Les 20 ans de Garmonbozia à  l’Etage Jour 2 – 27/10/2018

Vingt ans. Cela fait déjà 20 ans que Garmonbozia nous régale en organisant des dates metal de malade dans l'Ouest et en région parisienne. Pour fêter ça, l'équipe organise en plein coeur de Rennes un festival sur deux jours avec des groupes de renom ! Et à l'instar d'il y a 5 ans, les passionnés de metal avaient rendez-vous à l'Étage : récit du second et dernier jour. Le premier est disponible ici.

 

Vintage Caravan :

16h30, les hostilités démarrent avec le power trio islandais Vintage Caravan. Les riffs gras des guitares résonnent, les basses sont très lourdes et les trois musiciens assurent souvent les vocaux ensemble. Sur scène, ça joue et ça se fait plaisir pendant les morceaux. Les pauses entre les titres sont propices à raconter des blagues pour introduire et présenter les plus récents issus du dernier album, Gateways. Leur stoner (parfois influencé par le psychédélique, comme sur "On The Run") se tient et s'avère bien placé pour entamer cette deuxième journée, même si le son met à nouveau trop l'accent sur les basses : bon pendant les passages softs ou les introductions, il devient trop brouillon dès que le groupe s'emballe et que le batteur se déchaîne ou utilise la double pédale. Week-end oblige, par rapport à vendredi la salle se remplit déjà plutôt bien, avant même la fin de ce premier show.


2018, Festival, Vintage Caravan

2018, Festival, Vintage Caravan

2018, Festival, Vintage Caravan

2018, Festival, Vintage Caravan

Insanity Alert :

Des sonorités de musique de jeux-vidéo et des guirlandes qui clignotent sur scène jusqu'à l'arrivée de Heavy Kevy sur scène dans un magnifique costume gonflable de sumo (qu'il échangera ensuite pour d'autres accessoires parfois bien loufoques) : on sent qu'on va se faire plaisir devant Insanity Alert ! Le crossover party thrash des Autrichiens est rapide, énergique et accompagné de paroles souvent bien débiles. C'est le terreau parfait pour demander des moshs et des circle pits et envoyer voler dans les airs des objets improbables : cône de signalisation, cornet de glace géant, pinces de crabes en peluche ou colliers de fleurs. C'est l'orgie !


2018, Festival, Insanity Alert

2018, Festival, Insanity Alert

Sur scène, Heavy Kevy est infatigable et fait le show, intervenant régulièrement entre les morceaux dans un français très propre. Alors bien sûr, c'est brouillon : ce n'est pas le final sur leur version vénère de Iron Maiden, "Run To The Pit", qui prouvera le contraire. Mais on s'amuse comme des fous et le temps alloué passe vraiment vite : les quarante minutes de la fête organisée par la bande semblent en effet trop courtes, même si Insanity Alert a probablement eu le temps de jouer plus de titres que n'importe quel autre groupe jusque là. Après avoir abordé les toilettes sales d'Ikea dans "Disinfector", il est temps de rendre la scène pour la suite. Vivement leur prochaine prestation, si possible avec un set plus long.
 

2018, Festival, Insanity Alert

2018, Festival, Insanity Alert

Misanthrope :

Un problème technique retarde le début du set des 30 ans de Misanthrope. Lorsque celui-ci démarre, on retrouve à nouveau ce souci de basses trop présentes et un son un peu trop lourd : c'est dommage, car les textes de la formation sont riches et mériteraient d'être mieux mis en avant et moins noyés sous les graves ("Je suis Lucifer, en costume de Molière"). D'autant plus qu'Aeternitas De L'Argilière semble bien en forme ce soir. Heureusement, toute la section instrumentale ne souffre pas autant des conditions sonores : la guitare électrique a plus de chance et les solos ressortent sans mal dans le mix, tout comme la basse à chaque départ en slap.


2018, Festival, Misanthrope

2018, Festival, Misanthrope

À l'image d'Enslaved la veille, le groupe met à l'honneur ses débuts dans cette setlist anniversaire, avec beaucoup de titres des premiers albums et même "Hater Of Mankind", une rareté issue du split de 1990, interprétée pour l'une des toutes premières fois ce soir. De quoi faire plaisir à tous les fans de la première heure, massés à l'avant de la salle pour ne rien perdre du show. Mais dans le public, il y a deux écoles : ceux-là même qui connaissent et apprécient le groupe depuis toujours, ravis par l'arrivée de "L'Écume des Chouans" ou "Passion Millionnaire" ; et puis les autres, imperméables à la musique et pas spécialement passionnés par ce que Misanthrope propose sur scène. Le groupe ne parviendra pas à les remettre dans le show, et ils seront plutôt nombreux à profiter du set pour faire une pause et aller se restaurer.


2018, Festival, Misanthrope

2018, Festival, Misanthrope

The Great Old Ones :

Au tour de The Great Old Ones, qui vient servir au public rennais à nouveau présent en nombre son black metal lovecraftien à la sauce bordelaise. Plus précisément, le combo est ici pour jouer un set spécifique : l'intégralité de EOD : A Tale Of Dark Legacy. Bonne nouvelle, le mix est de nouveau propre et fait bien ressortir tous les instruments et tous les passages malsains de l'album, que les musiciens interprètent religieusement coiffés de leurs capuches noires. Au fond, Cthulu est là et surveille ses fidèles.  Revenant méthodiquement à la charge, riffs après riffs et morceaux après morceaux, les Bordelais délivrent une prestation de qualité auprès d'un public d'ores et déjà conquis, dans cette ambiance ténébreuse et malsaine à souhait.


2018, Festival, The Great Old Ones

2018, Festival, The Great Old Ones

2018, Festival, The Great Old Ones

2018, Festival, The Great Old Ones

My Sleeping Karma :

On change radicalement de style avec My Sleeping Karma : intercalé au milieu d'une session black metal bien sombre, lourde et intense, le quatuor allemand dénote franchement avec son stoner psychédélique instrumental. Les lignes hypnotiques de guitare de Seppi et la basse bien ronde de Matte, centrale dans la construction des mélodies, offre une base d’une profonde richesse, sublimée par le talent et la technicité des quatre musiciens. Ça joue et c’est vraiment propre : gros kiff en perspective. 
 


2018, Festival, My Sleeping Karma

2018, Festival, My Sleeping Karma

Le jeu rythmique du batteur Steffen tout en nuances vient apporter du groove à la musique, accompagnée par les extraits vidéo en fond de scène accentuant encore le côté hypnotisant de la musique. Ok, c’est peut-être un peu cheap, mais ça fait effet : une bonne partie du public se laisse transporter en fermant les yeux et certains en profitant même pour s’allonger et s’abandonner aux bras de Morphée. Le “French love set” distille ses thèmes et ses évolutions aboutissant en de nombreuses apogées, la foule est conquise.


2018, Festival, My Sleeping Karma

2018, Festival, My Sleeping Karma

 

Pause entre les concerts de My Sleeping Karma et Tormentor : la salle entière est invitée par l'équipe de Garmonbozia à rendre un vibrant hommage à Matthieu Broquerie, dit "Smats", qui nous a quitté cette année. Le guitariste de Voight Kampff (qui devait participer à cette édition si cet événement n'avait pas eu lieu) est honoré par une longue minute, mais pas une minute de silence : on est tous sollicités au contraire pour hurler le plus longtemps possible. Tout le monde joue le jeu, pari réussi : Smats a probablement pu nous entendre de là où il est ! S'en suit la diffusion dans les enceintes d'une compo qu'il avait écrite pour Voight Kampff, avec en fond des photos du défunt, sur scène comme en dehors de son milieu professionel.

 

Tormentor :

Rapidement après, alors que les ténèbres sont faites dans la salle, les cinq membres de Tormentor investissent la scène et lancent leur black metal. Le corpse paint est de rigueur et donne un teint cadavérique à tout le monde, du sang dégoulinant en plus sur le visage de Attila Csihar. Ce dernier ne se prive d'ailleurs pas de prouver qu’il possède bien une voix d'une profondeur abyssale qu'il est capable de solliciter à des fréquences hyper graves : associée à son coffre impressionnant et à une ingénieuse utilisation des doubles micros, il en fait régulièrement trembler le sol et les murs. Entre les morceaux, ses prises de paroles sonnent comme la mort : l’effet est saisissant ! Attila est dynamique et s’amuse bien sur scène pendant les soli de ses acolytes, comme lorsque vêtu d'une cape rouge de vampire (qu'il finira par abandonner) il mime mordre le cou de son guitariste pour lui sucer le sang. 
 


2018, Festival, Tormentor

2018, Festival, Tormentor

Cette date est la toute première en France pour Tormentor, alors que le groupe fait partie des plus anciens du style (c’est peu dire, Attila en était déjà le chanteur avant de rejoindre Mayhem pour De Mysteriis Dom Sathanas). L'ancienneté du groupe se ressent dans l'efficacité des riffs, terreau idéal pour de réguliers départs en mosh pit et en slam, mais aussi dans une formule particulièrement old-school et peu originale : c'est efficace dans le show et servi par les capacités vocales diaboliquement monstrueuses d’Attila, mais le groupe va loin dans le cliché et ne propose rien qui aujourd’hui ne sonne pas comme beaucoup d’autres groupes de black. C’est probablement le prix à payer quand on est précurseur d’un genre.


2018, Festival, Tormentor

2018, Festival, Tormentor

2018, Festival, Tormentor

Carcass :

Dernier véritable groupe de la soirée (le groupe de cover de Mötorhead Bömbers viendra ensuite jouer pour la partie du public restée) le quatuor de death Carcass aux textes végétariens engagés arrive sur scène. La setlist est équilibrée, pleine de bons titres bien rythmés qui achève de faire bouger le public ce soir, servi par un son nickel : les guitares et la voix ressortent bien, et toutes les interventions des guitares sont incisives, dans le jeu rythmique comme dans les envolées en solo. 
 


2018, Festival, Carcass

2018, Festival, Carcass

Ça joue, c'est efficace et addictif : de quoi secouer les nuques jusqu'à bien après 1h, les retards accumulés ayant décalé le début du set d'une bonne grosse demi-heure. Rien à redire dans l'ensemble sur le choix des titres : le groupe délivre là une sélection efficace de classiques énergiques et sans temps morts. Et même si ça donne un côté kitsch au show, on aime aussi les cheveux en permanence dans le vent grâce au ventilo sur scène.


2018, Festival, Carcass

2018, Festival, Carcass

2018, Festival, Carcass
 

Distribution de muffins dans la salle pour célébrer les 20 ans et remplir un peu les estomacs en début de nuit, et il est temps de rentrer et faire le bilan de ce festival décidémment très agréable. Merci à Garmonbozia pour l'organisation de l'événement dans cette bonne salle au coeur de la ville, pour le choix des groupes bien connus mais aussi pour les groupes inédits en France. À dans cinq ans !

 

Écrit : Félix Darricau
Photos : Arnaud Dionisio / © 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.



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