Samedi 22 juin, Warzone, 15h05
The Living End
Contrebasses et kangourous
L’Europe et l’Amérique n’ont pas le monopole du punk, la preuve avec The Living End, formation venue tout droit d’Australie. Et elle emmène dans ses bagages un instrument un peu particulier pour un groupe de punk, une contrebasse. Après tout, de nos jours, c’est beaucoup plus punk qu’une basse beaucoup trop commune.
Il y a assez peu de monde en ce début d’après-midi sur la Warzone, et la majeure partie du public s’est réfugiée sur les gradins. Mais le trio arrive avec entrain sur scène pour balancer un morceau fougueux, « Til the End ». Et si les spectateurs sont peu nombreux, ceux présents dans la fosse sont chauds dans le début, et l’accueil est très enthousiaste.
Musicalement, il y a clairement une ascendance punk ultra mélodique, avec des riffs simples et accrocheurs et des refrains entêtants et on se retrouve à entonner « Second Solution » à tue-tête même sans connaître le morceau. Ce n’est pas ce groupe qui réconciliera les puristes de la Warzone avec le Hellfest cette année. La contrebasse de Scott Owen apporte un swing particulier, même si selon les morceaux la différence n’est pas toujours très notable avec une basse. Mais certains moreaux offrent un mélange entre du pop punk et du jazz, aussi improbable que réjouissant.
Et le contrebassiste à crête est visiblement en charge de l’animation, on le voit faire toutes sortes de choses improbables avec son instrument, notamment jouer les deux pieds dessus. La musique est extrêmement agréable et dynamique, et en plein milieu de festival, il n’est pas toujours évident de motiver les festivaliers. Mais en deux morceaux, la fosse s’est sensiblement remplie, et le vide du début n’est plus qu’un souvenir.
Dans le public, des ballons aux couleurs de l’Australie et une famille de kangourous gonflables font le bonheur des festivaliers. Ces derniers s’attristeront lorsque le ballon échouera sur scène et que The Living End ne comprendra pas la requête de restituer l’objet, mais les kangourous feront leur vie sur le site, et on les retrouvera plusieurs fois durant le week-end.
Le set est homogène, mais les morceaux arrivent à se distinguer des autres. Clairement orienté punk mélo, le groupe n’hésite pas à glisser quelques légères influences çà et là, comme par exemple sur « Bloody Mary » qui évoque la bande originale d’un film d’espionnage. Globalement pas très techniques, beaucoup de titres sont clairement conçus pour chanter en chœur avec le groupe, de préférence avec une bière à la main, mais certains sont plus calmes, histoire de laisser souffler la fosse. La contrebasse prend de l’importance sur certains morceaux, et on assiste même à un duo contrebasse / batterie (Andy Strachan).
Le groupe joue deux morceaux de son dernier album en date, Wunderbar, dont « Death of the American Dream », une réussite de punk qui attaque à toute vitesse avant de très légèrement ralentir sur certains passages pour une fin étrangement calme, le tout envoyé parfaitement. Pour le reste, la formation se concentre sur les titres de sa première moitié de ses vingt ans de carrière.
Vers le milieu du set arrivent les premiers pogos, puis les premiers slams, preuve que la musique de The Living End a tout à fait sa place sur cette scène. Le chanteur et guitariste Chris Cheney annonce alors qu’ils vont jouer de la country. « Est-ce que vous avez envie d’entendre de la country au Hellfest ? ». Après tout, on n’est plus à ça près, et son solo de guitare country qui vire progressivement vers le country metal est loin d’être désagréable, et déclenche même un circle pit.
Le concert finit avec autant d’énergie qu’il a commencé, sur un « Prisoner of Society » explosif, et si The Living End a été une découverte pour beaucoup, elle est incontestablement belle. Les Australiens apportent une touche rafraichissante au punk, et méritent amplement de revenir en tête d’affiche pour une tournée des salles hexagonales.
Setlist
• Til the End
• Second Solution
• Roll On
• Death of the American Dream
• Bloody Mary
• How Do We Know
• End of the World
• Drop the Needle
• Who's Gonna Save Us?
• Prisoner of Society
Photo : Lukas Guidet. Reproduction interdite sans autorisation du photographe