Après deux courtes nuits, nous voilà prêts pour le dernier jour du festival, avec plusieurs groupes que j'attends impatiemment... La fatigue se fait sentir pour le festivalier, mais cela ne fait que transcender la joie des concerts !
DIMANCHE 20 AOÛT :
Après avoir raté Breedmachine, je milite activement contre les concerts le matin, même s’il est presque midi. C’est un principe que tous les festivaliers qui aiment terminer au camping ou ailleurs, tard dans la nuit, comprendront.
Je fais néanmoins un gros effort de volonté, car je ne veux en aucun cas rater Sangdragon, tout en regrettant Hexecutor que j’ai déjà pu apprécier à de nombreuses reprises et que j’aime également. Mais la vie est faite de choix.
(photo d'Hexecutor par Tiphaine Zanutto)
Sangdragon - 12h35 – Massey Ferguscene
Les Macônnais commencent leur set devant un public étonnamment nombreux si on pense que nous sommes déjà le troisième jour du festival et qu’il n’est que midi. Le mélange de black, death et folk metal avec quelque chose de plus que nous offre le groupe m’a toujours inspiré. Le fait que nous ayons le droit à des moulinets d’épées de la part de Vincent, comme à son habitude habillé de son armure de guerrier, participe à « ce quelque chose de plus ». Les chœurs sur scène et l’ambiance épique qui se dégagent des morceaux également.
Sangdragon offre quelque chose d’unique sur la scène française, ou même internationale. En effet, l’univers des groupes épiques, qui parlent d’heroïc fantasy, est peuplé de groupes qui exercent un power metal quelque peu mou ou un heavy traditionnel sans grande originalité. Sangdragon va plus loin, et ajoute une authentique puissance. Le chant souvent black/death de Vincent en est la parfaite illustration. La reprise de la musique du générique de la série Game of Thrones en version metal qui conclut le concert est une excellente idée, qui ne pouvait que ravir les fans, et clôturer dignement un excellent concert.
Monarch ! – 14h15 – Massey Ferguscene
Le concert auquel j’ai pu assister en cette heure ingrate m'a semblé juste parfait. L’ambiance enivrante de la musique de cette formation française de doom metal m’a juste remué profondément l’âme. Pourtant, je ne comptais pas assister au concert, et je me suis juste arrêté un instant. Instant qui a duré jusqu’à la dernière note.
C’est aussi ça, le hasard des rencontres musicales au Motocultor.
Uada – 15h15 – Supositor Stage
Du black metal US, ce n’est pas tous les jours que l’on peut apprécier cela sur une scène française. Je me suis donc empressé de regarder ce show qui concluait en beauté leur tournée européenne « Spectral Summer ». Musicalement, nous sommes devant un black metal de qualité, avec des composantes mélodiques bien présentes. La prestation scénique est simple et efficace, tout comme leur aspect. Vêtements noirs, capuches noires, visages cachés. Froid, sombre, black metal !
Battle Beast – 17h30 – Massey Ferguscene
Le choix entre le pur heavy metal old school de Battle Beast et l’excellent death metal de Vital Remains m’a posé un véritable cas de conscience. J’ai donc décidé de faire les deux. Sans douleur ni chirurgie fatale, rassurez-vous. Le début du set m’a convaincu que Noora Louhimo ne faisait pas de concessions. Elle aime le heavy, et un point c’est tout. Certes trouveront un certain kitsch dans ce groupe, d’autres diront que c’est justement ça le heavy metal, du cuir et des envolées de guitares et de chant. Pas de doute, Battle Beast est également une bête de scène ! Et le public apprécie.
Vital Remains – 17h30 – Supositor Stage
Un autre groupe qui ne fait pas de concession, c’est Vital Remains.
Les Américains proposent un blackened death depuis 1988. Et rien que cela mérite déjà le respect. Quand on constate en plus qu’ils continuent dans l’efficacité et la brutalité en 2017, il n’y a rien à ajouter. Juste apprécier et essayer de ne pas se briser une nuque déjà douloureuse depuis deux jours ! Brian Werner, sans doute un peu pyromane, brûle la couverture d'une Bible. Cela réchauffe le public davantage encore, et le mosh pit devient un terrain de jeux !
(photo par Tiphaine Zanutto)
Giédré – 18h25 – Dave Mustage
J’avoue qu’une de mes plus grosses attentes était Giédré. En effet, je suis fan depuis la première heure quand elle proposait des CD même pas en rayon, mais juste sous forme numérique. Une autre époque, certes ! Entre temps, elle a enchainé les concerts et s’est fait un prénom. De toute façon, son nom est imprononçable à moins de venir loin de l’Est. J’ai toujours pensé qu’elle avait la place au Motocultor. Je dirais même précisément au Motocultor, festival dont la tradition implique d’inviter un artiste qui n’a absolument rien à voir avec le metal, musicalement parlant, mais ayant clairement l’esprit du metal.
Pour l’avoir croisé avant le concert, et avoir pu échanger quelques mots avec elle, je peux dire qu’elle avait l’air de s’inquiéter quelque peu tout de même de jouer devant ce public inédit, composé de gros métalleux qui n’attendaient certainement qu’une occasion pour lui lancer des canettes de bières en la huant.
J’imagine son étonnement quand elle constaté que chez les métalleux aussi, il y avait des Cotorep à foison, d’authentiques handicapés qui assumaient leur amour de la vraie musique franco-lituanienne. Une mention spéciale à la personne au premier rang qui avait accroché son badge PMR au bout d’une canne. On n’est jamais si bien servi que par soi –même, comme on dit !
J’ai pu constater de mes propres oreilles que les centaines de personnes des premiers rangs connaissaient parfaitement les textes de ses jolies chansons, pleine d’espoir et de réalisme. C’est d’autant plus étonnant, puisque je venais de sortir du concert de Vital Remains, qui était, disons le franchement, dans un tout autre genre ! Mais le métalleux du Motocultor sait clairement faire des anus avec ses doigts. Il n’hésite pas non plus à slammer sauvagement et en vagues sur « Pisser Debout » par exemple. Je ne peux qu’évoquer les demoiselles aux seins nues qui surnageaient dans la foule, sous la vulve géante qui servait de décor à la jolie demoiselle sur scène. Merci aux organisateurs, et merci à Giédré pour ce moment qui restera dans la mémoire collective de nombreuses personnes présentes ! J’ai des bonnes raisons de penser que pour elle aussi, ce dépucelage tardif devant un public metal lui aura laissé quelques souvenirs impérissables.
Uli Jon Roth – 19h25 – Massey Ferguscene
Ce n’est pas ma tasse de thé, mais je ne peux faire autrement qu’au moins ajouter quelques photos de cette légende du hard rock. Et que les fans me pardonnent de mes goûts douteux !
Eluveitie – 20h20 – Dave Mustage
Les Suisses d’Eluveitie font presque parti du décor. Ils viennent tous les ans ou presque au Motocultor et font résonner joyeusement « Ogmios », chanson traditionnelle bretonne, mais aussi « The Call of Mountains », « A Rose for Epona ». Cette édition nous offre une formation en partie remaniée. Il est vrai qu’Eluveitie est un groupe qui vient en nombre, et les changements de line-up sont monnaies courantes, sans parler des nombreux musiciens invités, et au final, seul Chrigel Glanzmann reste à son poste d’origine. Quoiqu’il en soit, le public sait ce qu’il veut et sait ce qu’il a avec le folk metal d’Eluveitie…
Suffocation – 21h20 – Supositor Stage
Encore un cruel dilemme entre Suffocation et Tragedy. Je choisis à nouveau de le trancher au mieux en commençant par l’un pour finir par l’autre. L’énergie du brutal death metal de Suffocation est évidente. Le public ne s’y trompe pas, et malgré les trois jours de festival, nombreux sont ceux qui trouvent encore l’énergie dans le mosh pit !
A mon grand regret, je dois quitter le concert pour aller voir une autre forme d’énergie.
Tragedy – 21h20 – Massey Ferguscene
Le choc est violent pour moi qui reviens de l’autre scène. Je crois que j’ai manqué de préparation psychologique, et les slips à paillettes totalement glam et le changement d’ambiance musicale manquent de me faire défaillir. Heureusement que je croise rapidement des amis, qui visiblement ont déjà eu leur période d’adaptation. Rapidement j’en arrive à la constatation qu’un festival, c’est avant tout l’occasion de faire la fête. Et là, Tragedy est juste parfait !
Quand vers la fin du concert, on ouvre les accès à la scène juste à côté de moi, je me retrouve avec tout un groupe de spectateurs qui ne s’attendaient à rien, avec les musiciens, en face du public, pour une reprise métal de "YMCA". Parfois, il ne faut juste pas chercher à comprendre ce qu’on fait, et j’avoue que de pouvoir faire un live report à ce point immergé n’était pas prévu. Mais ceci dit, c’est exactement ça le Motocultor, il ne vaut mieux pas trop prévoir et se laisser emporter par les événements !
Devin Townsend – 22h15 – Dave Mustage
Encore un changement de style radical, mais comment nier la beauté de l’œuvre de Devin ? En fait, cette dernière soirée du festival, c’est un peu comme des flashs accélérés qui regroupent ce que je préfère dans les nombreux styles du metal. Je vais finir par m’évanouir à force. Ah non, c’est peut-être le rhum et la bière.
Insomnium – 23h20 – Supositor Stage
Encore un choix délicat, parce qu’il y a God is an Astronaut qui joue sur une autre scène. Je me dis que je vais devoir à nouveau faire un peu des deux concerts. Et bien, c’est raté cette fois ! En effet, Insomnium nous propose un show juste magique. J’avoue que le côté un peu lent de leur death metal mélodique ne me plait pas tant que cela sur CD, mais là, en concert, dans les conditions de festival, l’énergie est bien plus présente. Juste ce qui leur manquait, à mon modeste avis.
Du coup, je reste jusqu’au bout du show, en remettant bien haut dans ma grande liste de groupes favoris cette excellente formation, capable d’assurer le spectacle de manière irréprochable !
(photo par Tiphaine Zanutto)
Possessed – 00h15 – Dave Mustage
Comment mieux terminer le Motocultor que par cette légende musicale qu’est Possessed et notamment le chanteur et bassiste Jeff Becerra ?
Suite à un cambriolage qui a mal tourné où il a reçu une balle au mauvais endroit, Jeff est paralysé depuis de nombreuses années et se consacre désormais au chant au sein du groupe, puisqu’il ne quitte malheureusement désormais plus son fauteuil roulant.
Quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est que cela n’a empêché en rien d’offrir au public un grand show de Possessed ce soir. Je trouve que la symbolique de l’esprit Motocultor est très forte. En fait, j’étais très ému et je suis resté scotché devant le concert, ne perdant pas une minute. Bien sûr, c’était aussi que le thrash/ death à l’ancienne des Américains me parle, mais pas seulement.
Je sais que l’histoire du metal intègre Seven Churches de Possessed, mais certainement aussi ce concert de clôture de cette édition du Motocultor 2017.
Allez, je le redis sincèrement : Motocultor, je t’aime !
Thomas Orlanth
Photos:
© Nidhal Marzouk http://nidhal-marzouk.com/
© Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook
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