Le troisième jour du festival, les concerts débutent à dix-sept heures. Auparavant, la journée est consacrée à la visite du lieu choisi pour faire escale, cette année Labadee en Haïti. Des activités sont prévues, auxquelles on peut s’inscrire avant même le début du festival. Cette année, certains ont pu s’adonner au plaisir de la plongée avec des membres de Sodom, pendant que d’autres parcouraient la côte en compagnie des musiciens de Kalmah. De nombreuses activités sont proposées comme le jet-ski ou la tyrolienne la plus grande au monde avec Vomitory.
Beaucoup préfèrent profiter du soleil de cette station privée au bord de l’eau, un verre à la main. Quant à nous, nous profitons de la désertion du navire pour rester sur le bateau et visiter les nombreux recoins insoupçonnés. Outre les piscines et jacuzzis, l’on peut accéder moyennant paiement au spa, au sauna et à la salle de sport. Près de la Pool Deck, il y a un mini-golf et un parc de jeux pour les enfants. Partout il est possible de se distraire comme au casino ou dans les magasins le long de la Royal Promenade, l’avenue principale avec même une superette.
En vérité, nous passons l’essentiel de la journée au pub anglais Ale & Anchor ou au café Promenade dans une atmosphère décontractée et rigolarde. On y sert une grande variété de vins et de bières, comme la Sierra nevada, l'IPA, ou encore la Fosters et la Coronita que l'on peut commander dans une glacière, cadeau-souvenir de la Royal Caribbean.
Tout près de là se trouve le Sorrento's, une pizzeria qui a la bonne idée de rester ouverte tard dans la nuit et de servir des pizzas et du café, inclus dans le prix du pass. C'est très pratique quand le running-order ne permet pas de se poser pour aller déjeuner ou dîner dans les restaurants. Le Windjammer est un très grand self-service où l'on trouve à peu près tout, et notamment le petit-déjeuner à n'importe quel moment de la journée et de la soirée. Un autre grand restaurant n'ouvre que pour le dîner, pour un service à table, avec un menu à la carte de qualité. C'est le point de ralliement journalier du groupe, enfin en théorie. En dehors de quelques restaurants payants, les repas et les boissons non alcoolisées sont compris dans le prix du pass. Les boissons alcoolisées par contre, même prises lors du dîner peuvent faire varier dangereusement la note finale que l'on trouvera en cabine la veille du départ.
Il est bientôt l'heure des premiers concerts du jour et le bateau se repeuple. Ces moments de relâche nous ont remis en jambes et nous sommes prêts à affronter cette soirée et surtout la dernière ligne droite demain qui promet d'être sportive.
Après le deuxième concert de Delain sur la Pool Deck blindée, et meilleur que leur première prestation, le second concert de Tyr lui sera assez décevant contrairement à Dark Funeral qui hypnotise cette fois encore le public très nombreux. C’est une vision très étrange qu’un concert de black metal apprécié depuis un jacuzzi et accompagné d’un cocktail. A vrai dire, dès les premières notes, on occulte complètement le contexte extérieur et ce concert est encore une fois magistral, inoubliable.
Paradise Lost
Puis c’est au tour de Paradise Lost d’investir la scène de la Royal Theater. Emportés dans le sillage du sublime Draconian Times, nous perdons tout contact avec la réalité virtuelle, aux sons irréels de la guitare de Greg Mackintosh. Nick Holmes se tient debout dans la pénombre, sans fard. Sa voix magnifique passant par toutes les couleurs de l’émotion, de la tristesse au désespoir, est à la fois réconfortante et dramatique. Deux dragons anachroniques dans le public parviennent un instant à nous arracher un sourire avant de céder à la lourdeur mélancolique sur "The Last Time" happés une dernière fois par l’univers gothique et doomesque des Britanniques.
Setlist Paradise Lost 01.02.19: Enchantment From the Gallows Tragic Idol Blood and Chaos Forever Failure Erased An Eternity of Lies As I Die Requiem No Hope in Sight Say Just Words | Setlist Paradise Lost 02.02.19: Embers Fire Hallowed Land One Second Faith Divides Us - Death Unites Us Shadowkings Gothic Medusa Pity the Sadness Beneath Broken Earth The Longest Winter The Last Time |
Carnation
Au lieu de Ensiferum, prévu initialement pour leur second concert, c’est Carnation qui va nous laisser sans voix, étant l’une des découvertes du festival. Le groupe belge de death metal old school est à la croisée entre Bloodbath, Morbid Angel et Entombed, tandis que la voix bluffante et les grognements de Simon Dusan ne sont pas sans rappeler Corpsegrinder. Avec son look de garçon boucher, le visage noirci et ensanglanté, il fixe l’attention d’un public curieux et immédiatement convaincu. Il faut dire que rien n’arrête Carnation. Invités sur la croisière à moins d’une semaine du départ, ils ont tout planté là et accouru sans hésitation. Seul le bassiste Yarne Heylen ne peut se libérer et sera remplacé au pied levé. L’album Chapel of Abhorrence, sorti en 2018 est joué sur une Ice Rink enflammée. Le groupe sera à l’affiche de l’Alcatraz Festival en août prochain. Un nouvel album est en cours de préparation et nous espérons les voir en France rapidement.
Setlist Carnation 01.02.19: The Whisperer Hellfire Plaguebreeder Disciples of Bloodlust Hatred Unleashed Sermon of the Dead Necromancer Chapel of Abhorrence Fathomless Depths |
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Napalm Death
Egalement invité au dernier moment, Napalm Death ne voit là aucun challenge à relever, le groupe passant sa vie en tournée. Après une conversation à bâtons rompus avec le flegmatique Barney au bar des machines à sous, nous retrouvons le groupe dans un cadre toujours épuré et comme d’habitude, à la seconde où commence le concert, la transformation spectaculaire de notre gentleman britannique est une pure jouissance pour les yeux et les oreilles. Les maîtres du grindcore enchaînent une bonne vingtaine des classiques du groupe, alors que Barney va et vient d’un bout à l’autre de la scène dans une transe qui se propage comme une onde de choc jusqu’au balcon de la Royal Theater. Entre chaque titre, Barney sert son habituel meeting, en général de la même durée que le morceau suivant, indispensable liant qui laisse le spectateur en apnée pendant toute la durée du set, frénétique, défoulatoire. On ne s’en lasse pas.
Setlist Napalm Death 02.02.19: It's a M.A.N.S. World! Smash a Single Digit On the Brink of Extinction Practice What You Preach Narcoleptic Greed Killing Suffer the Children The Code Is Red... Long Live the Code Cesspits Self Betrayal The Wolf I Feed Scum Life? Deceiver The Kill You Suffer Dead Victims of a Bomb Raid Nazi Punks Fuck Off Persona Non Grata Smear Campaign |
Tiamat
Encore une découverte avec Tiamat, et pas franchement prévu au programme mais aujourd’hui Tiamat célèbre le vingt-cinquième anniversaire de l’album Wildhoney, catalogué comme étant l’un des meilleurs albums de doom de tous les temps, alors en attendant le second concert de Coroner, nous montons à la Pool Deck, plongée dans l’obscurité à cette heure tardive de la nuit. Le groupe suédois parvient à nous sortir de sortir de l’état hystérique provoqué par Napalm Death pour nous emmener dans leur univers de death doom. Tout est particulier chez le guitariste et chanteur Johan Edlund, fondateur du groupe : sa personnalité, son look et son attitude sur scène. S’asseyant sur l’estrade de la batterie, avec son chapeau de paille et ses vêtements colorés, il semble à la fois loin et nous convoquant pour un moment intimiste hors des manifestations programmées dans son univers, et ça fonctionne.
Chaque soir, le 70000 Tons of Karaoké fait le plein non loin du casino. Il faut dire que certaines prestations sont d'un niveau très élevé. C'est un joyeux moment de liesse propice aux rencontres et discussions animées.
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Textes et Photos : SAMM
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