiance visuelle distincte pour chaque morceau. Caché derrière son imposant podium, James semble prendre son pied et va chercher un public visiblement pas encore si fatigué. A la merci du rythme plus ou moins rapide, la foule saute, crie et même slamme, baignée de fumée et de rayons multicolores. On a vraiment du mal à croire que l'on est au Hellfest tant l'ambiance y est surréaliste, si éloignée de tout ce que l'on a pu vivre sur ce week-end, mais à la fois si proche dans l'esprit de fête et de partage.
Sur un final plus rapide, le set de Perturbator se termine dans un arc en ciel de couleurs et de sons. Sans avoir dit un seul mot durant toute l'heure, le jeune DJ a tout raflé sur son passage et célèbre sa victoire les bras levés, puis le poing sur le cœur en regagnant les coulisses. La soudaine absence de bruit ramène le public à la réalité, et nombreux sont ceux qui émergent lentement de leur doux rêve. Il faudra au moins une bonne année pour s'en remettre...
Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier
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