Motocultor 2019 - samedi 17 août
Concerts sous la pluie et bataille de boue gigantesque
Après une nuit assez torride (en terme de conditions météorologiques bien évidemment !), la rédaction est de retour sur le site du festival qui, on ne se le cache pas, est très boueux en ce samedi matin. Mais vos chers rédacteurs ont tout prévu pour combattre la pluie battante afin d’assister à la programmation de ce samedi, à l'instar des autres festivaliers qui ont presque à l'unanimité sorti les bottes. Car il y a du lourd aujourd'hui, et dans des registres vraiment variés en plus, pour notre plus grand plaisir ! De quoi oublier les déboires liés aux intempéries qui ont mis à mal une partie de l'organisation du Motocultor, du stand de boissons du Supositor qui restera fermé, aux batteries externes dont les chargeurs ont été coupés la nuit à cause des risques d'orage.
Undead Prophecies
Supositor Stage - 13h30
La journée du samedi s'annonce pluvieuse, mais ce n'est pas pour autant que nous allons rater les groupes qui se produiront sur la scène du Supositor Stage ! Surtout quand il s'agit d'un groupe de death metal à tendance très old school, et surtout fort prometteur. C'est ainsi que nous retrouvons le nouveau projet Undead Prophecies, composé d'anonymes mais qui ne déméritent pas, loin de là.
Le groupe vient tout juste de sortir son second album, Sempiternal Void, qu'il vient défendre en ce début de journée du samedi, auprès d'un public de curieux qui veulent découvrir le phénomène de leurs propres yeux. Les musiciens font leur entrée sur une scène aux couleurs de ce dernier album, absolument magnifique, avec en guise de pied de micro une faucille pour le chanteur King Oscuro, carrément ! L'ambiance délivrée à travers chaque morceau est très obscure, mais surtout très prenante tant les musiciens du combo sont doués et mettent l'ambiance auprès de la foule.
Malgré leurs terrifiants masques et leur capes rappelant la faucheuse, le leader est très proche du public et intervient quasiment entre chaque titre, invitant le public à se défouler sur les nombreux titres délivrés durant leur set. On ne peut s'empêcher de penser à Death ou encore à Obituary en écoutant Undead Prophecies, mais les musiciens s'exécutent tellement bien et nous transportent vraiment dans leurs rites obscurs qu'on oublie instantanément tout cela, en se laissant porter par la musique. C'est après quarante minutes de pur death metal que leur prestation s'achève, pour un pari réussi malgré les conditions météorologiques. Hâte de retrouver le groupe en salle !
Wolvennest
Massey Ferguscène - 15h05
Pas de doute, le Motocultor va très très loin dans les contrastes en ce début d'après-midi, en termes de styles mais surtout d'élégance et de raffinement ! Face à Gronibard, qui joue en même temps sur la Supositor, le projet belge Wolvennest va réussir à plonger le public du chapiteau Massey dans une ambiance hypnotique, dark et atmosphérique pleine de grâce. Les thématiques lugubres évoquées par Wolvennest trouvent un écho dans la scénographie. Les candélabres, l'encens et les crânes ornant un genre d'autel sur scène participent à cette ambiance sombre.
Le sludge proposé par Wolvennest est très lourd, avec une ambiance post rock et une puissance marquée par une batterie magistrale et les riffs des trois guitaristes et d'un bassiste. Le mix est soigné, les différents instruments sont bien audibles, et l'originalité du son vient de l'apport intéressant, très seventies, de la thérémine (instrument électronique mystérieux, joué sans contact direct) et des synthés proposés par Sharon Shazzula qui interviendra également au chant sur certains titres comme "Ritual Lover".
Le public semble vite accrocher et les têtes s'agitent, les yeux se ferment. On entre facilement dans cet état oscillant entre le rêve et le malaise, avec les effets sur la voix et le bourdonnement des guitares et des synthés qui créent un rendu gothique, teinté de rock vintage psychédélique. Les applaudissements saluent longuement la prestation prenante de Wolvennest, le public profitant des dernières notes d’esthétisme et de raffinement atmosphérique proposé par le combo belge, à mille lieux du combat de boue généralisé qui se déroulait quelques dizaines de mètres plus loin.
Gronibard
Supositor Stage - 15h05
La météo s’est temporairement calmée alors que l’on rejoint le terrain devant la Supositor, désormais nettement plus proche des champs de boue ambiance Fort-Boyard / Takeshi's Castle que de la fosse qu'elle était avant les intempéries. Et ce, alors même que l’on attend encore le pire des précipitations après cette accalmie à priori de courte durée. Il y a des grosses masses de boue et des flaques un peu partout, la pente vers la scène et le passage de câble sont quant à eux devenus super glissants : terrain miné en perspective pour le concert de Gronibard qui va commencer, et on va voir que cela va en être un des éléments clés.
15h05, c'est parti. Alors que la scène du film Captain Orgazmo résonne dans les enceintes, balançant un “Moteur… et... on suce !” du meilleur goût, les gars de la bande lilloise arrivent tous déguisés sur scène. Anal Capone en bon frontman porte une perruque de plumes vertes qui le rend - littéralement - inratable sur scène, Godezilla est habillé en Blanche Neige et Albatard place le manche de sa basse entre ses deux titanesques miches gonflables. Enfin, tous déguisés ? Pas complètement. P’tite Bite utilise le corps de sa guitare comme unique cache sexe, ce qui va régulièrement lui donner l’occasion d’exhiber son (le froid n’aidant pas, en effet) petit membre. Déjà, on sent qu’on va bien s’amuser devant cette bande de potes qui transpire le bon goût.
Musicalement, c’est du grind (du porngrind pour être précis), donc le temps de se remettre de la tranche de rigolade qu’offre la découverte des costumes, plusieurs morceaux sont déjà passés ! Il faut dire aussi qu’en début de set, peu de titres sortent du lot; mais peu importe, la foule est en délire. Sur la base rythmique bien vénère qu’assènent les guitaristes, Anal Capone s’époumone en vociférant ses paroles débiles, occasionnellement aidé par Godezilla enchaînant avec sa toute petite voix sur-aigüe.
Les départs en mosh et circle pit sont nombreux et on voit à peu près tout et n'importe quoi voler au dessus des têtes : du pq, évidemment, des pénis gonflables, classique aussi, des brosses à chiottes sales, de la boue ou même des morceaux de poupées gonflables. En résumé, que du glamour ! On n’avait pas encore vu cette année le public du Motocultor aussi déchaîné, ça doit être l’effet Gronibard.
Un nouvel album arrive peut-être l’année prochain, on sait jamais. C’est avec ces mots habilement choisis que Gronibard nous a introduit "Regarde Les Hommes Sucer" (on aura droit à la partie 2 ensuite, source de pas mal de fous rires). C'est brut de décoffrage et remue encore beaucoup la fosse, qui ressemble alors franchement à une zone de guerre. Les festivaliers commencent à glisser en masse dans la fange : au moindre dérapage, ça va finir en carnage. Après “Dans Ton Cul”, Anal Capone demande au public un peu d'amour et organise pour “La Chanson des Bisous” un Wall Of Kiss, variante du wall of death torse nu où le but est de faire des câlins à l’autre partie du mur. Évidemment, ça ne s’est pas passé comme ça, les festivaliers sont partis en bataille rangée de lancer de boue. Et quand un tas de boue atterrit juste aux pieds du chanteur, celui-ci lance alors à la foule un "visez plutôt le connard derrière" (en montrant Godemichel, derrière ses fûts) !
Grave erreur, il n'en fallait pas plus pour réveiller les instincts les plus puérils du public, lançant poignées après poignées une énorme quantité de boue sur scène. La musique ? Plus aucun intérêt, tout ce qui compte maintenant c’est de tous les avoir sur la scène, quitte à flinguer au passage une bonne partie des équipements en y laissant de belles traces marron, stigmates du concert que la scène conservera jusqu’à la fin du festival. La foule a même réussi à atteindre le manche (de guitare) de Godezilla, neutralisé ainsi peu avant la fin prévue du set sur le classique “Va Faire La Vaisselle”. La bataille de boue s’est aussi partiellement mutée en bataille rangée au sein de la foule, entre les premiers rangs et ceux du milieu, et nombreux seront ceux qui en sortiront avec des coulées de boue dans les cheveux ou sur les imperméables. Votre serviteur y compris.
Quand ce fut terminé, on a d’abord eu une pensée sincère pour les bénévoles qui ont dû gérer la situation et les conséquences : pas question de mettre en retard les prochains groupes. Mais quel concert ! Il restera à n’en pas douter parmi les plus mémorables de cette édition, et même probablement de toute l’histoire du festival.
setlist (tronquée à cause de la bataille de boue) :
Intro/j'kiff le foutre
La raie de mon cul, c'est une trousse à bite
Prout de bite
Nuggets no Glory
Crème de chatte
J'te lacère les tétons à coups de brosse à dents (sale pute)
Regarde les Hommes Sucer
Undefenied
Dans ton cul
La Chanson des bisous
March of the Gronib
Je te déchire l'anus
Wouf Wouf
Sous la douche avec Miguel
Fais moi pas chier connasse
Regarde les Hommes Sucer II
Udufru (Belenos va en en Norvège)
Yatta Yatta x 4
Va faire la vaisselle
The Night Flight Orchestra
Massey Ferguscène - 18h25
Votre attention s’il vous plaît : les festivaliers à destination de “West Ruth Ave” sont priés de se présenter sous la tente de la Massey Ferguscène pour prendre place à bord du vol Night Flight Orchestra Air. Décollage prévu à 18h25. L’équipe du vol et les hôtesses de l’air vous accueilleront avec un coupe de champagne. Bon, on n'a pas eu droit à la coupe de champagne, mais autant être clair : c’était inimaginable de manquer ça. Le lendemain de leur set avec Soilwork, Björn Strid et David Andersson foulent donc à nouveau les planches du Motocultor, mais en troquant le death mélodique pour du gros hard rock années 80, avec des compos souvent à la limite du hard FM. Pour le plus grand bonheur de nos oreilles.
Le morceau éponyme du dernier album, “Sometimes The World Ain’t Enough”, se charge d’ouvrir le set avec sa ligne de synthé délicieusement kitsch et sa basse qui groove en fond pendant les couplets. On est déjà accro, surtout que le son est presque nickel : la voix et le synthé sont idéalement réglés, assez fort mais sans écraser les guitares ou la basse. Seule la batterie ne jouit pas d’un aussi bon traitement, avec son kick de grosse caisse trop sourd. Rien de gravissime ceci dit, car au moins cela dynamise l’ensemble, mais on aurait préféré qu’elle jouisse de la même qualité de traitement que le reste. Le personnel de bord enchaîne avec “Midnight Flyer” du précédent album Amber Galactic, et cette ligne de chant si puissante dans les refrains. Dans la foule, ça crie à tue-tête.
Mais le spectacle se trouve aussi sur scène, entre les poses que prennent les choristes/stewardess entre les titres, la classe incarnée par le commandant de bord Björn et son beau costume, ou encore les battles de guitare électrique à une seule main pendant les soli. On se fait bien plaisir, alors que la setlist s’allonge et continue d’enchaîner les titres épiques : “Living For The Nighttime”, “Gemini” et ses Ah-ah-aaaah, “This Time” et son intro complètement folle, sans oublier le dernier single : “Satellite”. Mention spéciale à “Something Mysterious”, qui a vraisemblablement su réveiller le lover présent en chacun de nous par ses douces mélodies et son solo larmoyant tout en retenue. Quand arrive le moment du dernier titre sur le dansant “West Ruth Ave”, Björn demande une chenille géante, que la majorité de la tente suit pour un moment assez incroyable, avant le dernier petit au revoir de la main des choristes/hôtesses de l'air.
setlist :
Sometimes The World Ain’t Enough
Midnight Flyer
Satellite
Living for the Nighttime
Gemini
Something Mysterious
1998
This Time
West Ruth Ave
Sólstafir
Dave Mustage - 19h25
Le chapiteau est plein lorsque retentissent, avec quelques minutes d'avance sur l'heure prévue, les premières notes de l'intro du set des Islandais de Sólstafir. Addi, alias Aðalbjörn Tryggvason, arrive sur scène en saluant le public avec son chapeau ; un somptueux jeu de lumières et de fumées plonge la scène dans une ambiance atmosphérique, théâtre rêvé pour l'entame lente du set avec le splendide "Ótta" où les passages atmosphériques se fondent parfaitement aux moments heavy/rock qui sonne à la fois très classique et si vintage avec le banjo de Sæþór Maríus Sæþórsson (Pjuddi) et le cri déchirant d'Addi en conclusion.
Le point fort du son de Sólstafir est évidemment la qualité des transitions entre ces moments et ambiances très marquées. Des titres à la fois très heavy et très doux, à l'image de "Köld" où les parties lentes laissent place à une explosion de puissance à la Amon Amarth, shreds, double blast et headbang à l'appui, comme si on était tenu en haleine avant de retomber dans une ligne mélodique pure et moelleuse. Le pouvoir narratif du quatuor est d'ailleurs impressionnant, grâce au chant en islandais et à l'interprétation intense et inspirée d'Addi, parfaitement accompagné dans les cris déchirants par le bassiste remplaçant Ragnar Zolberg (ex-Pain of Salvation), véritable atout du concert ce soir.
Le set gagne encore en intensité sur l'émouvant "Bláfjall" et surtout "Fjara", dont les paroles sont entonnées en choeur par une grande partie du public qui ose se lancer dans le chant en islandais ! Le charisme des musiciens, le son de qualité (que certains auraient pourtant voulu encore plus fort...) et la forte présence du frontman emportent l'adhésion et amènent logiquement cette communion intense entre Sólstafir et son public qui se terminera avec des remerciements chaleureux et l'ultime titre, "Goddess of the Ages", l'occasion pour Addi, comme à son habitude, de parcourir toute la largeur de la scène juché sur la barrière afin de distribuer des poignées de main aux premiers rangs tout en chantant "I'm dying, Here I Am", avant de remonter sur scène et de terminer ce morceau dans un crescendo rythmé et surpuissant. Une ovation méritée pour les hommes du grand Nord conclut ce set, trop court mais mémorable, à l'esthétisme unique.
setlist:
Ótta
Köld
Fjara
Bláfjall
Goddess of the Ages
Decapitated
Supositor Stage - 20h20
C'est avec une joie immense que le groupe polonais nous avait fait part de leur retour en Europe plus tôt cette année pour le Killing the European Cult Tour, qui nous a prouvé une nouvelle fois que Decapitated n'était pas là pour faire dans la dentelle. C'est donc sur la Supositor Stage que nous retrouvons le combo, avec un public largement présent devant la scène, malgré une pluie battante en ce début de soirée.
Le groupe de death arrive sur scène avec une musique assez conceptuelle, qui leur permet d'entamer le set sur "Death Is Just the Beginnning" , avec un très gros son et d'une puissance absolument dantesque. La guitare de Vogg est tout à fait impressionnante, à la fois percutante mais aussi très atmosphérique. On prend ainsi plaisir à écouter l'excellent "Kill This Cult" avec un public en folie, qui mosh dans la fosse et enchaîne les wall of death, Decapitated étant en très grande forme, comme toujours.
Les morceaux s'enchaînent et nous en mettent plein la tronche, on apprécie beaucoup la violence et le groove des morceaux en studio, et c'est un pur bonheur de retrouver toute cette énergie en live. Les Polonais nous balancent "Amen" beaucoup plus posé et lourd avant d'enchaîner sur le puissant "Spheres of Madness" qui voit la foule faire des circle pit à en perdre la tête ! Et c'est ainsi que Decapitated nous délivre son dernier morceau, "Winds of Creation" pour une ultime claque avant de se retirer de la scène sur le "Planet Caravan" de Pantera.
Dopethrone
Massey Ferguscène - 20h20
Avis aux amateurs de nuance et de douceur : l'heure est venue de faire une pause ! La raison ? Une vague d'ultra violence venue d'outre-Atlantique s'apprête à s'abattre sur la Massey Ferguscène, et comme le message rédigé par Dopethrone sur les réseaux sociaux l'annonce, ils ne sont « pas venus pour enfiler des perles mais pour vous péter la face, Tabarnak ! ». Le combo canadien propose un mélange énergique de sludge bien gras et de punk furieux, marqué par des riffs sales et surtout des thématiques tantôt noires tantôt obscènes, symboles d'une jeunesse abîmée, comme avec "Scum Fuck Blues", avec une spécialisation dans la description crue de scènes de toxicomanie ("Planet Meth", "Dark Foil"). Ce mélange détonant, qu'ils ont eux-mêmes baptisé « slutch », dégouline de rage pour le phrasé hardcore, et de lourdeur pour le bourdonnement des guitares sludge qui rappelle Electric Wizard.
Bénéficiant d'un son correct, Dopethrone envoie du très lourd qui fait mouche d'emblée. L'ensemble est finalement assez groovy sur certains titres, et le set se révèle très efficace avec les deux voix de Vince et de Julie Unfortunate qui se partagent les growls et autres hurlements. Il faut dire que le charisme et la puissance de la vocaliste (très) tatouée sont un véritable plus pour le set et le groupe, surtout quand on sait que la talentueuse screameuse, convaincante et apparemment bien intégrée dans le groupe, n'a rejoint Dopethrone qu'il y a un an. Que de violence et de coffre dans son growl, magistral !
Le combo, francophone, se révèle assez sympathique, notamment suite à un petit incident de cymbale frappée trop fort par Shawn, très très en bras ce soir, qu'il doit finir par réparer lui-même, provoquant l'hilarité de ses camarades. On revient vite à l'agression crasseuse des morceaux proposés par Dopethrone, dans ce sludge très sombre qui tape très fort et casse des dents. Côté public, bagarre et pogo sont de mise dans la fosse boueuse, certains même semblent hallucinés, dans une sorte de transe sourde comme celle de Julie qui arpente la scène entre ses parties de chant, l'air furieux. Les titres, assez courts, s'enchaînent assez rapidement, l'occasion pour Dopethrone de présenter son dernier opus, Transcanadian Anger, avec notamment l'accrocheur "Killdozer", avant de quitter la scène sous les applaudissements du public, convaincu.
mgła
Supositor Stage - 22h20
S’il a effectivement fait beau à un moment plus tôt dans la journée du samedi, lorsqu’arrive le set de mgła c’est fini depuis bien longtemps. Il fait nuit, il fait froid et il pleut. Certes lentement, sans que ce soit une averse non plus, mais la pluie est interminable et implacable, à l’instar du black sombre, malsain et old-school que s’apprêtent à venir jouer les Polonais. Age Of Excuse va sortir à peine deux semaines après le festival, on s’attend donc à en entendre ce soir. Pourtant c’est par le précédent album que le combo ouvre sa lamentation ce soir, avec “Exercises In Futility I”, son intro lente et son riff entraînant. Le groupe est déjà en train de nous attirer dans la noirceur de ses textes.
La scénographie n’est pas typée black (plutôt shoegaze, si ça a un sens), par rapport à Watain la veille et leur imagerie morbide cela n’a rien à voir. Les quatres musiciens sont habillés tout en noir et encapuchonnés, on ne distingue pas leur visage, comme des enveloppes sans âme et sans personnalité. Tout est fait pour que l’on se concentre sur les hurlements de M et que l’on se laisse abattre par ces rythmiques qui reviennent tout le temps à la charge. On repère tout de même que la batterie de Darkside est un peu surélevée par rapport au reste de la scène. Le groupe reste un bon moment dans les thèmes sombres de Exercises In Futility avec le deuxième mouvement, sa rythmique martiale si malsaine et ses riffs mémorables. Du très grand black metal.
Et puis enfin, “Age Of Excuse II”, que l’on a pu découvrir à quelques semaines du festival, enchaîné avec le troisième mouvement. C’est puissant, et certaines mélodies de guitare sur les riffs malsains sont aussi marquantes que celles auxquelles le groupe nous a habitués. À confirmer en studio bien entendu, ça devrait le faire. Quand “With Hearts Toward None VII” retentit avec son intro en enregistrement d’orage, on se dit que le set du groupe est définitivement bien placé, leur black froid et leurs riffs dissonants s’ajoutant à la pluie qui continue de s’abattre sur le public. Inlassablement.
Enfin, c’est dans un dernier retour sur Exercises In Futility, avec le riff d’origine que le groupe clôt son set. Impérial, dégoulinant de malaise et extrêmement bien exécuté. Peut-on dire que le groupe est une référence aujourd’hui ? Clairement oui. Et Age Of Excuse s'annonce très bon.
setlist :
Exercice In Futility I
Exercice In Futility IV
Exercice In Futility II
Age Of Excuse II
Age Of Excuse III
With Hearts Toward None VII
Exercises In Futility VI
Exercises In Futility V
Eyehategod
Massey Ferguscène - 22h20
Le voilà, on l'attendait, il fallait bien qu'il arrive : le concert pénible, pour lequel j'ai dû me forcer un peu à rester jusqu'au bout. Eyehategod, quintette de la Nouvelle Orléans pionnier du sludge / doom sudiste depuis les années 80, joue ce soir dans le cadre d'une vaste tournée mondiale. Dès l'apparition des musiciens sur scène, on sent que les réglages sont mauvais, on entend peu la rythmique provenant du (tout petit) drumset, beaucoup trop la basse dont la vibration crée un sentiment de malaise, quant à la voix de Mike Williams, elle se retrouve noyée dans les guitares.
Ce son mal réglé est-il volontaire ? On se le demande. D'un côté, le sludge de Eyehategod est lourd, fort, les compositions maîtrisées. De l'autre la voix et les hurlements de Mike deviennent rapidement énervants, et l'attitude des musiciens ne fait rien pour inciter le public à adhérer à ce qu'ils proposent : le bassiste fume sa clope, dos au public, quant au vocaliste, sorte de Cali sous amphét', il titube ou s'emmêle dans le fil de son micro. Les échanges avec le public oscillent entre la froideur et l'insulte. Même si le pit s'agite sur certains titres plus punk et rapides comme "Agitation ! Propaganda !", il y a de gros moments de flottements dans ce set de Eyehategod et on sent que le groupe n'est pas au point quand ils parlementent entre eux pour décider de quels titres jouer. La succession de pogos dans la fosse, de malentendus, de sifflets, et d'une ultime crise assez puérile de Mike viendront conclure de façon étrange ce concert loin d’être inoubliable.
Korpiklaani
Dave Mustage - 23h20
Faisons place à la tête d’affiche de cette soirée du samedi, qui est très attendu par un public friand de folk metal et qui n’attend qu’une chose : retourner la Dave Mustage et mettre une ambiance de folie en ce samedi soir ! C’est ainsi qu’ils peuvent compter sur Korpiklaani afin de les satisfaire, le groupe étant réputé pour leur esprit bon enfant et leur musique des plus enjoués, qui met le gros smile et donnent envie de danser et trinquer à tout va !
Les Finlandais reviennent en France après leur tournée pour la promotion du dernier album Kulkija, sorti l’an passé, qui sera bien représenté ce soir durant leur prestation. Le groupe fait ainsi son entrée sur scène, celle-ci étant en accord total avec le style folk de Korpiklaani, et enchaîne les titres, mettant de suite le public en folie. En effet, on est de suite porté par son leader Jonne Jarvela, habillé tel un Jack Sparrow avec ses dread et son chapeau, nous donnant envie de festoyer avec lui autour d’une bonne bouteille de rhum, et de la bonne musique évidemment !
Le duo violon-accordéon est vraiment très accrocheur et contribue à l’ambiance générale du groupe, qui est très appréciée par la foule, celle-ci dansant et s’ambiançant sur les nombreux titres délivrés par les Finlandais, dont notamment “A Man With A Plan” qui fonctionne à merveille. C’est ce qu’on retiendra de leur prestation : un public absolument conquis par le combo, en très grande forme ce soir, on oublie presque que le groupe a plus de vingt-cinq ans derrière les pattes, quand même ! Et pourtant, ça court partout, ça réagit avec le public, l’ambiance est à son apogée sous la tente du Dave Mustage, une vraie cour de récréation !
Korpiklaani propose de nombreux morceaux de ses anciens albums, variant entre titres très rythmés et mid-tempo, mettant aussi en valeur chacun des instruments, notamment l’accordéon et le violon qui se mettent en avant sur scène et nous envoûtent totalement. Les Finlandais achèvent leur concert avec “Beer Beer” et “Vodka”, qui vont retourner le chapiteau avant de se retirer, le public étant conquis par leur prestation, un régal auditif et surtout une énergie débordante, on en redemande encore !
Écrits : Romain, Julie et Félix
Photos: Thomas et Tiphaine sauf Wolvennest, Decapitated et mgla
Photos Wolvennest: Charlotte Bertrand
Photos Decapitated et mgla : Matthieu Lelièvre
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