Dimanche 23 Juin – Temple – 18h35
Skáld
"une prestation qui relève de l'exercice de style"
Décidément le courant néo folk / pagan a le vent en poupe ces derniers temps. Après Wardruna, Ivar Bjørnson & Einar Selvik ou encore Heilung, un nouveau représentant de cette scène a fait récemment son apparition. Et surprise, c'est de l'Hexagone, plus précisément de Lorraine, que sont issus les "vikings" de Skáld. Si la sincérité de la démarche peut paraître suspecte à l'heure où les albums de ce style musical se vendent très bien, cela n'empêche pas la Temple d'être bondée peu avant le set des Nancéiens.
C'est avec une longue intro atmosphérique que le groupe prend place sur scène, derrière micros, percussions et autres instruments à connotation "viking" et médiévale. Pourtant dès que le groupe se lance dans l'interprétation de sa première pièce, le grésillement des fréquences basses devient rapidement insupportable et couvre tout le reste, du chant de Justine Galmiche aux parties de jouhikko (sorte de violon médiéval) joué par Pierrick Valence (ex-Phazm).
Les premières minutes du set sont donc difficilement soutenables et une partie du public a du mal à entrer dans l'ambiance méditative souhaitée par le collectif. Une fois ce souci réglé, l'auditoire peut apprécier les thèmes, certes agréables, mais parfois peu marquants. Point de consolation, les harmonies vocales entre Pierrick et Justine sont particulièrement mélodieuses, tandis que les percussions qui rythment le tout amènent un côté tribal appréciable. De même, les tenues particulièrement soignées posent l'ambiance et le groupe a beaucoup de mérite de les arborer par une telle température. Les instruments peu communs (notamment pour le jouhikko et la lyre de Kravik) sont également maniés avec beaucoup de dextérité et leurs sonorités sont très intéressantes à découvrir.
Pour tenter de sortir le public de sa torpeur (le style se prête plus à l'introspection, Heilung l'avait bien compris l'an passé au même endroit), Pierrick profite d'une pause entre deux titres pour lancer un "est-ce qu'il y a des Vikings dans la salle ?". La réponse est unanime bien que nous puissions douter de sa véracité. Le chanteur tente ainsi de créer une connexion entre la formation et son public, qui ne masque toutefois pas l'ennui croissant face à une prestation qui relève de l'exercice de style .
Alors, démarche sincère ou grosse escroquerie ? Nous laisserons les spectateurs seuls juges même si selon nous le combo n'apporte pas grand chose de nouveau par rapport aux Wardruna et autres Heilung. Le Chant des Vikings de Skáld est certes agréable à l'oreille mais ne donnera pas spécialement envie de se pencher plus en avant sur le travail discographique du groupe.
Photographies : © Valentin Laurent - Hysteria 2019
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