Vendredi 21 juin 2019 - 01:05 - Temple
King Diamond
Rendez-vous en terres démoniaques
Pendant que la majorité du festival se presse sur la Mainstage et la Warzone voir les shows de Gojira et Sum 41, une foule d’irréductibles prend place dans l’ombre de la Temple. La raison ? Le retour de King Diamond, trois ans après un show autour de son album culte Abigail. Et après les souvenirs d’un tel concert, que peut donc bien nous réserver ce soir le roi des histoires diaboliques ?
Le rituel commence comme à son habitude. "The Wizard" d’Uriah Heep lance le chronomètre, et la pression monte avant que le rideau recouvrant la Temple ne tombe. Se dévoile sous nos yeux un hôpital désaffecté, nouveau lieu de villégiature du groupe. Une introduction malsaine se fait entendre, et les membres prennent place un à un au son de cette composition de l'album à venir quand ceux-ci démarrent les hostilités avec "The Candle", tiré de Fatal Portrait, premier méfait en solo de King Diamond.
Celui-ci surgit par la porte de cet immense décorum sur trois niveaux. Débute alors le spectacle. Car non, voir King Diamond, ce n’est pas juste regarder un concert. A l’instar des légendes du shock rock comme Alice Cooper, Kim Bendix Petersen propose un grand show à l'américaine. Vieille sorcière, nonne ou âme damnée se manifestent sur scène au détour des chansons, interagissantavec le décor et les musiciens, c’est un véritable théâtre chantant qui se déchaîne devant nous.
Le son est extraordinaire. On croirait presque entendre une bande tant les balances sont bien faites, et ce quelque soit l’endroit où joue le groupe. Les guitaristes Andy LaRocque et Mike Wead envoient des riffs devenus légendaires tels que ceux d'"A Mansion In Darkness" et se complètent dans des solos enflammés où jamais une fausse note n’apparait. C’est simple, le Roi emmène avec lui l’une des meilleures paire de six cordistes du heavy metal.
A la batterie, Mike Thompson joue d'une frappe lourde et technique, tandis que Pontus Egberg assure le show sur scène, toujours en mouvement et jamais à côté. Mais le clou du spectacle est bien sûr le chanteur.
Comme à son habitude, il est accompagné de son pied de micro en os humain – un fémur et un tibia dessinant une croix retournée –, et excelle, quel que soit la forme prise par son chant. Que ça soit dans les parties les plus sombres, récitées d’une voix grave, ou dans ses envolées les plus aïgues, le spectacle et la justesse sont au rendez-vous. Malgré ses 63 ans, King Diamond a récupéré l’intégralité de sa palette vocale protéiforme et nous fait ce soir une démonstration, quand bien même il est aidé dans les montées les plus aigües par Livia Zita, sa femme et choriste, qui double parfaitement ces moments, juchée en hauteur sur le côté de la scène.
Macabre et grandiloquent, le groupe a décidé de faire les choses en grand dans cette tournée aux allures de best of. Aucune chanson tirée de Mercyful Fate, mais des surprises heavy metal qui font mouche à chaque fois. Que ce soit "Masquerade of Madness", premier extrait du nouvel album qui s’annonce passionnant, ou l’enchainement "The Invisible Guest", "Tea" et "Sleepless Night" de l'album Them, la setlist est pleine de surprises.
Mais la cerise sur le gateau retentit quand, passé les deux heures du matin (alors que le concert devrait être fini), King Diamond continue son show et enfonce le clou avec "Behind These Walls", hymne heavy surpuissant jamais joué en concert. Les fans hurlent alors les paroles en chœur, et tandis que les nappes infernales de clavecin résonnent sous la tente, l’ambiance est propice à un magnifique rappel.
Celui-ci débute par "The Lake", titre bonus de Fatal Portrait oublié des setlists depuis 1986, suivi par "Burn", où une femme disparaît dans les cris et les flammes sous les incantations du King. Le coup de grâce est donné avec "Black Horsemen" pour achever en beauté le spectacle, dans un déluge de technicité de LaRoque et Wead. La montée finale dans les aiguës du chanteur, les cassures de ton nombreuses, l'orgue en piste sonore et le final dans un incroyable solo croisé des deux guitaristes en font une des meilleures chansons de fin en concert.
Malgré Gojira et Sum 41 jouant en même temps, King Diamond délivre en ces prémices du samedi un concert mémorable, de ceux qui restent longtemps ancrés dans les souvenirs des gens présents. Et prouve que malgré ses soixante ans passés, la retraite du Roi des histoires glauques n'est pas encore pour demain.
Setlist :
St. Lucifer's Hospital
The Candle
Voodoo
Funeral
Arrival
A Mansion in Darkness
Let It Be Done
Masquerade of Madness
Halloween
Out from the Asylum
Welcome Home
The Invisible Guests
Tea
Sleepless Nights
Behind These Walls
Rappel:
The Lake
Burn
Black Horsemen
Crédit Photo : Draksmoon - Julie Warnier http://www.juliewarnier.com
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