Vendredi 21 juin - Altar - 14h20
Daughters
Un set intense et renversant
Ils reviennent de loin les gars de Daughters, de retour avec You Won’t Get What You Want après un hiatus de huit ans ayant mis à rude épreuve les nerfs de leurs fans. Et pour ce retour, rien de moins qu’un petit set au Hellfest, sous la tente de la Altar. Alors que les gros groupes français commencent désormais vraiment à investir la Mainstage 2, en vue du final avec Gojira très attendu, le public présent devant la scène est sur le point de se faire rudement plaisir.
Placés à un horaire pas évident pour faire tente comble, alors que Lofofora attire une large part de la foule présente devant les scènes principales, Daughters va devoir se contenter d’une tente bien clairsemée pour sa première représentation au festival. Et quelle première prestation au Hellfest ! Dès le premier titre, on sent que le set du groupe ne va pas se dérouler comme les autres. En effet, en plus de devoir composer avec un public restreint, le groupe va prendre de plein fouet les problèmes de son qui commençaient déjà à se faire sentir avant.
Le premier titre est toujours en cours que l’ampli guitare de Nicholas Andrew Sadler saute. Le problème est immédiatement repéré et l’équipe s’y affaire vite, mais le matériel récalcitrant restera déconnecté longtemps après la fin du morceau, gâchant une bonne dizaine de minutes du set. C’est vrai que le groupe joue bien fort, mais quand-même ! Heureusement, la bande de Providence déborde d’énergie et retourne littéralement la scène. Accompagnés de deux musiciens de live, les quatre lascars puisent allègrement dans le dernier album, You Won’t Get What You Want, ses gueulardes vocales et ses rythmiques lourdes et très percutantes.
Daughters a été catalogué dans le math rock, et on peut encore le ressentir notamment dans certains rythmes bien énervés et minutieusement construits (“The Lords Song", essentiellement) : derrière ses fûts, Jon Syverson se lâche. Mais le style central de la formation a aujourd'hui indéniablement basculé dans la noise, et les nombreuses compos du dernier album le prouve, oscillant entre l’énergie dégagée par le chant d’Alexis S.F. Marshall et les ambiances mettant en transe le public (“Satan In The Wait” et sa base rythmique lente, ou encore “Less Sex”). Il en ressort une grosse sensation de mélancolie et de noirceur, appuyant les textes bien durs.
Quand on ajoute à ce set déjà bien qualitatif la possession scénique d'Alexis, qui ne se contente clairement pas de descendre régulièrement dans le pit photo, on obtient sans mal un des sets les plus mémorables de cette journée du vendredi. Qui n'a manifestement pas réussi à attirer autant de monde qu'il aurait dû, certes, mais les festivaliers présents sous la tente ont quand-même pu assister à un set renversant.
Setlist
The Reason They Hate Me
The Lords Song
Satan in the Wait
Less Sex
Guest House
Ocean Song
Crédits photos : Lukas Guidet
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