Sumac au Hellfest 2019

 

Samedi 22 juin 2019 - 16:00 - Valley

Sumac

L'assommoir sans retour

La dernière création du prolifique Aaron Turner s'approche sous nos yeux de la Valley. Sumac est attendu par beaucoup pour son sludge metal, précédé notamment de sublimes albums comme Love In Shadows et What One Becomes. Et comme s'il ne faisait pas assez chaud sous cette chape de plomb, Sumac s'est décidé à nous écraser musicalement.

Aucun répit, aucune échappatoire. Cette odeur de brûlée, de rance et de sale, cette sensation de crade et de malaise qui s’insère dans chacun des pores de la peau, voilà ce que propose Sumac. Le groupe n'est pas là pour brosser le public dans le sens du poil mais provoquer son mal-être. Un poil à gratter sous la Valley qui va faire rugir le public présent.

Et malgré tout, on sent au détour de ces sons lourds des notes d'espoir. La musique de Sumac est on ne peut plus primaire, dans cette volonté d’extérioriser au maximum les sentiments. Pas au niveau technique où, par contre, cassures, juxtaposition des multiples effets et riffs lourds s'assemblent dans un carnage émotionnel sous la guitare suitante d'Aaron Turner.

La batterie de Nick Yacyshyn et la basse de Brian Cook sont vraiment mises en avant pour resserrer encore un peu plus son étau sur l'auditeur, tel un bloc monolithique dont on comprend petit à petit les aspérités. C'est gras, caverneux, les riffs sont parfois anarchiques, portés tant par le jeu que par la voix rauque et profonde d'Aaron Turner. Le trio, à l'instar des précédents groupes du chanteur guitariste, est capable de cette prouesse rare : celle d'aller chercher nos sentiments et de nous les faire expulser. La musique de Sumac nous explore, nous dissèque la moindre parcelle d'émotion, entre bonheur, amour, tristesse, mélancolie et jalousie.

Les morceaux finissent dans un semblant d'improvisation total, où les hurlements stridents des guitares se livrent dans une anarchie sonore que ne renierait pas la noise. Nick Yacyshyn est incroyable derrière sa batterie, donne le tempo et martèle violemment chacun de ses éléments partant parfois dans une frénésie technique démente. Le rendu est on ne peut plus immersif, extrêmement dur d'un point de vue émotionnel, mais oh combien prenant.

Sur CD déjà, on est stupéfait par la puissance musique du groupe mais sur scène, Sumac distribue un maelstrom de sentiments contradictoires. Chacune des quarante minutes passées sous la Valley durant le concert faisant réagir plus violemment que bien des groupes dans toute leur discographie. En incorporant des éléments jazz et noise à leur sludge, Sumac et Aaron Turner viennent de mettre un coup de massue au public présent avec classe.

Setlist : 
Arcing Silver
The Task
Image Of Control

Crédit Photo : Lukas Guidet - https://www.lukasguidet.com
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