Le 12 et 13 avril dernier, Sabaton organisait un week-end pas comme les autres pour présenter à la presse européenne son nouvel album concept sur la Première Guerre mondiale,The Great War, disponible le 19 Juillet chez Nuclear Blast. C’est donc en plein cœur de Verdun, dans un lieu chargé d’histoire que La Grosse Radio a pu écouter en avant-première le prochain album. A cette occasion, nous avons également pu vivre un week-end en compagnie du groupe, ainsi que visiter des lieux historiques de l’histoire de la Grande Guerre, sources d'inspiration pour ce nouvel opus. Au programme de cet article, récit du week-end, mini-chronique de l’album, anecdotes sur le groupe et donc pas mal d’histoire…
Ce vendredi 12 avril, après un long voyage en bus de trois heures et demi, c'est dans un bel hôtel au cœur de Verdun que le groupe nous a acceuilli. Lors d'une petite conférence de presse, le groupe en a profité pour nous présenter le programme du week-end. Au menu, un vendredi musique avec Sabaton, l'écoute en avant-première du dernier album et une interview, puis un samedi histoire et culture avec des visites de lieux emblématiques à Verdun et dans ses alentours. A cette occasion, Sabaton a également dévoilé la tracklist de l’album qui comportera onze chansons :
1- The Future Of Warfare
2- Seven Pillars Of Wisdom
3- 82nd All The Way
4- The Attack Of The Dead Men
5- Devil Dogs
6- The Red Baron
7- Great War
8- A Ghost In The Trenches
9- Fields Of Verdun
10- The End Of The War To End All Wars
11- In Flanders Fields
Ecoute de l'album et premières impressions
Peu de temps après, le temps d’écouter l’album arrive alors. Bien installé, nous avons reçu une tablette et un casque grâce auxquels nous avons pu écouter la version historique de l’album. Il s’agit en effet d’une version vidéo avec des voix-off introductives qui présentent chaque chanson. Avec cela, les paroles qui défilent et un fond vidéo dans le thème de la pochette de l’album, avec de très belles couleurs, des flammes et de beaux enchainements, qui ont rendu l’écoute encore plus épique. Une véritable expérience immersive d’écoute ! Malheureusement, nous n'avons pu l’écouter qu’une seule fois, et cette première impression aura forcément quelques limites.
C’est donc avec une énorme excitation que commence le premier morceau qui nous arrive comme une claque en pleine face, "The Future Of Warfare", une chanson avec un riff de guitare ultra-efficace qui évoque le caractère chimique d’une des premières guerres industrielles de l’histoire. Et ce sont bien avec des chansons dans cette même structure et des guitares très présentes que l'album va se poursuivre. On peut citer à ce titre "Great War" ou "Fields of Verdun", qui sont vraiment des titres très prenants dès la première écoute. Bien sûr, n’oublions pas les solos de guitare qui vont avec et qui sont tout simplement excellents. Cela s’explique sûrement par le fait que tous les musiciens, y compris les guitaristes, ont participé à l’écriture de l’album (Ndlr : Voire l'interview). Vous noterez d'ailleurs dans le premier single du groupe une petite inspiration tirée de la "Cinquième Symphonie" de Beethoven plutôt bien trouvée !
Mais que les fans se rassurent, les chœurs et les claviers qui confèrent à Sabaton son identité power-metal restent très présents. Les deux dernières chansons ont d’ailleurs à ce propos un caractère orchestral extrêmement intéressants. Nous retiendrons également "The Attack Of The Dead Men", une chanson super épique qui traite de l’attaque de la forteresse russe d’Osovitse, et qui surprend par quelques éléments de musique électronique. Enfin, évoquons aussi "The Red Baron", un titre un peu différent des compositions de Sabaton, très agréable à l’écoute.
Le point fort que nous retenons de cet album est aussi et surtout son caractère historique très fort. Le groupe évoque en effet la guerre sur tous les plans possibles et rend un bel hommage à ses acteurs. Il sait évoquer des personnages emblématiques comme le Baron Rouge dans la chanson éponyme, Lawrence d’Arabie, l’officier anglais dans "Seven Pillars of Wisom", ou encore Francis Pegahmagabow, un sniper d'élite natif canadien dans "A Ghost in The Trenches". Il sait parler de batailles et d’événements marquants comme la bataille d’Osovitse ou bien-sûr celle de Verdun. Il sait évoquer les différents fronts, que ce soit en France, en Russie ou encore en Afrique. Mais surtout, il sait également évoquer le caractère psychologique de la guerre. Dans certaines chansons, comme "The Great War", il montre des soldats qui s’interrogent sur les raisons qui les poussent à combattre. Dans la chanson d’ouverture, "The Future Of Warfare", c’est d’une guerre industrialisée et chimique qui sera l’une des plus destructrices de l’histoire de l’humanité qu’il est question. En effet n’oublions pas que cette guerre est une des premières à avoir compté des disparus, c’est-à-dire des personnes dont les corps n’ont jamais été retrouvés, ce qui a été très dur psychologiquement pour les familles. Les visites que nous avons pu faire le deuxième jour et que nous vous raconterons dans la suite de cet article en sont d’ailleurs très représentatives.
Pour résumer, cet album deviendra sûrement addictif après quelques écoutes et il est vraiment très bon dans son ensemble. Sabaton fait du Sabaton pour rendre hommage aux acteurs de la Guerre 14-18 de la plus belle des manières et nous délivre d’un power-metal très direct, mais toujours très efficace. Il est peut-être osé de dire que cet album va permettre à Sabaton de franchir un cap, mais on ne peut pas dire que le groupe ne s’en donne pas les moyens et qu’il n’en affiche pas l’ambition. Qu’on se le dise, ce ne sera pas vraiment une surprise s’il arrive à remplir des Bercy ou des Olympia dans un avenir proche…
Anecdotes sur le groupe
Après l’écoute et le dîner, nous avons également eu l’opportunité d’interviewer Pär Sundström et Chris Rörland de Sabaton, une interview longue de 30 minutes à retrouver sur La Grosse Radio. Avant d’évoquer les visites du deuxième jour, rappelons que ce week-end a aussi été une occasion de fréquenter aux plus près les membre du groupe et qu’ils ont été très accessibles et même pour certains fans qui sont allés jusqu’à faire des centaines de kilomètres pour les voir. A travers plusieurs échanges très amicaux, voici donc quelques anecdotes croustillantes sur le groupe que vous n’auriez jamais pu savoir… Top 5 décalé :
- Chris Rörland, le guitariste est un fan de la série Game of Thrones. Il n’a quasiment parlé que de ça durant son voyage à Verdun. Il a aussi un peu parlé du prochain album, rassurez-vous !
- Pär Sundström, le bassiste est un très grand amateur de vin. D’ailleurs pour le passage de Sabaton à la Foire aux Vins de Colmar, ce dernier pas hésité à acheter une dizaine de bouteilles. C’est également un collectionneur de magnets pour son réfrigérateur. Il achète effectivement toujours un magnet souvenir de chaque ville dans laquelle il a pu passer en concert avec son groupe.
- Sabaton est un groupe qui mise vraiment sur sa scénographie. Mais jusqu’où iront-ils ? En tout cas Hannes Van Dahl le batteur ne le sait pas vraiment. Sabaton aurait en effet fait l’acquisition d’un deuxième tank, mais le batteur, selon ses dires, n’a pas encore l’idée de ce qu’il pourra en faire, et il est actuellement en pleine réflexion. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, la batterie de Sabaton est en effet disposée sur scène dans un tank, quoi de plus normal après tout…
- Tommy Johansson, le récent nouveau guitariste, a de nombreux talents plus ou moins cachés. En plus de pouvoir boire des bières très rapidement, le jeune suédois sait également chanter et jouer du piano. Ce week-end a notamment été l’occasion d’entendre entre autres une reprise très réussie du thème de la Petite Sirène. En même temps, c’est une musique que tout le monde adore secrètement, non ?
- Vous vous souvenez du concert d’Iron Maiden au Hellfest et de leur avion qui est apparu au début sur "Aces High" ? Il faut savoir que ce dernier appartenait à Motörhead et que Sabaton voulait en faire l’acquisition. Malheureusement, ce sont bien les légendaire piliers britaniques de la New Wave Of British Heavy Metal qui sont repartis avec le gros lot. Il faut dire qu’il en jetait plutôt pas mal…
Un peu d'histoire
Mais trêve de plaisanteries, voici donc en dernière partie de cet article quelques mots et photos sur les lieux emblématiques chargés d’histoire que nous avons pu visiter lors de la deuxième journée de ce week-end. Cette partie sera beaucoup plus historique et moins centrée sur Sabaton, mais elle aide à comprendre le contexte historique de l’album, extrêmement bien retranscrit sur ce dernier. Et bien sûr comment ne pas parler d’une des guerres les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité avec 18,6 millions de morts pour près de 8,9 millions de civils, sans oublier les 20 millions de blessés…
Tout d’abord, parlons de l’association du Poilu de la Marne, qui nous a accompagné tout au long du week-end. Cette dernière rend hommage aux soldats de 14-18 en participant à la reconstitution d’événements de la Grande Guerre. Présents lors de ces deux jours de promotion, ils ont permis de rendre l’événement très authentique. En outre, ils ont également participé au tournage du clip de "Fields Of Verdun" avec Sabaton. Un grand merci à eux !
Ce week-end nous a donc également donné l’occasion de visiter certains monuments et lieux historiques dont il fallait vous parler.
Commençons par parler de la Citadelle de Verdun, un ensemble de galeries souterraines creusées au XIXème siècle. Servant à la fois de poste de commandement et de centre de ravitaillement pendant la guerre, elle a également accueilli la cérémonie de désignation du Soldat inconnu. Aujourd’hui transformée en musée, elle nous rappelle que la guerre a été aussi très difficile sur l’arrière-front, que toute la population était mobilisée et que les séquelles de la guerre ont été terribles : de nombreux blessés, la grippe espagnole, des traumatismes mentaux pour les nombreux soldats rentrés…
La visite de Verdun s’est ensuite poursuivie avec la visite du Fort de Douaumont. Pris par les troupes allemandes et repris par les Français, il représente un des lieux emblématiques et stratégique de la Bataille de Verdun. Il nous a également permis de rendre compte des conditions dans lesquels les soldats vivaient à cette époque : des galeries obscures, des conditions insalubres et absolument pas hygiéniques, des bruits assourdissants… C’est aussi à cet endroit que s'est installé l’équipe Time Ghost en charge de la chaine Youtube Sabaton History chanel. Cette dernière y a filmé des épisodes autour de la Première Guerre mondiale pour développer cette chaine qui relate et approfondit les événements historiques des chansons de Sabaton. A cette occasion, Indy Neidell, le présentateur de la chaîne a rappelé à juste titre que des hommes, mais aussi des animaux étaient morts sous nos pieds. Et que le fait de se remémorer la guerre et de célébrer ses héros était aussi une occasion de se rappeler qu’il ne fallait plus jamais revivre cela.
A la suite de la visite du Memorium de Verdun, un musée et lieu de mémoire de la Bataille de Verdun, nous nous sommes rendus à l’Ossuaire de Verdun, un lieu vraiment très fort émotionnellement parlant. C’est en effet un bâtiment construit après la guerre qui contient les ossements retrouvés de soldats disparus français comme allemands et qui sert de lieux de mémoire pour les familles des soldats. Ces derniers sont d’ailleurs observables à travers de petites fenêtres depuis l’extérieur. Selon les estimations, près de 30 000 soldats ont été portés disparus rien que pour la bataille de Verdun et n’oublions pas également de parler des huit millions de disparus sur tous les fronts, soit près de 9 soldats sur 10 disparus. Le moment à observer les croix alignées des soldats identifiés fut également riche en émotions.
La fin de la journée s’est terminée par des photos du groupe sur le site du village détruit d’Ornes, un lieu qui donnait l’impression d’un sanctuaire une fois sur place et qu’on pourrait même qualifier de spirituel. Petite anecdote en passant, la neige est tombée au moment même où le groupe et les journalistes sont arrivés. Drôle de coïncidence…
Dans tous les cas, ce week-end de promotion a été l’occasion de rappeler que la musique et la culture plus généralement sont aussi un moyen de se rappeler notre histoire. Si Sabaton nous offre certes du heavy metal et du divertissement, il nous permet aussi d’évoquer de l’histoire, celle de guerres, d’hommes et des femmes, qui ont changé radicalement les mentalités et les sociétés. Et rien que pour cela, on ne peut que tirer notre chapeau.
Credit Photo : Timo isoaho, toute reproduction sans autorisation du photographe est interdite