Kvelertak (+Sibiir) à  La Laiterie – Strasbourg (10/04/18)

A l'occasion d'une tournée avec Metallica, Kvelertak s'est offert le luxe d'une unique date française en tant que headliner et c'est La Laiterie de Strasbourg qui a été retenue pour la tenue de l'événement. Le groupe ne foule pas les planches alsaciennes seul puisqu'il est accompagné de Sibiir, une étoile montante de la sphère metal/hardcore underground venu faire ses preuves en cette soirée du 10 avril. 

 

SIBIIR
 

Quasi homologue de Kvelertak, Sibiir s'impose peu à peu sur la vague blackened hardcore, un hybride entre black metal et hardcore qui balaie un vent de fraicheur sur la scène metal au sens large. On voit de plus en plus naitre ce genre d'hydre à deux ou trois têtes, mais ceux qui parviennent à briller sont ceux qui rendent leur univers musical cohérent. 

Sibiir concentre l'aspect brut, et parfois dramatique, si cher au hardcore en fructuant sont style avec de sublimes sonorités black metal, et dans un Club déjà déchaîné, on assiste au déferlement de la puissance des Norvégiens, si bien que les coups commencent déjà à voler dans le pit. C'est surpris qu'on constate que le Club, certes petit mais dont la capacité est tout de même notable, est quasiment plein lorsque Sibiir vient sonner le glas du renouveau. 

En soi, l'ambiance est celle d'un concert de hardcore lambda, de même que pour l'attitude des musiciens, mais leur musique organico-dramatique dégage une aura tout à fait particulière. De temps à autre leur style dérive sur des mélodies presque issues du black metal dépressif et supporte ainsi avec justesse le son guttural toujours plus douloureux de la voix. Et si les bonshommes de Sibiir jouent à La Laiterie ce soir là, c'est pour lâcher les chiens et dévoiler une puissance monstrueuse en oscillant entre blastbeats, riffs dignes des plus grands breakdowns et mélodies torturées du black. Le chanteur vient d'ailleurs faire résonner son hurlement au milieu du pit, au plaisir de l'auditoire déjà présent. Le mieux dans tout ça ? Le son du groupe est plus que lisible et les musiciens jouent avec une précision jouissive.

Il va falloir suivre Sibiir de très près ces prochaines années car il se pourrait que le groupe connaisse une ascension assez nette, surtout si un nouvel album pointe le boût de son nez et que les Norvégiens parviennent à accoucher d'une musique toujours plus innovante. Et si on vous demande de définir Sibiir, dites simplement que c'est un Behemoth shooté au hardcore avec toute l'originalité et la sensibilité musicale qui s'en suivent.

 

Kvelertak


Place maintenant au fils prodige de la soirée, et qu'on se le dise d'emblée, Kvelertak a tout simplement retourné La Laiterie, preuve à l'appui : 


Le combo norvégien n'est plus vraiment à présenter, avec des pochettes d'albums réalisées par John Dyer Baizley, chanteur et guitariste de Baroness à la patte graphique si unique, un premier album produit par Kurt Ballou, guitariste de Converge, et des tournées avec Metallica, Mastodon ou Gojira, Kvelertak a connu une progression fulgurante au sein de la scène metal. Il faut dire que leur black'n'roll nimbé d'une touche stoner en a fait frémir plus d'un.

Pendant plus d'une heure et demie c'est un mur de son qui rase la salle dans lequel viennent s'imbriquer trois guitares ornées d'un chant black ultra puissant qui déblatère des paroles incomréhensible en norvégien, ET ÇA MARCHE. Non-sens et chaos sont les mots d'ordre, entre les musiciens qui slament encore câblés aux amplis et l'éternelle chouette qui sert de couvre-chef au chanteur, la dose de n'importe quoi est présente. Le mieux dans tout ça ? La setlist est ralongée suite à l'engouement du public ! 

Dans ce genre d'ambiance, la qualité de jeu a tendance à baisser, mais ici que nenni ! Si une faiblesse dans le tempo est perceptible sur certains morceaux, l'ensemble reste joué avec brio et porte clairement le concert. Les musiciens restent carrés sur l'ensemble de la setlist qui, en plus d'être judicieuse, jongle parfaitement entre les trois albums du groupe proposant ainsi un show sans flottement.

"Åpenbaring" fait office d'ouverture, et quelle ouverture. D'emblée l'auditoire chauffé par Sibiir bascule dans l'euphorie avant de se lâcher complètement sur les rythmes effrenés de "Bruane Brenn" et de "Mjød", issus respectivement du deuxième et du premier album de Kvelertak. La suite est plus orientée stoner avec des morceaux comme "1985" ou la balançante "Evig Vandrar", mais rapidement le côté hardcore reprend ses droits et le groupe mène son auditoire vers sa sainte trinité, le combo "Offernatt", "Fossegrim", "Blodtørst" dont les riffs ultra rock'n'roll sont plus qu'emblématiques.

Le rappel s'inscrit vraiment dans l'ambiance posée tout au long du set, la clôture s'entame sur "Utrydd Dei Svakke" alors que le public est invité à monter sur scène. Et là s'enchaînent un série d'événements tous plus mémorables qu'improbables : l'un des guitariste se jette dans le public alors que le bassiste tente de marcher sur celui-ci (le public) pour atteindre les tringles du Club. Cette note de fin fait clairement entrer ce concert dans un hall of fame personnel et sûrement dans le lot des concerts les plus mouvementés et mémorables de La Laiterie

Kvelertak a donc bel et bien retourné La Laiterie avec sa musique frénétique bourrée de fun. Pour sa seule date française en tant que headliner, le groupe a clairement mis le paquet, a su marquer le coup et s'approprier la salle de toute part !

Setlist:

1. Åpenbaring
2. Bruane Brenn
3. Mjød
4. 1985
5. Berserkr
6. Evig Vandrar
7.Ulvetid
8 Bronsegud
9. Nattesferd
10. Ordsmedar av Rang
11. Liktorn
12. Svartmesse
13. Offernatt
14. Fossegrim
15. Blodtørst
16. Heksebrann
17. Månelyst
18. Kvelertak
19. Utrydd Dei Svake 

Merci à La Laiterie pour ce concert !

Photos: © Valentin Laurent (Hysteria) 2018.
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.



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