Anti-Flag (+ Stick to Your Guns & Stray From The Path) au Trabendo (20.06.2018)

Le Download vient de se terminer et le Hellfest arrive à grand pas mais il y a de quoi s’occuper entre les deux. En l’occurrence, Alternative Live nous a réuni un plateau de grande qualité avec Stick To Your Guns et Stray From The Path en invités de choix pour les punks américains d’Anti-Flag. Tout ça dans un Trabendo sans barrières pour un maximum de bazar on tenait là une soirée parisienne à l’avant-goût de Warzone.

Stray From The Path

Pour commencer c’est loin d’être un combo inconnu qui se présente à nous. Stray From The Path vient souvent nous voir à Paris, la dernière fois remontant à novembre dernier où les Américains avaient bien rempli la Maroquinerie. Aujourd’hui ils sont dans une position bien différente et même si le public est un peu moindre en début de set, la rage est la même. Drew Dijorio et sa bande nous tombent dessus avec leur hardcore aux influences hip-hop et les banderilles de Subliminal Criminals s’enchaînent à vitesse grand V.

stray from the path, drew dijorio, trabendo, paris, 2018

Un petit groupe de connaisseurs est là  et hurle les paroles en même temps que Drew. Les riffs de Tom Williams bien inspirés par Tom Morello et Rage Against The Machine résonnent dans le Trabendo, en particulier ceux du dernier album Only Death Is Real. « Plead The Fifth », « Goodnight Alt-Right » ou « The House Always Wins » qui ont suscité de vives critiques de la part de la fachosphère sont bien entendu de la partie. Entre les titres, Drew s’adresse beaucoup au public parisien avec ses habituels discours politiques anti-Trump et antifascistes. Au cas où certaines personnes se seraient trompées de concert, elles sont désormais prévenues !

anthony altamura, stray from the path, 2018, paris, trabendo

Même si le groupe n’aime pas trop jouer des anciens titres, il y a des chansons avec lesquelles on ne plaisante pas et « Badge & a Bullet » en fait partie. De même pour « First World Problem Child » dont le refrain est scandé par une foule qui commence désormais à bien remplir le Trabendo. Dommage de ne pas avoir eu droit à « Radio » en feat avec Jesse de STYG mais d’un côté, Stray a tellement de featuring avec tous les groupes de la scène hardore qu’en faire un par soir serait plutôt compliqué. Les New-Yorkais ont donc fait le boulot malgré un public un peu timide, la faute au statut de première partie. Un sacré avant-goût du Hellfest où l’on sait de source sûre que Stray a mis un bordel monstre.

Setlist:
Outbreak
Badge & A Bullet Pt. II
The Opening Move
Loudest in the Room
Goodnight Alt-Right
The House Always Wins
Plead the Fifth
Badge & a Bullet
First World Problem Child

Stick To Your Guns

Voici Stick To Your Guns de nouveau de retour à Paris, six mois après son dernier passage. Toujours en déficit cruel de popularité en France alors qu’ils blindent des salles de plusieurs milliers de personnes ailleurs en Europe, les Californiens tournent tout l’été pour promouvoir True View, le petit dernier. Evidemment, une bonne partie du public les considère comme la véritable tête d’affiche et l’ambiance décolle rapidement sur l’enchainement « The Sun, the Moon, the Truth » - « Nobody » qui ouvre le concert.

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Le public profite bien sûr de l’absence de barrière au Trabendo pour monter sur scène pour quelques stagedives sympathiques. La proximité avec l’un des groupes les plus pro et les plus carrés de la scène est évidemment un atout énorme. La fosse du Trabendo hurle littéralement les singalongs de « Such Pain » ou « What Choice Did You Give Us » et les nouveaux titres comme « Married To The Noise » sont maintenant connus de tous. Comme d’habitude, Jesse Barnett utilise la scène comme une plateforme d’expression, dans ses paroles mais aussi dans ses longs discours aux Parisiens. Centré cette fois sur l’accueil et le sort réservé aux réfugiés, on s’étonne toujours de la faculté de Jesse de choisir des mots aussi juste pour décrire les situations si proches de nous et nous faire réfléchir sur notre propre indifférence. Malheureusement, quelques personnes n’ont toujours pas compris qu’elles se trouvaient à un concert de hardcore, courant politisé par excellence et que crier au chanteur de jouer au lieu de parler de politique était un manque de respect et pas un acte héroïque du tout. Allez, dehors messieurs.

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En milieu de set, on a droit à la ballade pop-punk « The Reach For Me », seul petite surprise d’une setlist se reposant sur du classique à la pelle. « Amber », « We Still Believe », « Nothing You Can Do To Me », autant de valeurs sûres sur lesquels la fête est totale. En décembre, STYG avait du raccourcir son set à cause des problèmes de santé de Jesse. Aujourd’hui, le frontman tient sa revanche avec une belle performance vocale en scream comme dans son chant clair caractéristique inspiré d’Ignite. Malgré ça, on sent que tout n’est pas réglé puisque le groupe raccourcit (encore !) son set par rapport à la veille, preuve que la santé du leader fait l’objet d’une attention quotidienne. Seulement douze chansons c’est forcément frustrant et les deux derniers titres « Doomed By You » et « Against Them All » arrivent bien trop vite. A charge de revanche pour les Californiens lors de leur prochaine venue.

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Setlist:
The Sun, The Moon, The Truth: "Penance of Self"
Nobody
Such Pain
Married to the Noise
What Choice Did You Give Us?
The Reach for Me: "Forgiveness of Self"
We Still Believe
Amber
Nothing You Can Do to Me
You Are Free
Doomed By You
Against Them All

Anti-Flag

En sortant sur la terrasse du Trabendo, on se rend compte que le concert fait véritablement office de warm-up Hellfest pour pas mal de monde. On peut y croiser des personnages typiques du festival telle cette bande de japonais fous que les habitués de la Warzone connaissent bien. Mais place maintenant à Anti-Flag, tête d’affiche surprise de la soirée. Les Américains pratiquent une musique bien moins agressive que les deux groupes d’ouverture mais pas moins engagée. 30 ans que ça dure et vu le public multigénérationnel rameuté, ce n’est pas prêt de s’arrêter !

Anti-flag, trabendo, paris, 2018

La fosse est encore bien compacte et on constate vite que la présence scénique du quatuor éclipse presque celle des groupes précédents. Justin se donne à fond dans son rôle de chanteur-guitariste et le bassiste Chris #2 est toujours en mouvement, se jetant depuis le haut des amplis en permanence. L’ambiance est bon enfant et le son excellent du Trabendo permet de passer un très bon moment.

Anti-Flag, Justin Sane, Paris, Trabendo, 2018

Ici, la fête est politisée et absolument personne ne peut le nier cette fois. Des titres comme « Fuck Police Brutality » sont assez explicites en eux-mêmes et la fosse les accueille avec bonheur. Qui dit punk dit large communication et on sent une proximité intense entre Anti-Flag et son public. Les slammeurs sont accueillis sur scène avec de larges sourires, Chris et Justin se moquant même de l’un d’eux arrivés sur scène pile à la fin de la chanson. Et oui, ça nous est tous déjà arrivé une situation pareille.

Au fond de la scène, on aperçoit deux roadies bien cachés pour aider sur les nombreux chœurs des compositions d’Anti-Flag mais aussi pour la cowbell. Mais la fin du set approche et le public s’enflamme véritablement à partir de « Die For Your Government », l’un des hymnes les plus connus du groupe. Le volume sonore produit par la foule est assez fou et ce n’est pas prêt de s’arrêter puisque « This is the end » est réclamé par la fosse. Amusé, Justin lâche un « We’re not a fucking jukebox ! » mais le quatuor va quand même jouer la chanson.

Anti-flag, chris #2, paris, trabendo

Pour la dernière chanson « Brandenburg Gate », c’est carrément le batteur et le bassiste qui rejoignent littéralement la foule, instruments compris ! Un moment de communion intense pour terminer ce concert qui n’aura à coup sûr déçu aucun fan. Le punk-rock à l’ancienne a encore de beaux représentants comme Anti-Flag et H2O et on peut se réjouir que la flamme brûle toujours après toutes ces années.

Setlist:
The Press Corpse
Cities Burn
The Criminals
Fuck Police Brutality
Trouble Follows Me
Turncoat
All of the Poison, All of the Pain
This Machine Kills Fascists
1 Trillion Dollar$
Broken Bones
American Attraction
This Is the End (For You My Friend)
Die for the Government
Drink Drank Punk
Brandenburg Gate

Photographies : © Justine Cadet 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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