Dimanche 23 juin 2019 - 16:45 - Temple
Wiegedood
Catharsis nihiliste
Dans les groupes qui montent sur la scène black metal ces dernières années, impossible de ne pas citer Wiegedood. Froid, violent et imperturbable, le trio belge est de ces artistes qui repoussent les limites de leur médium. C'est donc devant une Temple pleine à craquer que va se dérouler l'une des baffes du jour.
Pas de corpsepaint, pas de décorum ultra travaillée. Non, Wiegedood n'a pas besoin de tout ça pour agir et faire réagir. Un trio sur les planches, à nu, une voix écorchée d'outre tombe, les Belges n'ont que leurs compositions pour transformer la Temple en sanctuaire nécrosé. "Ontzieling" démarre, les hurlements de Levy Seynaeve transpercent le public, porté par le jeu de Wim Sreppoc, qui malmène violemment sa batterie et les riffs froids de Levy et Gilles Demolder.
Que se passe-t-il quand on donne la possibilité à des musiciens de la scène post-hardcore de faire du black metal? On pourrait se poser la question, et Wiegedood, formé par des membres d'Oathbreaker et Amenra livre une réponse ultime. Le résultat est terrassant, nihiliste, et jusqu'au-boutiste. Wiegedood est très certainement le groupe le plus violent du festival et agit telle une véritable catharsis de noirceur. La haine, la décimation et le froid transpirent chacune de leurs notes et frappent le public en plein coeur.
De ces mélodies macabres, on croit voir sortir des images désolées, sans aucun espoir de retour. Chaque minute passée avec le trio nous plonge de plus en plus dans des tréfonds dont on se demande quand on pourra retrouver son souffle. Le groupe est la parfaite définition du black atmosphérique et explose les barrières à coups de riffs qui lorgnent tant vers le doom que le sludge. Ces notes lourdes, au tempo lent, sont des gifles qui prennent un impact émotionnel encore plus fort derrière chaque accélération.
Le son est incroyable, et permet en outre de se rendre compte le travail monumental accompli par les belges. Créer une pareille ambiance avec deux guitares et une batterie est juste dingue. Bien aidé en cela par un jeu de lumière aux rouges fuyants et un épais brouillard qui prend possession de la scène, Wiegedood n'a besoin que de sa musique pour instiller le malaise.
Levy Seynaeve est divinement bon. Ses hurlements écorchés résonnent dans toute la Temple et il faut s'accrocher pour ne pas s’abandonner, emporté par une telle violence. Avec Wiegedood on est clairement plongé dans cette brutalité et ce nihilisme duquel on ne ressort qu'une fois le concert fini. Le trio domine ainsi son public majestueusement et laisse la foule sans voix. La musique des Belges est un véritable verrou de noirceur qui emprisonne les festivaliers présents.
Tout n'est que ténèbres, dépression et destruction, sans possibilité d'échappatoire. On est tant hypnotisé que tétanisé par la puissance de ce black metal. L'enchaînement des chansons est à ce titre très bon. Les compositions se suivent et sont de plus en plus sombres, l'extase étant atteinte sur "Onder Gaan" et sa conclusion post-rock de plus de cinq minutes de montées de notes tout bonnement captivante.
Sans aucun subterfuge, sans temps mort et ô combien sincère, Wiegedood vient de livrer un set durant lequel tout n'aura été que violence et désolation. Un de ces sets froids et marquants que l'on aime avoir au Hellfest.
Setlist :
Ontzieling
Cataract
De Doden Hebben Het Goed III
Prowl
Onder Gaan
Crédit Photo : Valentin Laurent
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