Empyrium (+ Helrunar & Sun of the Sleepless) au Nouveau Casino (04.10.2018)

C'est la première fois que le public parisien a droit à une date d'Empyrium après deux prestations exceptionnelles au Hellfest et à l'Opéra de Strasbourg notamment. Le groupe culte fondé par Ulf Theodor Schwadorf s'est embarqué dans une tournée pour célebrer les 20 ans de Songs of Moors and Misty Fields où ils ne jouent que des titres d'avant 1998. Dommage pour ceux aimant le groupe pour ses albums récents mais une aubaine pour tous les fans du vieux Empyrium. La date promettait d'être spéciale et émouvante et elle l'a été, sans commune mesure.


Sun of the Sleepless

La Grosse Radio est en retard mais fort heureusement, l'organisation aussi et cette demi-heure de retard sur le planning nous permet de ne pas rater une miette du show des trois groupes. C'est décidément la soirée de la nostalgie puisque l'ouverture de soirée est confiée à Sun of the Sleepless, l'un des premiers projets solos de Schwadorf, fondateur d'Empyrium. C'est donc le premier set de la soirée pour le frontman allemand et on constate vite que les musiciens qui l'accompagnent ne sont pas des inconnus avec notamment Eviga d'Empyrium et Dornenreich à la guitare et le batteur français Kreyder.

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Assez loin d'Empyrium, on est ici sur du black metal atmosphérique sur lequel Schwadorf pose son scream puissant et plus rarement son chant clair. Les trois guitares se répondent à coup de riffs et de mélodies lancinantes alors que la batterie reste en blast pendant la majeure partie du set. Les compositions peinent parfois à convaincre, la faute au son pas exceptionnel empêchant d'entendre toutes les petites nuances folks jouées par les Allemands. On a un peu de mal à rentrer dans le set malgré des musiciens expérimentés et à un chant irréprochable de puissance de Schwadorf.

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Le public est déjà présent en nombre et écoute avec attention la musique jouée. On passe de moments assez oubliables à des passages plutôt jolis que l'on sent inspirés des premiers Ulver. Le groupe a fait un effort sur la déco en plaçant une petite statue de hibou qui ne sera malheureusement pas visible de grand monde depuis la fosse.

Au bout de 40 minutes, le groupe s’éclipse avec probablement sa meilleure chanson de la soirée, « Phoenix Rise ». Les mélodies sur cette dernière sont poignantes et nous font regretter une première partie de set gâchée par le son approximatif. Une prestation en demi-teinte donc mais que les fans de ce projet lui-aussi culte ont sans nul doute grandement apprécié.

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Helrunar


Au tour d'Helrunar de monter sur les planches et on reste dans du black metal dans la plus pure de ses formes. Drôle d'idée que d'avoir choisi deux groupes du style pour ouvrir alors que la musique d'Empyrium possède tout de même plus d'influences doom. Mais on ne va pas se plaindre de la présence des Allemands qui impressionnent de maîtrise dès les premières notes. L'atmosphère a complètement changé depuis le set de Sun of the Sleepless et cela doit beaucoup au son, désormais absolument parfait.

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Avec tout son charisme sobre, le chanteur Skald Draugir lâche simplement un « Paris, on y va » avant de lâcher les chevaux de ce black metal furieux aux influences multiples et aux paroles rendant hommage à la mythologie nordique. Rien de particulièrement technique dans les riffs et dans la rythmique, on recherche l'efficacité au maximum et les compositions tiennent la route sans aucun problème, soutenu par le scream possédé de Skald.

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Entre chaque titre, le frontman nous raconte l'histoire de la chanson qui va suivre en expliquant le style et sa genèse presque comme s'il répondait à une interview. Alors que des spectateurs parlent un peu trop fort au milieu de ses interventions, on a droit à un « There's something I can say in french : ta gueule ! » ovationné par toute la salle. Décidément en forme, le chanteur dézingue aussi les nouveaux groupes de la scène viking metal avant de jouer sa propre chanson du style, hommage à Bathory et Enslaved.

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Une heure de concert tout de même c'est un peu longuet et on commence tout doucement à décrocher peu avant la fin. Le dernier titre est un hommage au death metal de Göteborg comme nous l'explique Skald et le groupe termine sous une ovation. Ovation bien mérité pour Helrunar qui n'aura pas failli à sa réputation et aura contenté tous les amateurs de black metal à l'ancienne.

Empyrium

L'atmosphère rituel d'Empyrium se met en place dès les balances avec des chandeliers et de puissantes odeurs d'encens pour déjà, brouiller les sens. Le groupe se présente sur scène avec un line-up différent de l’accoutumée. Thomas Helm qui forme l'habitude la moitié du duo vocal n'est pas là puisqu'il n'a rejoint le groupe qu'en 2002. Un choix peut-être discutable mais c'est aussi l'occasion de voir le projet dans une formation inédite. La claque elle, n'en sera que confirmée.

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Tout commence avec la douce mélodie de violon de « Mourners ». Comme souvent avec Empyrium, on est immédiatement happé par l’atmosphère qui se dégage de scène. Le scream de Schwadorf est bien meilleur que sur album, il faut dire que l’album a été enregistré alors que le frontman avait à peine 19 ans. Et oui, alors qu’à cet âge bon nombre d’entre nous sortent à peine du lycée, certains enregistrent des albums cultes.

Pour accompagner le frontman, on retrouve les fidèles comme Eviga de Dornenreich ou Allen B. Konstanz de The Vision Bleak, mais pas Neige par exemple. Le Nouveau Casino, avec ses murs et son plafond noir se prête très bien à l'immersion dans les compositions lentes et contemplatives des débuts du projet allemand.

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Songs of Moors and Misty Fields sera donc joué en entier mais pas dans l’ordre chronologique, une façon de garder une part de surprise dans la setlist. Assez vite, on va faire un détour du côté du premier album « The Franconian Woods in Winter's Silence » sur laquelle les blasts de Allen B. Konstanz viennent nous rappeler que l’univers black metal n’est pas bien loin.

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En contraste avec l’atmosphère feutrée régnant sur scène, l’attitude d’une partie du public est pour le moins étrange. Il y a pas mal de bruits pendant les silences imposés par le groupe et on voit la fosse se vider au fil du concert. Est-ce dû à l’horaire tardif ? On peut en tout cas difficilement blâmer la performance pour cette désertion puisque celle-ci continue à être hypnotique, jusqu'au bout. Une heure de jeu déjà, on a l'impression d'être là depuis à peine dix minutes et le groupe se retire comme il est venu.

Malgré tout ça, il reste un titre de Songs of Moors and Misty Fields à jouer et il fera office de rappel : « Ode To Melancoly ». On profite une dernière fois de la voix grave de Schwadorf et de la sensibilité incroyable de la musique d'Empyrium avant que le rideau ne tombe.

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C'était la première fois qu'Empyrium foulait les planches d'une salle parisienne et ce concert a délivré toutes ses promesses. Le public a été au rendez-vous et la performance a été sublimée, comme toujours avec les Allemands. On attend maintenant que le projet de Schwadorf reprenne la route pour un set plus classique où l'on retrouvera le joli timbre et le jeu de clavier de Thomas Helm sans que l'on attendre 20 ans comme pour celui-ci. Des sets comme celui-là, on en reprendrait bien tous les six mois.

Setlist:
Mourners
The Blue Mists of Night
The Franconian Woods in Winter's Silence
Lover's Grief
Under Dreamskies
The Ensemble of Silence
My Nocturnal Queen

Ode to Melancholy 

Photos : Arnaud Dionisio / 2018
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